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Commentaire de 'acte 1 sène 1 de la pièce de théâtre Ubu Roi d'Alfred Jarry

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Par   •  11 Avril 2015  •  1 705 Mots (7 Pages)  •  12 942 Vues

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Alfred JARRY, Ubu Roi, I, 1

Problématique :

En quoi cette scène d’exposition à la fois comique et provocatrice à l’égard du théâtre classique est également porteuse d’une réflexion sérieuse sur le pouvoir ?

Axe 1. Une scène d’exposition provocatrice : Une parodie du théâtre classique.

1. Des indications spatio-temporelles confuses.

Dans la tragédie classique, l’action se déroule principalement dans un palais et voit s’affronter des rois et des princes partagés entre la raison d’État et la gloire personnelle, ou déchirés par les guerres. Jarry situe lui aussi Ubu roi dans le milieu de la noblesse et met en scène une volonté de puissance que rien n’arrête. Les termes « Venceslas » , « Aigle Rouge de Pologne », « Pologne » ; (L 13, 49), situent l'action dans une Pologne de fantaisie (l’Aigle Rouge est une décoration prussienne et non polonaise, Venceslas est le nom de deux rois de Bohême ayant régné en Pologne au XIV e siècle). Les indications spatio- temporelles sont donc volontairement confuses, ce qui crée un effet de décalage par rapport à une pièce classique.

2. Des personnages grotesques.

Cette scène d'exposition permet également une approche des personnages dans leur situation et leur caractère.

-Père Ubu : Le père Ubu est, au début de la pièce, officier de confiance du roi de Pologne Wenceslas. On apprend cependant qu’ayant été roi d’Aragon, il en a été expulsé par une révolte espagnole. Son caractère est celui d’un soldat violent et grossier, jurant à chaque phrase, montrant une sorte de bêtise grotesque qui le rend indifférent au bien et au mal. La reprise de « je ne comprends pas »... « je ne comprends rien » , soulignée par l'exclamation en forme de constat de Mère Ubu « Tu es si bête! » met l'accent sur sa sottise, encore renforcée par les interrogations suivantes. Ce caractère est également sensible dans sa faiblesse et ses contradictions. Sa petitesse est sensible par ses ambitions. La discordance entre « construire » et « capeline » rend compte du décalage entre ce qui pourrait être un projet royal, l'édification d'un palais, et ses préoccupations, une capeline. La fin de la scène souligne par le jeu des sonorités l'opposition entre les désirs d'Ubu et les desseins de sa femme. Les assonances en [a], les allitérations en [m] et [r] dans la comparaison « maigre et brave rat... méchant et gras chat » font ressortir la faiblesse d'Ubu, dominante malgré le qualificatif « brave », en la rapprochant des souhaits de Mère Ubu. À la fin de la scène, Ubu, « ébranlé », n’a pas encore pris sa décision. Son irrésolution (l. 33 à 38) est un autre trait caractéristique du personnage.

-Mère Ubu : C’est sur ce dernier trait que souffle principalement sa femme, la mère Ubu, qui apparaît comme une ogresse auprès de son mari. Elle lui inspire le désir du crime à travers un coup d’État qui lui apporterait richesse, puissance et virilité. Le lexique utilisé par Mère Ubu est caractérisé par les termes exprimant l'ambition et la domination. Les mots « couronne » , « trône » , « reine » évoquent le pouvoir, associé à la richesse par les mots « augmenter... richesses » , « carrosse », « te procurer ». L’emploi fréquent de la 2e personne a une fonction impressive : « vous pourriez » , « Qui t'empêche » , « À ta place ... je voudrais », « Tu pourrais ».

3. Présentation de l’intrigue : un complot.

-L’exposition d’un complot :

Les interrogations de Mère Ubu « vous estes content de votre sort ? » et « vous pourriez faire succéder... ? » suggèrent un manque que précisent les répliques suivantes. L'interrogative « Qui t'empêche de massacrer... ? » , les mots « installer sur un trône » , « Tu pourrais augmenter », « Tu pourrais...te procurer » , font référence à une prise de pouvoir possible. À partir de ces éléments, le suspense est renforcé par la réaction de Père Ubu et de Mère Ubu. La didascalie « Il s'en va » , semble refermer toute ouverture, mais les termes de la dernière réplique (« ébranlé », « peut-être... serai-je ») ouvrent de nouveau le champ des possibles ; de plus, la précision « dans huit jours » implique une urgence qui doit accélérer l'action.

-Un complot traité de façon dérisoire :

Ce thème du complot pour la prise de pouvoir, fréquent au théâtre, par exemple chez Hugo et Shakespeare, et qui définit ici la situation, est traité de façon dérisoire. En effet, la seconde partie de la scène insiste sur le caractère prosaïque des avantages de cette conquête. Les termes « augmenter... tes richesses », « manger... de l'andouille », « rouler carrosse » soulignés par le rythme ternaire et les deux adverbes intensifs « indéfiniment »... « fort souvent », évoquent des intérêts purement matériels et triviaux (la nourriture en particulier). Cette dérision est encore accentuée par l'allusion à des pièces de costume très ordinaires, soulignées par leur reprise. Les termes capeline, parapluie, caban n'ont rien à voir avec un univers

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