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Commentaire Composé Du poème Aube De Rimbaud

Mémoire : Commentaire Composé Du poème Aube De Rimbaud. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  22 Mai 2013  •  3 328 Mots (14 Pages)  •  2 135 Vues

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INTRODUCTION

- Contexte:Auteur du XIXe siècle, Rimbaud est connu et reconnu comme étant l'un des plus brillants poètes de sa génération. Cet immense poète affirme dans la célèbre Lettre à Paul Demeny dite Lettre du Voyant, son rejet de la « poésie subjective ». C'est également dans cette lettre qu'il expose sa propre quête de la poésie : il veut se faire « voyant », par un « long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens ». Ainsi, entre 181873 et 1876, Rimbaud écrit un recueil de 54 poèmes dans lequel figure « Aube » : Illuminations.

- Situation : L'instant magique et fugace de l'aube, pur passage de la nuit au jour, est privilégié dans l'œuvre de Rimbaud. Dans « Ornières », « l'aube d'été éveille les feuilles et les vapeurs » : cette phrase pourrait constituer l'argument (au sens théâtral) de ce récit. Une course matinale permet au poète de juxtaposer des décors saisis dans la lumière montante. Mais les détails étranges du paysage esquissé alertent le lecteur comme autant d'indices ; la proximité de milieux incompatibles que seules relient la promenade et l'écriture du Je incite à chercher une signification symbolique à cette quête échevelée.

- Problématique: En quoi cette lettre est-elle le reflet des idées de l'Humanisme ?

- Plan: I. Le récit d'une course matinale

II. Une initiation érotique

III. L'allégorie d'une quête poétique

I. LE RECIT D'UNE COURSE MATINALE

« Aube » juxtapose en cinq paragraphes successifs les éléments d'un récit minimal ; ce récit est encadré par deux « octosyllabes » symétriques, incipit et épilogue du récit. Deux séquences de huit syllabes qu'on a tendance à mettre en parallèle à cause de leur disposition mais que l'accentuation rythme différemment: harmonie et équilibre pour la première (4 + 4) avec des [e] qui scandent la seconde moitié de la phrase; perturbation et choc à la fin de la dernière : «Au réveil» : 3, «Il était midi» : 5 – Et l'on reste sur ce grincement du [i]. Des indices narratifs permettent de le situer dans l'espace et le temps. Ce dernier se marque plus discrètement que les lieux qui dominent largement ces «indications scéniques» : «encore», «aube», «été», «la première entreprise», «alors», «réveil», «midi», et sur tout l'emploi des temps verbaux du passé inscrivent l'action dans une chronologie, du point par jour à midi, chronologie rythmée par des coups d'éclat, des moments décisifs au passé simple sur fond descriptif, dans la durée indéterminée de l'imparfait. Ainsi, quand le rire éclate et provoque, à l'unisson, l'aspersion ou la dispersion aérienne de la cascade (ne dit-on pas d'ailleurs d'un rire perlé qu'il est «en cascade» ?): « Je ris au wasserfall blond qui s'échevela à travers les sapins [...] »

Le récit passe en des lieux successifs, dessinant un parcours: de la ville (le «front des palais») jusqu'au «bas du bois» de lauriers, en traversant un bois, la route du bois, avec ses camps d'ombres, qui s'amenuise en sentier. On monte vers une cascade entre les sapins puis on va vers une nature plus policée : «dans l'allée», «par la plaine», avant d'arriver à la grand'ville (clocher, dômes, quais de marbre), et sans même s'y arrêter, on repart en courant jusqu'au vois de lauriers. Plus on avance dans le texte, plus le décor a d'importance, les lieux précédent l'action et, dans la cinquième partie du poème, les compléments circonstanciels du lieu, placés systématiquement en tête de phrase, de construction identique, instaurent une régularité prosodique incantatoire. Le texte insiste sur le passage et le mouvement par ces compléments qui forment dans la phrase des repères fixes devant lesquels les éléments successifs du paysage s'organisent en tableaux stylisés, vite vus, vite dépassés, espace hétérogènes dont la contiguïté est étrange.

Si tout récit suppose une situation initiale insatisfaisante, déséquilibrée, qu'un personnage tente de faire favorablement évoluer, ce poème en prose est bien fondé sur un schéma narratif. Au départ étaient la mort et l'immortalité, alors le Je survient et se mit au travail: «J'ai marché, réveillant»; le «et» répété participe d'un effet de rythme mimant la marche et suggère une conséquence immédiate et magique; le sujet jalonne son parcours d'exploits jusqu'à l'accomplissement de la Prouesse («je l'ai entourée avec ses voiles amassés») annoncée d'ailleurs dès l'incipit. Puis la chute referme la parenthèse narrative; la première phrase désamorçait tout suspens; elle enchâsse la narration dans la perspective qui est celle du sujet au moment de l'écriture, et qui anticipe sur l'issue de l'action. Celle-ci est d'abord mise en mouvement; au départ, ce mouvement est à la fois posé et nié : «Rien ne bougeait», mais «encore» vient en même temps suggérer l'imminence du mouvement, «l'eau était mort», «ne quittaient pas» (et le «pas» sous l'accent constitue une sorte de syncope dans la prosodie de la phrase); puis le Je se met en route, animant de sa magie personnelle le décor enchanté. Précisons que le texte anticipe l'entrée en lice de l'éveilleur, mettant en mouvement la dernière dénégation de mouvement par un rythme progressif : 3/4/5 : «Les camps d'om/bres ne quittaient pas/la route du bois/». Le schéma rythmique de «Rien ne bougeait encore au front des palais» suggère lui aussi une lente apoptose suspendue par la pause après le O de «encore», voyelle ouverte; la protase légèrement plus courte (6/5) produit l'effet d'un chute, d'un rupture d'élan : la phrase est assujettie à un rythme (par découpage accentuel)qui en sait plus long que le récit...

A partir de la révélation : «je reconnus» située juste à la mi-temps du texte, la promenade heureuse dans le paysage du petit matin se transforme en course poursuite. L'accélération s'empare du cinquième paragraphe, les phrases se font plus courtes, les verbes conjugués, ou au gérondif et participe présent, multiplient les actions jusqu'à l'apothéose de l'avant-dernier paragraphe, sanctionnée par une chute brutale. Après la poursuite sur deux axes horizontaux parallèles, on arrive à un acmé («en haut») pour être aussitôt précipité au plus bas.

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