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Commentaire De La Scène Du Pauvre dans la pièce de théâtre Dom Juan de Molière

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Par   •  17 Février 2014  •  2 887 Mots (12 Pages)  •  1 895 Vues

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Lecture analytique : la scène du pauvre

Commentaire de la scène du pauvre (III, 2), du début à « … pour l’amour de l’humanité ».

Situation : Après avoir abandonné sa femme Done Elvire, Don Juan tente d’enlever une jeune femme puis de conquérir des paysannes. Mais il est obligé de s’enfuir car il est poursuivi par « douze cavaliers » (les frères d’Elvire et leurs hommes). Sganarelle et lui ont été obligés de se déguiser : Don Juan en habit de campagne et Sganarelle en médecin. Ils ont une discussion sur la médecine, puis sur l’existence de Dieu, au cours de laquelle Don Juan a affirmé son matérialisme : « Je crois que deux et deux sont quatre et quatre, Sganarelle, et que quatre sont huit ». Cette scène avec le pauvre illustre ses conceptions.

A la fin de la discussion, Don Juan s’aperçoit qu’ils se perdus dans la forêt. Il aperçoit un pauvre qui les renseigne et Don Juan le remercie. Le pauvre lui demande l’aumône.

Ce sera l’occasion pour Don Juan d’affronter ce pauvre sur le terrain religieux. Mais dans quel but DJ se livre-t-il à un duel théologique avec un ermite, duel dont il ne peut en aucune façon tirer de la gloire ?

C’est la question à laquelle nous tenterons de répondre après avoir analysé en quoi consiste ce duel, et ce qu’il implique à un niveau religieux.

I. l’affrontement en un grand seigneur méchant homme et un homme pieux.

N.B. : le pauvre mendie non par fatalité mais par choix, il a fait « vœu de pauvreté » et dédie sa vie à la prière. C’est un ermite.[1]

A. Le pauvre énonce clairement sa condition.

→ Champ lexical de la pauvreté, destiné à apitoyer Don Juan : « Je suis un pauvre homme », « je suis dans la plus grande nécessité du monde » (hyperbole), « Je vous assure, Monsieur, que le plus souvent je n'ai pas un morceau de pain à mettre sous les dents ». Il n’oublie jamais de marquer leur différence de condition par l’emploi de « Monsieur » répété 7 fois.

Mais Don Juan n'éprouve apparemment aucune compassion, il se montre dur, cruel, agressif même : « Eh! prie-le donc qu'il te donne un habit, sans te mettre en peine des affaires des autres ! »

B. Spiritualité contre matérialisme.

_ Don Juan feint de soupçonner l’ermite d’hypocrisie et de mensonge :

→ Il traduit la demande de « secourir [le pauvre] de quelque aumône » par l’adjectif « intéressé », comme si l’on pouvait soupçonner un ermite, qui a choisi de vivre dans la pauvreté, de cupidité.

→ Par la question rhétorique « Il ne se peut donc pas que tu ne sois bien à ton aise? », Don Juan feint de le soupçonner de ne pas prier comme il le dit, ou de cacher ses richesses, comme lorsqu’il énonce sous forme de proverbe, sur le mode gnomique : « un homme qui prie le Ciel tout le jour ne peut manquer d’être bien dans ses affaires ». En réalité il veut démontrer l’inutilité de la prière (et donc l’ingratitude de Dieu s’il existe).

_ Selon Don Juan, si les ermites prient toute la journée, ils devraient obtenir une récompense matérielle : « un habit », être « bien à [s]on aise », « bien dans [s]es affaires » + « Voilà qui est étrange ». Or il sait très bien que la logique des religieux est tout autre. Mais lui-même a du mal à comprendre la foi : selon lui, le pauvre est dupe, puisqu'il donne sa vie à Dieu en échange de rien.

Ce sont des traits d’ironie de la part de Don Juan, mais aussi la preuve qu’il a du mal à se figurer qu’on puisse donner sans rien vouloir recevoir en échange. Lui ne fait que prendre, en échange de fausses promesses. Il prouve ainsi sa philosophie matérialiste, ou bien veut l’éprouver pour s’y conforter. .

C. Don Juan se montre cruel et antipathique.

_ Sa volonté de faire blasphémer un homme pieux.

Il lui demande de trahir ce qui fait sa raison de vivre.

A noter : sa volonté de faire jurer le pauvre est d'autant plus cruelle qu'à l'époque le blasphème est un acte de libertinage gravement sanctionné par la loi s'il a lieu :

→ 1ère faute : amende de 50 livres + 7 jours de prison.

→ 2ème faute : le blasphémateur est condamné au carcan et à l'incision de la lèvre inférieure.

→ 3ème faute : langue percée + amende + bannissement aux galères perpétuelles. Au-delà : peine de mort.

_ Le discours de Don Juan est humiliant pour le pauvre.

→ Le pauvre est en situation de faiblesse. Don Juan lui parle en grand seigneur (il l’appelle « mon ami », expression condescendante), et le tutoie. Il mentionne le fait qu’il n’a pas d’ « habit » (sous-entendu : décent).

→ Il se moque du pauvre qui lui promet « toutes sortes de biens » alors qu'il n'a même pas un habit décent, ce qui est humiliant pour le pauvre.

→ De plus, par ses questions, il oblige le pauvre à insister sur sa réelle pauvreté.

→ Ses remarques ironiques sont condescendantes et blessantes. Dans la scène 2 de l’acte I avec Done Elvire, il se montrait également cruel, mais l’impression que cela pouvait laisser au spectateur pouvait se trouver allégée par le jeu comique avec Sganarelle devant répondre à sa place. Ici, il apparaît blessant et cruel : jusqu’à la dernière réplique, son comportement le rend donc antipathique au spectateur.

Que veut montrer Molière avec cette dureté, cette méchanceté?

_ la tension croissante du personnage : Sganarelle vient de lui parler de Dieu, Don Juan est donc agacé qu'on lui en parle encore.

_ La difficulté de Don Juan à supporter un personnage complètement vertueux et qui n’a rien de ridicule. Sa cruauté, son

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