Anthologie Poétique De la Pléiade au Surréalisme

16ème siècle :

La pléiade est un groupe de 7 poètes français du XVIème siècle dont Pierre De Ronsard (1524-1585) et Joachim Du Bellay. Ces poètes souhaitaient défendre la langue française et non le latin qu'utilisaient les humanistes. Ils proclament donc le rejet de leurs prédécesseurs et une rupture complète avec la poésie du Moyen Âge. Ils défendent en même temps l’imitation des genres et des auteurs gréco-latins dans le but de s’en inspirer pour mieux les dépasser.

Pierre de Ronsard (1524-1585) est une figure majeure de la littérature poétique de la Renaissance. Imitant les auteurs antiques, Ronsard emploie d'abord les formes de l'ode et de l'hymne, considérées comme des formes majeures, mais il utilisera de plus en plus le sonnet en employant le décasyllabe comme le mètre « moderne » de l'alexandrin.

« Mignonne allons voir si la rose » de Ronsard, Les Odes, 1545 :

A Cassandre

Mignonne, allons voir si la rose

Qui ce matin avait déclose

Sa robe de pourpre au soleil,

A point perdu cette vesprée

Les plis de sa robe pourprée,

Et son teint au votre pareil.

Las ! voyez comme en peu d'espace,

Mignonne, elle a dessus la place,

Las, las ses beautés laissé choir !

O vraiment marâtre Nature,

Puisqu'une telle fleur ne dure

Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,

Tandis que vôtre âge fleuronne

En sa plus verte nouveauté,

Cueillez, cueillez votre jeunesse :

Comme à cette fleur, la vieillesse

Fera ternir votre beauté.

Ce poème va au-delà d'un thème conventionnel: la jeune fille belle à l'image de la rose. Il donne de l'amour à l'image d'un jeu intelligent mettant en œuvre des images gracieuses, évocatrices et des raisons pour séduire. Ronsard fait une interpellation à la 1ère strophe, une constatation à la 2ème strophe et une leçon à la 3ème strophe, tout en restant galant en complimentant la jeune femme.

Louise Labé (1524-1566) est une poétesse, qui fut l'une des plus grandes femmes de lettres du XVIe siècle. Elle fut fort réputée, et appréciée des poètes de son temps, qui lui dédièrent de nombreux vers et qui chantèrent sa beauté.

«Je vis, je meurs; je me brûle et me noie» Louise Labé, Œuvres, 1555 :

Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;

J'ai chaud extrême en endurant froidure :

La vie m'est et trop molle et trop dure.

J'ai grands ennuis entremêlés de joie.

Tout à un coup je ris et je larmoie,

Et en plaisir maint grief tourment j'endure ;

Mon bien s'en va, et à jamais il dure ;

Tout en un coup je sèche et je verdoie.

Ainsi Amour inconstamment me mène ;

Et, quand je pense avoir plus de douleur,

Sans y penser je me trouve hors de peine.

Puis, quand je crois ma joie être certaine,

Et être au haut de mon désiré heur,

Il me remet en mon premier malheur.

Ce poème s’inscrit dans la tradition Pétrarque de la poésie amoureuse : c’est un sonnet en décasyllabe à rimes embrassées. Lyrique, ce sonnet a pour sujet l’amour, mais il prend toute son originalité par la variété des émotions que l’auteur évoque et opère à l’intérieur d‘une forme fixe. Le sonnet exprime la variété des sensations, des émotions, ressenties par le poète en proie au sentiment amoureux. L’amour l’investit, lui fait perdre tous ses repères, triomphe de sa raison.

19ème siècle :

Le romantisme: A partir du 18ème siècle, il met en avant l’expression des sentiments personnels concernant la raison et les créations imaginaires sur la présentation classique de la nature humaine.

En grande partie marqué par la révolution de 1830 et 1848, ce mouvement culturel et artistique important dans la première moitié du 19ème siècle, touche non seulement la littérature, mais également d’autres arts comme la musique et la peinture. Les poètes romantiques refusent de l’héritage philosophique et rationnel des Lumières et font la revendication de l’expression de la sensibilité, de la liberté et de la création.

Victor Hugo (1802-1885) à Paris, est un poète, dramaturge et prosateur romantique considéré comme l’un des plus importants écrivains de langue française.

« Elle était déchaussée, elle était décoiffé » Victor Hugo, Les Contemplations, 1855 :

Elle était déchaussée, elle était décoiffée,

Assise, les pieds nus, parmi les joncs penchants ;

Moi qui passais par là, je crus voir une fée,

Et je lui dis: Veux-tu t'en venir dans les champs ?

Elle me regarda de ce regard suprême

Qui reste à la beauté quand nous en triomphons,

Et je lui dis: Veux-tu,

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