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Commentaire Du poème La chevelure de Charles Baudelaire

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Par   •  15 Décembre 2014  •  2 072 Mots (9 Pages)  •  5 125 Vues

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Commentaire de texte

La chevelure est un thème largement repris par les poètes. Elle est le symbole même de la femme ainsi qu'un atout de beauté majeur en poésie. C'est un thème qui parle particulièrement à Baudelaire.

Charles Baudelaire (1821-1867) est un grand poète français du XIXème siècle.Il est le précurseur du symbolisme ainsi que l'auteur des Fleurs du mal et du Spleen de Paris, recueil de poèmes en prose.

Il est l'auteur du poème « Un hémisphère dans une chevelure » publié dans Le Spleen de Paris en 1869. Ce texte est la réécriture en prose du poème versifié « La Chevelure » publié auparavant dans Les Fleurs du Mal. Ces deux poèmes ont été inspirés par Jeanne Duval, une actrice de Boulevard sensuelle avec laquelle le poète a entretenu une liaison orageuse. Cette femme était surnommée 'la Vénus noire » par Baudelaire en raison de sa peau brune. La chevelure dont il est question dans ces deux poèmes est donc celle de Jeanne Duval.

Mais en quoi ce texte est-il un poème en hommage à la femme aimée ?

Quelles sont les caractéristiques de ce poème en prose ? Comment cette célébration sensuelle de la femme fait elle voyager le poète dans un monde imaginaire et exotique ?

« Un hémisphère dans une chevelure » est la réécriture de « La chevelure » en prose.

A la place de sept strophe, on retrouve sept paragraphes de taille équivalente. Le premier et le dernier paragraphe se ressemblent. Ils commencent tous deux par la même structure syntaxique : l’impératif « Laisse-moi » est suivi d’un verbe renvoyant à un sens (l’odorat puis le goût), puis de l’adverbe « longtemps » et enfin d’un COD qui évoque la chevelure. Le même thème du souvenir apparaît également dans ces deux paragraphes. Dans le premier, il s’agit de « secouer des souvenirs dans l’air » et ensuite de les manger dans le dernier, comme si le poète souhaitait être rassasié à la fin du texte. Cette structure permet de donner un effet de cycle au poème : le premier et le dernier

paragraphes se répondent et synthétisent tout ce qui est développé dans le reste du texte. Arrivé

à la fin du poème, on peut repartir vers son début pour recommencer le voyage.

Chaque paragraphe du poème repose sur la chevelure, qui en constitue le fil directeur. Par exemple, dans les trois premiers paragraphes, on trouve l’expression « tes cheveux », développée dans le dernier par les adjectifs « élastiques et rebelles » et associée à « tes tresses lourdes et noires ». Dans les quatrième, cinquième et sixième paragraphes, Baudelaire parle de « ta chevelure ».

Ainsi, ce thème apparaît-il dans chaque paragraphe du poème.

Mais ceux-ci sont également chacun associé à un autre thème. On retrouve les sensations dans le deuxième paragraphe dans un éveil des sens. Baudelaire sent le « parfum » de la chevelure, il la voit, la touche, entend sa « musique » et s'enivre. Vient ensuite le voyage exotique, l'univers maritime, la sensualité et pour finir l'univers tropical.

On relève ensuite dans le poème plusieurs répétitions.

L’adverbe « longtemps » est redoublé à la première ligne : « laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l’odeur de tes cheveux ». Puis dans le troisième paragraphe, le verbe « contiennent » est répété. On relève également des anaphores. Les quatrième, cinquième et sixième paragraphes commence par la même structure : une préposition suivie de « dans », d'un groupe nominale puis « de ta chevelure ». Dans le sixième paragraphe particulièrement, cette structure apparaît trois fois.

Ces échos et répétitions donnent ainsi un rythme et une certaine poésie au texte. Ce poème en prose semble alors plus musical.

On retrouve d'ailleurs des effets similaires dans le rythme. Trois verbes à l’infinitif sont placés en rythme ternaire dans le premier paragraphe : « respirer », « plonger », et « agiter ». L’expression « tout ce que » apparaît dans le même rythme dans le second paragraphe, suivie d’un verbe de sensation et d’un point d’exclamation. Dans le paragraphe suivant, les trois compléments du verbe « est parfumée » sont également placés de façon ternaire : « par les

fruits, par les feuilles et par la peau humaine ». On peut faire la même observation dans le quatrième

paragraphe avec les trois compléments de l’adjectif « fourmillant » : de « chants », d’ « hommes » et de « navires » ou dans l’avant-dernier avec les trois compléments du groupe nominal « odeurs combinées » qui permettent de développer l’idée de combinaison.

Ainsi, tous ces éléments rythmiques sont-ils des caractéristiques du poème en prose et du langage poétique.

Pour finir, on peut remarquer que ce poème contient une certaine musicalité.

Les allitérations en « m » donnent une douceur au poème et laissent entendre un chant musical : «Mon âme voyage sur le parfum comme l’âme des autres hommes sur la musique »

Ce chant et cette musique sont également évoqués dans des assonances en [ã]. D'autres allitérations renforcent le son du « roulis imperceptible du port » et unissent les trois odeurs évoquées dans le troisième paragraphe. Les allitérations en « f » évoquent les mélanges et celles en « p, b » les bercements.

La douceur et l'oisiveté sont soulignées et on peut relever relever des rapprochements sonores dans la durée de cette oisiveté.

Par sa structure fluide mais organisée à laquelle s'associent des effets de rythme et de musicalité, ce texte apparaît bien comme un poème en prose. Le poète est sans cesse à la recherche d'une perfection et se met également au service d’une célébration de la femme aimée.

Il est vrai que Baudelaire célèbre ici Jeanne Duval.

Le destinataire féminin est confirmé par la métonymie de la femme à sa chevelure, et la sensations de rêverie qu'elle apporte. On sait également qu'il s'adresse directement à elle. On peut le remarquer grâce à la mise en évidence de deux personnes.

Le « je » très présent désigne le poète qui s'adresse à la femme aimée à la seconde personne du singulier. La phrase initiale du texte

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