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Commentaire Littéraire sur l'incipit d'un livre de Malraux

Note de Recherches : Commentaire Littéraire sur l'incipit d'un livre de Malraux. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  18 Novembre 2013  •  1 489 Mots (6 Pages)  •  782 Vues

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I Un début « in medias res »

Cette page de Malraux est restée dans l’histoire de la littérature française comme l’un des incipit les plus marquants, parce qu’il plonge d’emblée le lecteur dans une atmosphère violente et inquiétante.

1) Une scène de meurtre

Le moment de la nuit : Minuit et demi, envisagée du point de vue de l’assassin (focalisation interne), qui s’est introduit dans la chambre où dort sa victime. On ne connait que les perceptions de Tchen et l’expression elle-même relève parfois du style indirect libre, ou du discours narrativisé. On envisage donc l’action du point de vue d’un assassin décidé à tuer un homme sans défense, sans que l’on sache pourquoi ce meurtre (vocabulaire éloquent : « frapperait-il ? », « Combattre, combattre… », « cet homme devait mourir » « il le tuerait », « il devait frapper », « assassiner », « tuer », « rasoir ».

L’atmosphère générale appuie cette violence : importance des contrastes:

Luminosité : blanc et du noir : « tas de mousseline blanche », « seule lumière », « rectangle d’électricité pâle », « tache molle de la mousseline et du rectangle de lumière » (à l’inverse : « ombre », « cette nuit », « cette nuit », « la nuit »). La répétition des mêmes expressions accentue l’inquiétude.

De même, opposition entre le bruit et le silence : « quatre ou cinq klaxons grincèrent », « la vague de vacarme retomba », « le silence qui continuait à l’entourer » : représentation concrète de ce silence même.

2) Une scène de cinéma ou de roman noir

L’atmosphère générale évoque le roman ou le film noir, et la narration elle-même utilise des procédés cinématographiques. Par exemple le gros plan qu’elle suggère sur le pied de la victime, d’abord en l’évoquant à de multiples reprises : « ce pied à demi-incliné par le sommeil » (noter l’emploi du démonstratif), « au dessous du pied », « ce pied », ensuite en le présentant en pleine lumière, avec le jeu de contraste des barreaux de la fenêtre, « comme pour en accentuer le volume et la vie ». Ou même le choix des formes aigües, géométriques, qui accentuent la violence du décor : « un grand rectangle », « rectangle de lumière », « les barreaux de la fenêtre rayait le lit ».

Transition : malaise du lecteur qui se retrouve ici du côté de l’assassin, et qui finit par partager son anxiété.

II Un assassin qui tarde à agir :

1) Des interrogations pratiques qui suspendent le temps

Les difficultés de l’action : les modalités pratiques du meurtre (les deux premières questions du texte, style indirectlibre : que faire de la moustiquaire ? le choix des armes : rasoir ou poignard : avantages et inconvénients. Question du changement de mains).

La peur d’être découvert : le bruit des klaxons : noter au passage, le choix du verbe « grincer » qui évoque la discordance, quelque chose qui se détraque, et la brièveté de la phrase. A l’inverse la métaphore « la vague de vacarme retomba» avec l’allitération en v met en valeur le silence qui s’instaure à nouveau. L’alternance des phrases longues et des phrases courtes appuie le suspense.

Ces questions et ces inquiétudes à l’idée d’être découvert tendent à suspendre le temps: Affirmation « cette nuit où le temps n’existait plus» appuyée par l’alternance des imparfaits descriptifs qui interrompent l’action et des passés simples qui y reviennent, mais qui sont globalement moins nombreux (« Quatre ou cinq klaxons grincèrentà la fois », « La vague de vacarme retomba », « Il se retrouva », « Il lâcha le rasoir », « Il le fit passer dans sa main droite », « Il éleva légèrement le bras droit »). Voire même dilatation du temps par évocation de plus en plus détaillée : « il lâcha le rasoir, la gauche retombant sur la laine de son chandail et y restant collée », « il éleva légèrement ».

2) La confrontation avec la réalité du meurtre

Mise en évidence par les réactions de Tchen : « l’angoisse lui tordait l’estomac », « cette nuit écrasée d’angoisse » (noter le grandissement au moment de la reprise) + comportements physiques : « tordait l’estomac », « les paupières battantes », « la nausée », « ses mains hésitantes », « ses doigts crispés ».

Mais aussi par une réaction de paralysie : « songer avec hébétude », « fasciné par ce tas de mousseline », « il se retrouva en face », « stupéfait du silence ».

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