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BTS Formation: le statut social du rire

Lettre type : BTS Formation: le statut social du rire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  19 Mars 2014  •  Lettre type  •  10 163 Mots (41 Pages)  •  1 289 Vues

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Entraînement BTS… Culture Générale… Le rire : un phénomène social

Je vous propose dans cet entraînement un sujet inédit qui porte sur le statut social du rire. Plus qu'un phénomène physiologique et réflexe, le rire en effet occupe une fonction sociale majeure dans l'appréhension de l'interculturel. Pourquoi rit-on ? Selon Rabelais (document 1), "rire est le propre de l'homme". Ainsi le rire est-il intimement lié au fonctionnement de la société. Laurence Consalvi (document 4) montre bien que le rire par exemple ouvre un espace socialisant de rencontres et d'échanges.

Quant au philosophe Henri Bergson (document 2), son essai très célèbre sur le rire appelle une remarque fondamentale : en participant à une identité collective, le rire façonne la vie sociale, il est donc inhérent à toute relation sociale. Le rôle du rire est à ce titre essentiel dans la diffusion des connaissances et des valeurs. En tant que facteur d'intégration ou d'exclusion, le rire fonde ainsi une véritable théorie sociale. En répondant à plusieurs exigences de la vie en commun, il aurait conséquemment une portée sociale régulatrice.

Mais le rire exerce également une fonction critique et politique majeure qui peut se faire l'instrument d'un véritable contre-pouvoir. En contestant l'ordre établi, la tyrannie et l'exploitation, un personnage bouffon comme Charlot (cf. l'affiche du Dictateur : document 3) amène en effet à s'interroger sur le rôle du comique. En fustigeant les puissants, il révèle le peuple à lui-même en l'amenant à prendre conscience. Comme vous le voyez, l'enjeu de ce corpus est très riche puisqu'il permet d'appréhender le rire comme un jeu inhérent au phénomène politique et social.

Niveau de difficulté : ** (* accessible ; ** moyennement difficile ; *** difficile)

Corpus

• Document 1, François Rabelais, Gargantua, "Prologue", 1534

• Document 2, Henri Bergson, Le Rire. Essai sur la signification du comique, 1924

• Document 3, affiche du film Le Dictateur (Charlie Chaplin), 1940

• Document 4 , Laurence Consalvi, "Des écla... boussures de rire", article paru dans Deux mille ans de rire, permanence et modernité (collectif), Presses Universitaires Franc-Comtoises/Les Belles Lettres, Paris 2002

• OU Marcel PAGNOL : Le Schpountz (1938).

Consignes

• Première partie (synthèse) : Vous ferez une synthèse concise, objective et ordonnée en confrontant les documents du corpus.

• Deuxième partie (écriture personnelle) : Selon vous, faut-il prendre le rire au sérieux ?

• Document 1, François Rabelais, Gargantua, avertissement liminaire et Prologue, 1534

Aux lecteurs

Amis lecteurs qui lisez ce livre,

Dépouillez-vous de tout tourment;

Et, le lisant, ne soyez pas scandalisés ;

Il ne contient ni mal ni infection.

Il est vrai qu'ici vous apprendrez

Peu de perfection, sinon en matière de rire;

Mon cœur ne peut élire d'autre argument,

Voyant la douleur qui vous mine et vous consume.

Mieux vaut traiter du rire que des larmes,

Parce que rire est le propre de l'homme.

Prologue

Buveurs très illustres, et vous Vérolés très précieux (c'est à vous, à personne d'autre que sont dédiés mes écrits), dans le dialogue de Platon intitulé Le Banquet, Alcibiade faisant l'éloge de son précepteur Socrate, sans conteste prince des philosophes, le déclare, entre autres propos, semblable aux Silènes. Les Silènes étaient jadis de petites boîtes comme on en voit à présent dans les boutiques des apothicaires ; au-dessus étaient peintes des figures amusantes et frivoles : harpies, satyres, oisons bridés, lièvres cornus, canes bâtées, boucs volants, cerfs attelés et autres semblables figures imaginaires, arbitrairement inventées pour inciter les gens à rire, à l'instar de Silène, maître du bon Bacchus. Mais à l'intérieur, on conservait les fines drogues comme le baume, l'ambre gris, l'amome, le musc, la civette, les pierreries et autres produits de grande valeur. Alcibiade disait que tel était Socrate, parce que, ne voyant que son physique et le jugeant sur son aspect extérieur, vous n'en auriez pas donné une pelure d'oignon tant il était laid de corps et ridicule en son maintien : le nez pointu, le regard d'un taureau, le visage d'un fol, ingénu dans ses mœurs, rustique en son vêtement, infortuné au regard de l'argent, malheureux en amour, inapte à tous les offices de la vie publique ; toujours riant, toujours prêt à trinquer avec chacun, toujours se moquant, toujours dissimulant son divin savoir. Mais en ouvrant une telle boîte, vous auriez trouvé au-dedans un céleste et inappréciable ingrédient : une intelligence plus qu'humaine, une force d'âme prodigieuse, un invincible courage, une sobriété sans égale, une incontestable sérénité, une parfaite fermeté, un incroyable détachement envers tout ce pour quoi les humains s'appliquent tant à veiller, courir, travailler, naviguer et guerroyer.

A quoi tend, à votre avis, ce prélude et coup d'essai ? C'est que vous, mes bons disciples, et quelques autres fous oisifs, en lisant les joyeux titres de quelques livres de notre invention, comme Gargantua, Pantagruel, Fesse pinte, La Dignité des braguettes, Des pois au lard avec commentaire, etc., vous pensez trop facilement qu'on n'y traite que de moqueries, folâtreries et joyeux mensonges, puisque l'enseigne extérieure (c'est le titre) est sans chercher plus loin, habituellement reçue comme moquerie et plaisanterie. Mais il ne faut pas considérer si légèrement les œuvres des hommes. Car vous-mêmes vous dites que l'habit ne fait pas le moine, et tel est vêtu d'un froc qui au-dedans n'est rien moins que moine, et tel est vêtu d'une cape espagnole qui, dans son courage, n'a rien à voir avec

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