« Art » de Yasmina Reza

Cet extrait est issu de la pièce « Art » de Yasmina Reza, créer en 1994 qui retrace le parcours de 3 amis de longue date et de leur dispute au sujet de l’achat d’un tableau par l’un d’entre eux. Le passage en question se situe pratiquement au centre de la pièce et peut marquer un tourant dans le cours de cette relation. Les trois amis sont réunis et sont lancé dans une discussion qui va virer au conflit et au cours duquel vont s’opposer des conceptions de l’amitié divergente. Dans un premier temps, nous verrons que derrière une apparence de discussion amicale, c’est en fait une dispute qui révèle entre eux des rapports de force et de domination. Puis nous nous interrogerons sur ce que dévoile ce moment de la situation de chacun en termes d’amitié.

1)Cet extrait montre comment une simple discussion entre amis se transforme en véritable dispute.

1)-discussion : en apparence, les 3 personnages se lancent dans une discussion innocente tel qu'on peut l'avoir entre amis.

La conversation porte sur la couleur du tableau : Le tableau est-il blanc ?

Au centre des questions posé c'est Yvan qui est interrogé, d'abord par Serge puis par Marc sur ce qu'il voit (quel couleur ?), puis sur ce qu'il ressent, ses émotions devant le tableau : « Et tu vois quoi comme couleur ? », « Et tu es ému par ces couleurs. »

Mais cette conversation en apparence innocente se transforme en véritable dispute entre les trois hommes.

2)Alors que jusqu’à maintenant, les trois amis s’exprimaient dans un langage neutre, Marc coupe brutalement la parole à Yvan et sa réplique met un terme au calme apparent.

Il adresse à Yvan des propos péjoratif voir insultant particulièrement blessant : « tu n’as pas de consistance », « être hybride et flasque », « petit courtisan », « servile », « bluffé ».

Le ton monte entre les personnages qui enchaine les phrases courtes qui se répondent de façon brutale produisant des effets de stichomythie.

Le rythme des répliques s’accélère et se durcit. La ponctuation accentue les effets de harcèlement et d’agressivité.

Les nombreuses répétitions d’interrogations accompagnées des reprises autours des mêmes expressions par les trois « adversaires » : « ces couleurs me/te/le touche » (9 fois) puis « il a/n’a pas le droit » (7 fois).

Leurs répliques deviennent comme des coups portés par des boxeurs.

3) -On se rend alors compte que derrière l’apparence de rapports amicaux, s’exprime des rapports de force et de domination bien particulier.

Dans ce combat, chacun des trois joue un rôle représentatif sa situation au sein du trio.

Marc est celui qui cherche à dominer les autres et à imposer son point de vue de façon tyrannique, particulièrement vis-à-vis de Yvan.

Il se comporte en dictateur dont la parole est catégorique et tranchante : « comment peux-tu… devant moi. Devant moi Yvan »

Il est celui qui dit non : « non, il n’a pas le droit »

Face à lui, Yvan se défend comme il peut et s’efforce d’esquiver les coups de Marc. Il cherche à ramener Marc à la raison en désamorçant la situation.

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