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Atala, Les Funérailles

Commentaire de texte : Atala, Les Funérailles. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  16 Décembre 2017  •  Commentaire de texte  •  4 531 Mots (19 Pages)  •  3 987 Vues

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Littérature comparée :

Commentaire composé « Les Funérailles », d’Atala :

                                   

      François René, vicomte de Chateaubriand, né en 1768 et mort en 1848, est l’un des précurseurs du romantisme en France. Son goût pour l’exotisme et ses nombreux voyages, la richesse de ses descriptions de la nature et son habileté à exprimer les tourments de l’âme humaine l’ont érigé en modèle pour de nombreux auteurs. Non seulement élu à l’Académie française (1811), il fut aussi ambassadeur et exerça diverses responsabilités ministérielles sous plusieurs gouvernements, n’hésitant pas à exprimer ses désaccords politiques. Paru en 1801, « Atala » est une de ses œuvres majeures. Il y narre le récit qu’un vieil Indien aveugle, Chactas, fait de sa vie à René. René étant un jeune français qui souhaite vivre au milieu des indiens. Chactas lui raconte sa rencontre avec Atala, puis les souffrances qu’il a endurées à la mort de cette dernière. Dans « René », ouvrage paru l’année suivante (1802) et qui répond au premier, ce sera au tour du jeune homme de raconter ses malheurs à Chactas. « Atala » est divisé en 6 parties. Dans le prologue, Chactas pose le décor, les rives du Meschacebé (ancien nom du Mississippi). Dans Les Chasseurs, il conte sa capture par une tribu ennemie et sa rencontre avec Atala. Dans Les Laboureurs, il rencontre le père Aubry, un missionnaire. Le Drame, lui, décrit le suicide d’Atala et Les Funérailles, son enterrement. L’épilogue, enfin, relate la destinée du père Aubry, tué par des Indiens. Dans l’extrait étudié des « Funérailles », Chateaubriand met en scène des héros tourmentés qui mettent en avant leur intériorité, et plus particulièrement les sentiments éprouvés par Chactas à la mort de sa bien-aimée. Nous pouvons, en effet, lire le chagrin causé par le décès d’Atala et les détails de son enterrement en pleine nature. Ainsi, dans quelle(s) mesure(s) peut-on dire que cet extrait représente un véritable moment de partage ? Pour répondre à cette question, il faudra dans un premier temps s’intéresser au partage sentimental, puis à la dimension spirituelle de ce partage, pour dans un troisième temps étudier le partage conceptuel.

