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Commentaire Composé du poème Ciel Brouillé de Beaudelaire

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Par   •  12 Février 2014  •  907 Mots (4 Pages)  •  10 215 Vues

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Commentaire

Ce poème de quatre quatrains d’alexandrins fut inspiré à Baudelaire par sa maîtresse, Marie Daubrun. Il fut séduit en particulier par ses yeux qui lui paraissaient mystérieux. Elle occupa dans sa vie une place difficile à cerner, car il oscilla entre la tendresse et la ferveur, l'animalité pure et l'adoration mystique. Le cycle de poèmes qu’il lui consacra est marqué par des constantes : les regards mouillés, les yeux qui reflètent un ciel pâle, une impression de climat tiède, dans la brume.

Et, en effet, ici, le poète évoque d’abord les regards, les yeux de cette femme à laquelle il s’adresse par utilisation de la deuxième personne du singulier. Puis il passe, par une véritable correspondance, dès la deuxième strophe, à une ambiance à la fois climatique et psychologique. À la troisième strophe, il passe à un paysage. Enfin, la dernière strophe mêle la «femme» et les «climats».

La description du regard de cette femme, donnée dans le premier vers, coïncide avec celle que le critique du ‘’Mercure des théâtres’’, dans son compte rendu de ‘’La nouvelle Héloïse’’ (1er octobre 1846), pièce où elle jouait, fit de Marie Daubrun : il évoqua «ses yeux à moitié éteints». De plus, aux deuxième et troisième vers, ils paraissent bien tels que le poète Théodore de Banville les célébra : prunelles pensives au vague regard, contraste du ciel obscur de leur couleur et des étincelles d’or fauve qui le traversent. Des souvenirs littéraires ont pu aussi influencer Baudelaire, car ces yeux aux reflets changeants rappellent ceux de Nyssia dans ‘’Le roi Candaule’’ de Théophile Gautier : «Ces prunelles, du saphir passaient à la turquoise, de la turquoise à l’aigue-marine, de l’aigue-marine à l’ambre jaune, et quelquefois, comme un lac limpide dont le fond serait semé de pierreries…» Baudelaire s’étend sur cet oeil : son incertitude, appuyée par la diérèse «mystéri-eux» (qu’il faut respecter pour que le vers ait ses douze pieds), ses variations constantes, sa versatilité inquiétante. Et, au dernier vers de la strophe, se dessine déjà la correspondance entre la femme et le ciel.

La deuxième strophe, établissant une correspondance entre cette femme et une atmosphère où sont atténuées la lumière, la chaleur et la visibilité («jours blancs, tièdes [autre diérèse] et voilés»), il montre son effet nocif (thème cher à Baudelaire qu’on retrouve en particulier dans ‘’Quand le ciel bas et lourd…’’) sur de faibles psychismes (il généralise aux «cœurs ensorcelés» un état qui est le sien), en proie à «un mal inconnu» dans lequel on peut voir le spleen, qui, excitant «les nerfs», submerge toute pensée. Le huitième vers trouve son commentaire dans une phrase des ‘’Nouvelles histoires extraordinaires’’ d’Edgar Poe qui en est probablement la source : «Ce terrible mode de l’existence que subissent les gens nerveux, quand les sens sont cruellement vivants et éveillés, et les facultés de l’esprit assoupies et mornes.» Déjà, dans ‘’La Fanfarlo’’, Baudelaire avait écrit : «Sa tristesse rayonnait d’espérance comme un soleil mouillé.» Peut-être devait-il cette expression à un ‘’Sonnet de Joseph Delorme’’ : «Un rayon mouillé», disait Sainte-Beuve, c’est-à-dire «un soleil dans

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