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Commentaire de Vénus anadyomène de Rimbaud

Commentaire de texte : Commentaire de Vénus anadyomène de Rimbaud. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  25 Juin 2018  •  Commentaire de texte  •  912 Mots (4 Pages)  •  948 Vues

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« Vénus anadyomène », Les Cahiers de Douai, Arthur Rimbaud

Commentaire littéraire :

Le thème suggéré par le titre de ce sonnet écrit par Arthur Rimbaud en 1870, « Vénus anadyomène », évoque le mythe antique de la naissance d’Aphrodite. Mais tandis qu’elle est autre part romantisée, la vision qu’en a Rimbaud est plus muée par le dégoût que par l’admiration. Il tourne ainsi la poésie parnassienne, qu’il juge trop subjective et veut moquer, en dérision et se donne pour objectif de présenter une image dégradante de cette déesse d’habitude glorifiée.

Ainsi, en quoi ce poème de Rimbaud peut-il être considéré́ comme une parodie ?

Nous étudierons d’abord comment le poète dévalorise la figure de la femme sous tous ses aspects les plus dépréciatifs, puis comment, de par l’organisation du poème, il arrive à mettre en valeur la perspective parodique de son œuvre.

Rimbaud s’est fixé dans ce poème l’objectif de déconstruire l’image de beauté parfaite et éternelle habituellement associée à Vénus, pour la rendre laide, avilie par le temps et la maladie.

La déesse est ici présentée comme une personne grasse : les allitérations en [gr] du vers 5 « gras et gris » et en [r] du vers 7 « rondeurs des reins » évoquent fortement une apparence opulente et déplaisante, le vers 9 suggère une inélégante cellulite : « la graisse sous la peau paraît en feuilles plates ». La répétition de l’adjectif « large » (aux vers 5 et 13) renforce cette image. De plus, cette femme a un corps trapu, elle a « le dos court ». La Vénus de Rimbaud n'a donc pas les formes d'une belle femme, au lieu d’être élancée et sensuelle, elle est rabougrie, tassée sur elle-même.

Par ailleurs, alors que pour tous Vénus correspond à la beauté éternelle, elle est ici vieille, dénaturée par le temps. Tout d’abord, elle sort ruisselante d’une vieille baignoire populaire en fer-blanc plutôt que d’un coquillage immaculé (rappel du titre « anadyomène »), baignoire qui est comparée à un « cercueil ». De plus, le poète met l’accent sur les vaines tentatives de la femme pour gommer la laideur due à son âge : les « déficits », les imperfections physiques, sont « assez mal ravaudés », ses cheveux « fortement pommadés » suggèrent que la femme a recours à des artifices, qui se révèlent pourtant incapables de lutter contre la disgrâce de la femme. Ainsi, même maquillée, la Vénus de Rimbaud est très loin de la beauté naturelle, inaltérée et immuable de la Vénus classique. La vieillesse de cette femme est également mise en valeur par la synesthésie « sent un goût horrible » et son « ulcère à l’anus », chute du poème qui constitue une ultime dépréciation : elle est malade et dégage une odeur très désagréable.

Ainsi, l’image que se fait le poète de la déesse est très éloignée de la représentation traditionnelle de Vénus : tandis qu’elle possède d’ordinaire beauté pure, parfaite et éternelle, on trouve ici une femme au physique défraichi et sénescent, dégoûtant le poète par sa laideur inquiétante.

La construction et la forme elles-mêmes du poème permettent à l’auteur d’exprimer sa critique.

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