  1. Le partage sentimental :
  1. La souffrance du narrateur

Chactas, en relatant à René son histoire d’amour avortée, se place à la fois comme personnage et comme narrateur. René, ici simple auditeur, n’intervient à aucun moment du récit. Il reste dans un silence, un silence presque monastique d’ailleurs. Le silence monastique étant une pratique spirituelle préconisée par la quasi-totalité des traditions religieuses pour faciliter une approche de la divinité ou pour atteindre des niveaux élevés de pureté spirituelle. Le temps de ce récit, c’est Chactas, tel un prêtre dirigeant la messe, qui conduit son histoire. D’ailleurs, l’extrait est imprégné d’une tonalité lyrique : le narrateur met en avant son « moi » profond en exprimant ses sentiments intimes, sa sensibilité. Cette tonalité crée entre l’auteur et le lecteur le même état d’âme. Elle évoque, de façon exaltée, des sentiments intimes communs à tous les hommes. L’enterrement d’Atala est d’ailleurs pleinement partagé avec le lecteur, qui, à travers l’écriture, est convié à ce triste évènement, et peut même en ressentir toute la souffrance. Ce lyrisme est notamment exprimé au travers des sentiments exacerbés de Chactas. Les funérailles d’Atala provoquent, en effet, la souffrance de ce dernier, comme le prouve le champ sémantique de la douleur, très présent dans l’extrait : il parle de son « âme troublée » (p.137), évoque ses « malheurs » (p.140), son « désespoir » (p.136), ses « peines » (p.137), sa « douleur » (p.140), etc. Notons que les funérailles engendrent aussi la souffrance, plus discrète, mais bien présente, du prêtre. Comme le raconte Chactas, celui-ci va en effet prier pendant la nuit sur le tombeau d’Atala et pleure également. Mais la souffrance de Chactas s’exprime aussi physiquement, à travers ses « pleurs » (p.141), ses « larmes » (p.136) et son « silence effroyable » (p.140). Le jeune Indien ne peut contenir son émotion. De la même manière, la présence du pronom personnel de la 1ère personne du singulier (le « je »), comme par exemple à la page 139, mais aussi de la 2ème personne du singulier (le « tu ») à la page 142, souligne bien toute la douleur du narrateur-personnage. D’ailleurs, la redondance de l’interjection « ô » (p.136,137,139, 141), traduisant l’émotion, et les nombreuses formules exclamatives révèlent non seulement l’émotion du narrateur, mais aussi son incompréhension face à la mort de sa bien-aimée. On y perçoit alors l’injustice éprouvée par le personnage. Outre la douleur et le sentiment d’injustice, la mélancolie est aussi très présente. Chactas l’associe notamment à la lune, ce qui renforce encore la tonalité lyrique du texte. Effectivement, puisque la lune est en premier lieu la lumière de la nuit dans le ciel. Elle illumine la lettre les nuits de pleine lune et replonge cette dernière dans le mystère de l’obscurité jusqu’à la nouvelle lune. Ce phénomène de constante apparition, croissance et disparition de la lune symbolise la vie, la mort, puis la renaissance avec l’apparition de la nouvelle lune. Par ailleurs, dans les regrets qu’éprouve le personnage, la répétition de la page 136 « que de fois », en début de phrase, traduit également une pensée nostalgique, mélancolique. Chactas établit aussi une distance entre le jeune Chactas et le Chactas conteur, qui est alors « un vieux cerf blanchi par les hivers » (p.141) et qui a accompli son travail de deuil. L’Indien, sous la plume de Chateaubriand, fait donc le lien entre passé et présent, reprenant ainsi plusieurs thèmes du romantisme tels que les saisons qui dépeignent les sentiments humains, le temps qui passe…etc. Par ailleurs, la sentimentalité est aussi exprimée à travers la synesthésie. D’une part, la vue est explicitée à la page 140 à travers la phrase « Je n’ai rien vu de plus céleste », l’odorat ensuite avec la phrase « Il parfumait la nuit des baumes du ciel » (p.137), les « roucoulements » (p.139), eux, ainsi que la phrase « entendre dans les Bocages » (p.137) rappellent l’ouïe et l’expression « creusant avec leurs mains » (p.140) le toucher. En effet, cette association spontanée de modalités sensorielles différentes permet de rendre compte d’une sensibilité certaine. Enfin, nous pouvons lire à la page 140 une alternance d’assonances en voyelles aigues, en « i » et en « é » particulièrement. En effet, nous pouvons lire : « Quand notre ouvrage fut achevé, nous transportâmes la beauté dans son lit d’argile. Hélas, j’avais espéré de préparer une autre couche pour elle ! […] et gardant un silence effroyable, j’attachai, pour la dernière fois, mes yeux sur le visage d’Atala. Ensuite je répandis la terre du sommeil sur un front de dix-huit printemps ; je vis graduellement disparaître les traits de ma sœur, et ses grâces se cacher sous le rideau de l’éternité ; son sein surmonta quelque temps le sol noirci, comme un lis blanc s’élève du milieu d’une sombre argile […] » Ces voyelles aigues répétées conviennent bien à exprimer la douleur. Nous pouvons même presque entendre le souffle entrecoupant les pleurs de Chactas.

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