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Analyse de texte "Mariage de Figaro" acte 2, scène 2

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Par   •  18 Décembre 2020  •  Analyse sectorielle  •  2 146 Mots (9 Pages)  •  1 530 Vues

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Acte II, scène 2 : la stratégie de Figaro 

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INTRODUCTION

Après une longue lutte avec la censure, Beaumarchais fait jouer, en 1784, sa comédie, Le Mariage de Figaro, sous-titrée « La folle journée ». Nous y retrouvons les personnages du Barbier de Séville, au centre de l’action le valet Figaro, le Comte Almaviva, et Rosine, devenue La Comtesse ; mais, là où  l’amour était tout-puissant dans Le Barbier, il est à présent menacé car le Comte veut exercer  son « droit du seigneur » sur Suzanne, la fiancée de Figaro, en profitant d’elle avant la nuit de noces officielle. L’en empêcher est l’enjeu même de la pièce. 

Après une exposition en trois temps (scènes 1, 4 et 7), l’intrigue se noue par la scène de séduction entre le Comte et Suzanne, interrompue par l’entrée de Bazile, puis par la découverte de Chérubin, caché dans le fauteuil. Dans un premier temps, Figaro réussit à faire proclamer officiellement au Comte la suppression du « droit du seigneur ». Au début de l’acte II, Suzanne raconte à la Comtesse son entretien avec le Comte, et les conditions du renvoi de Chérubin. Toutes deux décident d’agir… mais comptent sur Figaro pour les aider.

Quelle relation entre les maîtres et les serviteurs révèle la stratégie de Figaro, exposée aux deux femmes ?

LA RELATION MAÎTRE-VALET AU FÉMININ 

Une relation professionnelle

Le décor, précisé au début de l’acte II, en pose le cadre : « la chambre à coucher » de la Comtesse, Suzanne étant désignée, dans la liste des personnages, comme « camariste » - ou camériste – étymologiquement « femme de chambre ». Ce rapport professionnel se traduit dans leur échange, marqué par le lien hiérarchique : Suzanne vouvoie celle qu’elle nomme respectueusement « Madame », la Comtesse reste « assise » alors que les deux serviteurs sont debout.

Une relation de complicité

L’ameublement du décor, avec le « grand lit en alcôve » et la « bergère » où la Comtesse se tient « assise », en fait un lieu féminin, propice à la confidence. Suzanne, en effet, vient d’avouer à sa maîtresse la volonté du Comte, mais, bien loin de les séparer, cet aveu les a rapprochées, d’où le pronom  « nous » : « Pouvez-vous , Figaro, traiter si légèrement un dessein qui nous coûte à tous le bonheur ? » Elle place ainsi sur un pied d’égalité les deux couples, ce que reprend Suzanne, s’unissant à sa maîtresse : « Au lieu de t’affliger de nos chagrins… »

Cette alliance entre femmes se retrouve lorsque la Comtesse proteste, en même temps que Suzanne, contre l’idée de Figaro de fixer un rendez-vous au comte « sur la brune au jardin ». « Tu comptes sur celui-là ? », s’écrie Suzanne, et la Comtesse renchérit : « Vous consentiriez qu’elle s’y rendît ? »Elles se retrouvent à nouveau unies dans la confiance qu’elles accordent à Figaro : « On peut s’en fier à lui pour mener une intrigue », affirme Suzanne, et la Comtesse le confirme : « Il a tant d’assurance qu’il finit par m’en inspirer. »

Enfin, toutes deux sont impliquées dans le projet de Figaro de déguiser Chérubin en Suzanne, pour qu'il la remplace lors du rendez-vous : « je vais vous envoyer le Chérubin : coiffez-le, habillez-le ».

FIGARO ET SES MAÎTRES

Fragonard, La Romance de Chérubin, 1827 : la Comtesse 

Figaro et la Comtesse

Figaro fait preuve d’une évidente désinvolture face à la Comtesse, puisqu’il ne lui a pas demandé son avis pour ce « faux avis » : « Je vous ai fait rendre à Bazile un billet inconnu, lequel avertit monseigneur qu’un galant doit chercher à vous voir aujourd’hui pendant le bal. » C’est une preuve d’audace, car il la compromet, d’où l’indignation de la Comtesse dans sa double exclamation : « Sur moi ? la tête vous tourne ! », « Et vous vous jouez ainsi de la vérité sur le compte d’une femme d’honneur !… » Mais Figaro utilise alors, en forme d’excuse, son insolence, ici une attaque contre les femmes dont il exclut la Comtesse : « Il y en a peu, madame, avec qui je l’eusse osé, crainte de rencontrer juste. » En lui marquant ainsi son respect, il  obtient son indulgence.

En fait, Figaro la considère comme une alliée, en l’incluant dans le « nous » qu’il emploie. « Tempérons d’abord son ardeur », affirme-t-il, et il s’agit à la fois de lui-même, qui a bien l’intention de ne pas céder Suzanne, et de la Comtesse, qui veut combattre le désir de son époux. De même, quand il explose la conclusion de son plan, « surpris par nous au rendez-vous, le comte pourra-t-il s’en dédire ? », le pronom l’unit à la fois à Suzanne et à la Comtesse, devant laquelle il est essentiel que le Comte soit démasqué.

Figaro et le Comte

La légèreté du ton de Figaro, au début de la scène, relevée par la Comtesse, n’est que le signe d’une ironie qui traduit, en réalité, tout son mépris pour le Comte. Il lance, en effet, une triple dénonciation.

        La première, la plus grave, porte sur l’abus de pouvoir, qu’il feint de minimiser : « Au fait, de quoi s’agit-il ? d’une misère. Monsieur le comte trouve notre jeune femme aimable, il voudrait en faire sa maîtresse ; et c’est bien naturel. » L’antiphrase, soulignée par Suzanne, « Naturel ? », ne fait qu’élargir le reproche, en sous-entendant que de tels abus, signes aussi du libertinage de la noblesse, sont habituels…

        La deuxième, « Puis il m’a nommé courrier de dépêches, et Suzon conseiller d’ambassade. Il n’y a pas là d’étourderie », au-delà de la plaisanterie qui accorde à Suzanne une fonction officielle, montre à quel point le comte sait se montrer calculateur, voire machiavélique, pour satisfaire son désir égoïste.

       Enfin, en poursuivant sur le ton de la plaisanterie, « Et parce que ma Suzanne, ma fiancée, n’accepte pas le diplôme », mais sans masquer le tort qui lui est fait grâce au doublement de l’adjectif possessif « ma », il l’accuse de partialité dans sa fonction de juge : « il va favoriser les vues de Marceline : quoi de plus simple encore ? Se venger de ceux qui nuisent à nos projets en renversant les leurs, c’est ce que chacun fait ». Ici encore, la banalisation permet, en fait, d’élargir la satire à tous les privilégiés qui disposent de ce pouvoir d’agir ainsi, de « se venger ».

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