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Biographie De Marivaux

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Par   •  23 Juin 2012  •  2 814 Mots (12 Pages)  •  1 366 Vues

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VIE DE MARIVAUX.

La vie de Marivaux est à cheval sur trois époques : la fin du règne de Louis XIV (1661-1715), époque d'austérité et de ruine économique, l'interrègne du Régent Philippe d'Orléans (1715-1723), témoin de grands bouleversements dans les moeurs, l'économie et la pensée, et le début du règne de Louis XV (1723-1774), qui correspond à l'« Âge des Lumières ».

Sur ce fond d'évolution rapide, la vie de Marivaux est exempte de grands événements, et se confond avec sa production littéraire et sa fréquentation des milieux théâtraux et mondains.

S'il est né à Paris en 1688, Pierre Carlet vécut son enfance à Riom, petite ville d'Auvergne où son père était contrôleur de la Monnaie, ce qui le situe dans la moyenne bourgeoisie, ou la petite noblesse (on ne sait d'où vient son nom de Marivaux).

Attentif au spectacle de la rue, il est sensible aux inégalités et à la diversité des conditions sociales. Après de solides études chez les Oratoriens, plus tournés vers la modernité que les jésuites, il fait des études de droit à Paris, sans les achever. Il consacre surtout son temps à écrire ses premiers essais littéraires, une comédie en vers, Le Père prudent et équitable, écrite à Limoges dès 1706, et des romans, Pharsamon ou les Folies romanesques, Les Effets surprenants de la sympathie et La Voiture embourbée (1712-1714). Il fréquente dès cette époque le salon de la marquise de Lambert, se lie d'amitié avec Fontenelle et Lamotte, et, en 1715, prend avec eux le parti des Modernes dans la seconde Querelle des Anciens et des Modernes.

En 1717, après quelques aventures dans le monde du théâtre, il épouse Colombe Bologne, qui a cinq ans de plus que lui, et lui apporte une dot de 40 000 livres, qu'il place chez le fameux banquier Law. Une fille unique, Colombe-Prospère, naît en 1720.

Son succès théâtral commence avec Arlequin poli par l'amour, qui connaît douze représentations chez les Comédiens-Italiens. La troupe est dirigée par Luigi Riccoboni et sa vedette féminine est la fameuse Silvia (Gianetta Rosa Benozzi), créatrice de nombreux rôles de son théâtre, en particulier de celui d'Araminte des Fausses Confidences.

En 1720, la banqueroute de Law ruine Marivaux, qui est obligé de reprendre ses études de droit, couronnées par le titre d'avocat au Parlement. Mais Marivaux vivra exclusivement de sa plume, donnant alternativement ses pièces annuelles à la Comédie-Française et aux Comédiens-Italiens, avec souvent grand succès, et parallèlement menant carrière de journaliste à la mode anglaise, en rédigeant suc¬cessivement Le Spectateur français, L'Indigent philosophe et Le Cabinet du philosophe, et en donnant deux romans célèbres, inachevés tous deux, La Vie de Marianne (1731-1741) et Le Paysan parvenu (1735).

Malheureusement il perd sa femme en 1723, et longtemps inconsolable, il ne se remariera pas. Il se contentera de deux relations privilégiées, l'une avec Silvia, son interprète favorite, relation d'ailleurs platonique, et l'autre avec mademoiselle de Saint-Jean, chez qui il ira habiter rue Saint-Honoré à partir de 1744, « objet d'attachement qui, sans avoir la vivacité de l'amour, remplit ses dernières années de douceur et de paix. » (D'Alembert, Éloge de Marivaux).

Son temps libre est surtout occupé à fréquenter les salons litté¬raires de l'époque : madame de Lambert jusqu'en 1733, madame de Tencin, grâce à qui il sera élu à l'Académie française en 1742 (de pré¬férence à Voltaire, et malgré les réticences de certains critiques, qui trouvent sa langue trop subtile), madame du Deffand à partir de 1730, enfin, en 1745, madame Geoffrin, qui réunit rue Saint-honoré l'élite intellectuelle et sociale de son temps.

Les vingt dernières années de Marivaux sont moins fécondes. En 1745, sa fille entre au couvent, séparation douloureuse pour lui, malgré ses sentiments chrétiens. Généreux et dépensier pour sa toilette, il a des problèmes financiers. Il fait quelques lectures à l'Académie sur des sujets littéraires et historiques, écrit quelques comédies de circons¬tances, et s'éteint en 1763 chez mademoiselle de Saint-Jean, en léguant ses biens à sa bienfaitrice et aux pauvres.

Par le portrait de Van Loo (à la Comédie-Française), on connaît la physionomie ouverte de Marivaux : visage ovale, front large, regard intelligent et sensuel, sourire un peu désabusé ; sa toilette est impec¬cable de raffinement et d'élégance (« curieux en linge et en habit », selon Collé).

Ces caractéristiques physiques se retrouvent dans sa person¬nalité : sa bonté naturelle, exempte de raillerie, s'associe avec le goût de l'indépendance et une certaine susceptibilité. Aussi avait-il un petit nombre d'amis, et beaucoup d'envieux, qui essayèrent maintes fois de faire chuter ses comédies. Il explique lui-même ainsi son caractère : « L'honnête homme est presque toujours triste, presque toujours sans biens, presque toujours humilié ; il n’a point d'amis, parce que son amitié n'est bonne à rien ; on dit de lui : c'est un honnête homme ; mais ceux qui le disent le fuient, le dédaignent, le méprisent, rougissent même de se trouver avec lui, et pourquoi ? c'est qu'il est estimable. » (Le Spectateur français)

Indolent, dédaigneux de faire sa cour à ceux qui auraient pu lui être utiles, il revendique ainsi sa nonchalance : « Oui, mon cher ami, je suis paresseux, et je jouis de ce bien-là en dépit de la fortune qui n'a pu me l'enlever. » Ce qui paraît étrange pour un écrivain qui a tant produit ! Mais il est vrai qu'il ajoute : « Ah ! sainte paresse ! salutaire indolence, si vous étiez restées mes gouvernantes, je n'aurais pas vraisemblablement écrit tant de néants plus ou moins spirituels ; mais j'aurais eu plus de jours heureux. » (Cité par D'Alembert dans son Éloge de Marivaux).

Peut-on retrouver à travers son oeuvre des traits biogra¬phiques ? On notera que si les pères y sont tous « prudents et équi-tables » (titre d'une de ses comédies), les mères y sont souvent autori¬taires et acariâtres, comme madame Argante. A propos du mariage, il remarque qu’ « à l'égard du coeur, on ne peut se le promettre pour tou¬jours », et que le devoir des époux « est de se comporter en amants, mais [qu’] ils ne sont pas toujours obligés de l'être. » Mais Marivaux parle peu du mariage : celui-ci « est le couronnement d'un amour, ou la conclusion d'une affaire » (Paul Gazagne) ; et l'écrivain n'évoque jamais l'adultère

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