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Bac Blanc français, première S Argumentation: Seul ou au milieu des autres ?

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Par   •  28 Avril 2013  •  1 715 Mots (7 Pages)  •  1 685 Vues

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Français, Première S – ES

Bac blanc 1

Lundi 7 janvier 2013

Durée de l’épreuve : 4 heures

Objet d’étude : La question de l’Homme dans les genres de l’argumentation du XVIe à nos jours

CORPUS

« Seul ou au milieu des autres ? »

1-Pascal, Pensées, VII, « Divertissement, (1670)

2-Diderot et d’Alembert, Encyclopédie, article «Société » (1665-1772)

3-Baudelaire, Petits poèmes en prose, « La solitude» (1869)

4-Titarenko, City of Shadows, (1992-1994)

Texte 1 – Pensées VII, Pascal, « Divertissement » (1670)

« Quand je m'y suis mis quelquefois à considérer les diverses agitations des hommes, et les périls, et les peines où ils s'exposent dans la Cour, dans la guerre d'où naissent tant de querelles, de passions, d'entreprises hardies et souvent mauvaises, etc., j'ai dit souvent que tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. Un homme qui a assez de bien pour vivre, s'il savait demeurer chez soi avec plaisir n'en sortirait pas pour aller sur la mer ou au siège d'une place; on n'achèterait une charge à l'armée si cher que parce qu'on trouverait insupportable de ne bouger de la ville et on ne recherche les conversations et les divertissements des jeux que parce qu'on ne demeure chez soi avec plaisir.

Mais quand j'ai pensé de plus près et qu'après avoir trouvé la cause de tous nos malheurs j'ai voulu en découvrir les raisons, j'ai trouvé qu'il y en a une bien effective qui consiste dans le malheur naturel de notre condition faible et mortelle et si misérable que rien ne peut nous consoler lorsque nous y pensons de près.

Quelque condition qu'on se figure, si l'on assemble tous les biens qui peuvent nous appartenir, la royauté est le plus beau poste du monde et cependant, qu'on s'en imagine, accompagné de toutes les satisfactions qui peuvent le toucher, s'il est sans divertissement et qu'on le laisse considérer et faire réflexion sur ce qu'il est - cette félicité languissante ne le soutiendra point - il tombera par nécessité dans les vues qui le menacent, des révoltes qui peuvent arriver et enfin de la mort et des maladies qui sont inévitables, de sorte que, s'il est sans ce qu'on appelle divertissement, le voilà malheureux, et plus malheureux que le moindre de ses sujets qui joue et qui se divertit.

De là vient que le jeu et la conversation des femmes, la guerre, les grands emplois sont si recherchés. Ce n'est pas qu'il y ait en effet du bonheur, ni qu'on s'imagine que la vraie béatitude soit d'avoir l'argent qu'on peut gagner au jeu, ou dans le lièvre qu'on court; on n'en voudrait pas s'il était offert. Ce n'est pas cet usage mol et paisible et qui nous laisse penser à notre malheureuse condition qu'on recherche, ni les dangers de la guerre, ni peine des emplois, mais c'est le tracas qui nous détourne d'y penser et nous divertit. […]

Voilà tout ce que les hommes ont pu inventer pour se rendre heureux et ceux qui font sur cela les philosophes et qui croient que le monde est bien peu raisonnable de passer tout le jour à courir après un lièvre qu'ils ne voudraient pas avoir acheté, ne connaissent guère notre nature. Ce lièvre ne nous garantirait pas de la vue de la mort. […] »

Texte 2 – Encyclopédie, Article « Société », Diderot et d’Alembert, (1765-1772)

« SOCIÉTÉ, s. f. (Morale.)

Les hommes sont faits pour vivre en société; si l'intention de Dieu eût été que chaque homme vêcut seul, & séparé des autres, il auroit donné à chacun d'eux des qualités propres & suffisantes pour ce genre de vie solitaire; s'il n'a pas suivi cette route, c'est apparemment parce qu'il a voulu que les liens du sang & de la naissance commençassent à former entre les hommes cette union plus étendue qu'il vouloit établir entr'eux; la plûpart des facultés de l'homme, ses inclinations naturelles, sa foiblesse, ses besoins, sont autant de preuves certaines de cette intention du Créateur. Telle est en effet la nature & la constitution de l'homme, que hors de la société, il ne sauroit ni conserver sa vie, ni développer & perfectionner ses facultés & ses talens, ni se procurer un vrai & solide bonheur. Que deviendroit, je vous prie, un enfant, si une main bienfaisante & secourable ne pourvoyoit à ses besoins? Il faut qu'il périsse si personne ne prend soin de lui; & cet état de foiblesse & d'indigence, demande même des secours long - tems continués; suivez - le dans sa jeunesse, vous n'y trouverez que grossiereté, qu'ignorance, qu'idées confuses; vous ne verrez en lui, s'il est abandonné à lui même, qu'un animal sauvage, & peut - être féroce; ignorant toutes les commodités de la vie, plongé dans l'oisiveté, en proie à l'ennui & aux soucis dévorans. Parvient - on à la vieillesse, c'est un retour d'infirmités, qui nous rendent presque aussi dépendans des autres, que nous l'étions dans l'enfance imbécille; cette dépendance se fait encore plus sentir dans les accidens & dans les maladies; c'est ce que dépeignoit fort bien Séneque,

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