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Commentaire - Poème Scarron

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Par   •  2 Mai 2021  •  Commentaire de texte  •  842 Mots (4 Pages)  •  622 Vues

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Commentaire : « Vous faites voir des os » - Paul Scarron

Introduction : Paul Scarron, auteur baroque du milieu du XVIIe siècle, doit sa notoriété à son humour, à son art de la caricature et de la parodie. Ainsi, nous montrerons que le poème proposé est conçu comme une véritable parodie du lyrisme amoureux. Pour ce faire, nous verrons d’abord que Scarron reprend nombre de caractéristiques de la poésie amoureuse. Puis nous verrons comment s’effectue leur détournement parodique.

I – La reprise des caractéristiques du lyrisme amoureux

   1) Les caractéristiques d’un sonnet. Le poème est bien constitué de deux quatrains et deux tercets. La disposition des rimes et l’alexandrin sont habituels. Un autre principe du sonnet voulait que les deux quatrains et les deux tercets se différencient par leur ton ou leur thème. C’est bien le cas ici, puisque, du vers 1 au vers 8 Scarron aborde le thème des dents, alors que dans les six derniers vers l’attention est attirée sur le rire d’Hélène. Une dernière tradition est parfaitement respectée, celle qui consiste à faire du dernier vers une pointe finale : ici, il s’agit d’un retournement de sens : « Pourvu que vous creviez de rire… »

   2) Les caractéristiques de la poésie amoureuse. Le sonnet est fréquemment utilisé, à la Renaissance, dans la poésie amoureuse. Le prénom de la destinataire est d’ailleurs ici probablement un clin d’œil aux Sonnets pour Hélène de Ronsard. Comme dans la poésie amoureuse traditionnelle, le poète s’adresse directement à sa destinataire, par l’apostrophe en fin de premier vers, par le vouvoiement respectueux : « vous faites voir », « vous riez » (vers 12), ainsi que par des tournures injonctives aux vers 9, 10 et 13 (« fréquentez »…). Dans le vocabulaire, on peut aussi relever plusieurs éléments significatifs : « fidèle » (v.11), « mettre à vos pieds » (v.8), qui renvoie à l’attitude de l’amoureux rendant hommage à sa dame.

   3) Les caractéristiques du blason. Le discours, essentiellement descriptif, se focalise sur un détail du corps féminin : ici, en l’occurrence, les dents. Le champ lexical de la denture (« cariées », v.4, « gencive », v.5) confirme bien à quoi nous avons affaire. La dimension visuelle du poème est confirmée dès le début du poème avec le verbe « voir », et se prolonge avec des précisions sur les couleurs : le contraste du noir et du blanc (vers 2 et 3) ou même les connotations de rouge apportée par l’adjectif « sanglants » (v.8) 

   

II – Le détournement parodique : le portrait satirique d’une femme laide et monstrueuse

   1) Le portrait d’une femme laide. Scarron détourne l’éloge pour pratiquer au contraire le blâme. Au lieu de la blancheur d’ivoire attendue, on découvre la noirceur « de l’ébène » (v3) et la rougeur sanguinolente (v8). La laideur se confirme dans les évocations des « fragments » (v3) ou des dents cariées, tandis que les « os » du vers 1 connotent le squelette et la mort. La parodie se retrouve encore dans la mise en scène caricaturale des vers 6 à 8 : le seul souffle du personnage suffit à faire choir ses propres dents. L’hommage amoureux est ici détourné : ce sont les dents et non plus l’amant que l’on retrouve aux « pieds » de la dame.

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