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Commentaire De L'incipit Du roman L'Education Sentimentale de Flaubert

Mémoire : Commentaire De L'incipit Du roman L'Education Sentimentale de Flaubert. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  28 Février 2014  •  1 009 Mots (5 Pages)  •  3 999 Vues

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Flaubert : incipit de L'Éducation sentimentale

L'Éducation sentimentale s'ouvre sur une scène apparemment typique du roman balzacien. Cependant, alors que dans le récit traditionnel nous assistons au départ du héros de la province vers Paris, lieu magique d'expansion, lieu mythique de toutes les aventures possibles, dans notre passage, Paris n'est qu'un point de départ à peine effleuré puisque Frédéric Moreau ne connaît de la capitale que le quai Saint-Bernard: toute possibilité d'aventure semble vouée à l'échec. D'autant plus qu'en fait il s'agit d'un retour et non d'un départ : le héros s'en retourne à Nogent-sur-Seine pour « languir pendant deux mois» et retrouver les difficultés financières en même temps qu'une mère qui régente sa vie. Retour vers la médiocrité, donc, Cet incipit, autant dans sa forme que dans la présentation du personnage central, fonctionne ainsi sur un mode essentiellement parodique. Il s'articule en trois mouvements : après un tableau impressionniste qui procède à la dissolution du réel (les deux premiers paragraphes), Flaubert brosse le portrait d'un antihéros (les trois paragraphes suivants) dont la conscience se laisse envahir par le monde extérieur (fin de l'extrait).

• Un tableau impressionniste ou la dissolution du réel

La première phrase, en focalisation externe, semble répondre aux lois de l'incipit traditionnel: l'époque (« le 15 septembre 1840, vers six heures du matin »), l'action (« la Ville-de-Montereau ... tourbillons ») et le lieu (le quai Saint-Bernard, à Paris) sont présentés. Seulement, il manque l'essentiel : le héros. Celui-ci ne fera son entrée que beaucoup plus loin. Auparavant, le texte se concentre sur la description des préparatifs de départ. L'effervescence se manifeste sur le plan stylistique par la succession de courtes propositions (parataxe asyndétique) qui constituent une seule phrase: la fréquence des verbes d'action, régis aussi bien par des sujets animés qu'inanimés se rassemblant dans un «on », crée un rythme haletant.

Toutefois, malgré son objectivité, le tableau est perçu à travers une sorte de brouillard : un imparfait à valeur itérative et durative, en opérant la fusion des bruits et des mouvements, produit un effet d'estompe, une impression d'irréalité; en outre, passant du quai vers le bateau, la description converge vers Frédéric: c'est son regard songeur (focalisation interne) qui dissout le réel; c'est lui qui transforme la réalité pour la conformer à son rêve de grand départ (en indiquant la véritable destination du bateau, Flaubert rappellera au lecteur qu'il ne s'agit que d'un rafiot et que, par conséquent, les termes de « matelot » et de « navire » employés par Frédéric sont totalement impropres). L'ironie de Flaubert consiste ici à mêler les points de vue du narrateur et du personnage.

• Portrait d'un antihéros

Le passage de l'imparfait au passé simple marque l'impatience d'une conscience qui se réveille et non pas un vrai démarrage de l'action. La description subjective du voyage va se substituer à l'analyse psychologique. Extrême indigence de l'imagination de Frédéric: il ne peut échapper au réel que par des clichés (« les deux berges [ ... ] filèrent

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