Apollinaire, Alcools : Parcours de lecture

Apollinaire, Alcools : Parcours de lecture

I/ Les grands thèmes de l’œuvre

1. Le sentiment amoureux :

Les principaux poèmes qui parlent d’amour sont : Zone, Le Pont Mirabeau, La chanson du Mal-Aimé, Colchiques, Marie et Cor de chasse. Clothilde  la tzigane l’adieu, merlin et la vielle femme, automne L'Émigrant de Landor Road, Rosemonde, Nuit rhénane, Mai, Les cloches, Clair de lune, 1909, Automne malade, Cors de chasse

       °On peut observer des femmes aimantes et fidèles notamment dans le poème « zone »elles humaines, faisant partie du troupeau humain comme les femmes juives, les femmes d'immigrés, les mères

1. L’échec de l’amour

 ° Les termes et expressions qui évoquent l’échec amoureux dans « la Chanson du Mal aimé » sont tout d’abord le champ lexical de l’amour de la blessure et de la souffrance : « mon amour », « rencontre » (v. 3), « bien aimée » (v. 12), « sœur-épouse », « l’amour unique » (v. 14-15), « l’amour » (v. 25), « brûlant » (v. 16), « plaies », « sanguinolent », « se lamentaient » (v. 18-19), « cicatrice » (v. 22). Mais au fur et à mesure du poème la déception se lit dans la tournure négative des phrases (« Si tu ne fus pas bien aimée », v. 12 et « Si tu n’es pas l’amour unique », v. 15) et dans le lexique péjoratif : « honte » (v. 5), « mauvais » (v. 6), « inhumaine » (v. 21), « saoule » (v. 23), « fausseté » (v. 25).

La désillusion est montrée grâce à la ressemblance entre le voyou et la femme saoule qui explicite dans ce poème : « Un voyou qui ressemblait à / Mon amour » (v. 2-3), « Une femme lui ressemblant » (v. 20). Le poète insiste d’ailleurs sur cette ressemblance à travers le champ lexical de la ressemblance et de l’illusion, du paraître : « ressemblait » (v. 2), « semblions » (v. 8), « ressemblant » (v. 20).

° Les autres poèmes de ce recueil évoquant ces deux thèmes sont : « Marie « et « Clothilde » ou l’amour devient pour le poète irréel. Dans Clotilde, la femme est comparée à une ombre qui représente la mort, ce qui est bien sûr impossible mais il n’y renonce pas pour autant. Comme dans « la tzigane », le poète croit en l’espoir d’une relation meilleure même si il sait que cet amour est condamné à l’échec par avance. C’est une fatalité.

° Les femmes envoutantes et maléfiques sont Annie et Marie. Le poète et Annie ont un amour absolu, fou, désespéré. Le poète s'y présente comme une victime déchirée par ses sentiments, et par une femme qui le refuse. Annie est présente dans "la Chanson du mal Aimé", "Annie", "L'émigrant", les poèmes de "Rhénanes", "Colchiques"...

Le poète et Marie ont un amour lié au thème de la fuite du temps et à celui de l'eau. Marie est également une femme maléfique. Le poète évoque Marie dans les poèmes : "Zone", "Le Pont Mirabeau", "Marie". Par exemple dans Marie plusieurs questions jalonnent le poème évoquant Marie à cause de son absence : « Quand donc reviendrez-vous Marie »; « Sais-je où s’en iront tes cheveux » (répété deux vers plus loin); « Quand donc finira la semaine ».

1. Tout d’abord l’eau est un thème central d'Alcools, il a plusieurs significations. C'est le symbole de la féminité, l'eau est représenté comme un élément féminin, par lequel l'image de la femme aimée disparue est associée à la représentation de l'eau qui coule. Ensuite, l'eau représente la fuite du temps, le temps qui passe, le cours de la vie que l'on ne peut arrêter, tel un fleuve. Dans Le Pont Mirabeau, l'eau du fleuve est le véhicule mélancolique destiné à emporter les jours, les semaines, les amours du poète. Ex : «Passe les jours et passe les semaines, Ni temps passé, Ni les amours reviennent, Sous le pont Mirabeau coule la Seine»
   Cette fluidité de l'eau est renforcée par l'absence de ponctuation, qui rend mieux compte du mouvement de l'eau.

L'un des autres symboles central de l'eau est celui de la douleur avec l’évocation de la mort. Le temps qui passe est personnifié par l'eau du fleuve, l'eau conduit donc vers la mort inévitable. Elle s'intègre dans le processus de la mort parce qu'elle est cause elle-même de perte de vie; elle est en effet le tombeau des noyés en allusion aux «nageurs morts» dans la Chanson du Mal-Aimé. On relève aussi une place importante des personnages de légende morts de noyade. Par exemple dans la Chanson du Mal-Aimé, il y a une allusion à Ophélie (personnage de Harnlet) qui meurt de noyade.

1. Le voyage : Les poèmes autour de la thématique de l’errance et du voyage sont : le voyageur,  l’émigrant de Landor Road », « Poème lu au mariage d’André Salmon. Nous pouvons observer que la fonction du voyage dans le poème « Le voyageur » est d’évoquer les souvenirs de Guillaume apollinaire en compagnie de son ami Fernand Fleuret qui était comme lui matelot. Le poète est un voyageur solitaire qui n’a plus que ses tristes souvenirs à partager avec les lecteurs à travers ses écrits d’où le champ lexical des lieux : porte, Europe, auberge, Luxembourg, paquebot, gare, ville, où, mer …, du temps :nuit, soir, journée, soleil …etc. C’est ainsi qu’il ressort ici deux tonalités à savoir : le lyrique et le pathétique.
   D’autre part, le voyageur nostalgique fait l’éloge de ses nombreuses rencontres parmi lesquelles celle d’avec Salmon, un ami de longue date qui, dans « Poème lu au mariage d’André Salmon », s’est marié à Paris. Guillaume Apollinaire évoque leurs lieux de rencontre du temps de leur jeunesse, il raconte leur vécu et tels des « pèlerins de la perdition » dit-il, ils se sont perdus de vue pour ne se rencontrer à nouveau que le 13 Juillet 1913.
2. L’ivresse :

° L’image associée à l’alcool donne son titre au recueil (Alcools au pluriel). Ce thème revient souvent, par l'évocation des brasseries et comme image poétique : « Mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme », écrit l'auteur dans "Nuit Rhénane".  

Le poète s'efforce de naître à un monde nouveau en recherchant l'ivresse de l'élévation solaire, en absorbant l'alcool, l'eau de vie : l'eau, symbole de mort et le feu, symbole de vie : "Et tu bois cet alcool brûlant comme ta vie, Ta vie que tu bois comme une eau de vie..." Zone.

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