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Analyse Linéaire Les Bonnes de Jean Genet

Commentaire de texte : Analyse Linéaire Les Bonnes de Jean Genet. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  6 Octobre 2021  •  Commentaire de texte  •  2 378 Mots (10 Pages)  •  1 673 Vues

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Pbq : Comment Jean Genet fustige-t-il, par ce stratagème, la fascination perverse qui mine les liens entre les deux complices et

Madame ?

Mouvements du passage :

I) l 1-12,

II) l 13-18

III) l 19-49

IV) l 30-34,

I) l 1-10

La chambre de Madame. Meubles Louis XV. Au fond, une fenêtre ouverte sur la façade de l’immeuble en face. A droite, le lit. A

gauche, une porte et une commode. Des fleurs à profusion. C’est le soir. L’actrice qui joue Solange est vêtue d’une petite robe

noire de domestique. Sur une chaise, une autre petite robe noire, des bas de fil noirs, une paire de souliers noirs à talons plats.

Cette didascalie initiale fondée sur des phrases nominales a une dimension dramatique ( = renseigne sur l'action) et

symbolique ( = annonce les thèmes). Elle désigne d'abord un intérieur bourgeois par la dénomination " Madame ", par les

indications : "Meubles Louis XV", "fleurs à profusion" et par la présence d’une domestique vêtue de la "petite robe noire"

traditionnelle. La hiérarchie sociale est ainsi affirmée.

Parallèlement est structuré l’espace de la chambre avec des indices spatiaux "au fond", "à droite", "a gauche", "sur une

chaise" et la représentation de l’extérieur "une fenêtre ouverte sur la façade de l'immeuble d'en face" provoquant un effet de réel.

De même, le présentatif soulignant le moment de la journée (" c’est le soir ") et justifie le dialogue qui s’ensuit, qui porte sur

l’habillage de la maîtresse par sa servante. Ces repères spatio-temporels participent de l’unité de la pièce puisque tout se joue en

milieu clos.

Ces éléments mettent également en place un huis clos féminin car la chambre est un lieu intime. Une certaine sensualité

émane des vêtements laissés à l'abandon, en particulier, les bas.

Claire, debout, en combinaison, tournant le dos à la coiffeuse. Son geste –le bras tendu– et le ton seront d’un tragique exaspéré.

En continuité, cette didascalie annonce la théâtralité de ce qui va se révéler une cérémonie tragique. Claire joue Madame en

adoptant la posture de l’acteur qui surjoue, déclame d'un ton excessif avec l'hyperbole « d’un tragique exaspéré » qui produit

un décalage vis-à-vis de la tragédie conventionnelle. Soulignons aussi le caractère également intime et sensuel du sous-vêtement

(« en combinaison ») ainsi que l'accessoire symbolique de la coiffeuse est un signe de féminité mais aussi le lieu où l’on travaille

son apparence.

Et ces gants ! Ces éternels gants ! Je t’ai dit souvent de les laisser à la cuisine. C’est avec ça, sans doute, que tu espères séduire le

laitier. Non, non, ne mens pas, c’est inutile. Pends-les au-dessus de l’évier. Quand comprendras-tu que cette chambre ne doit pas

être souillée ? Tout, mais tout ! ce qui vient de la cuisine est crachat. Sors. Et remporte tes crachats ! Mais cesse !

Ce début in medias res donne l'impression de surprendre la parole en cours, ce qui crée un effet de réel caractéristique

d’une scène d’exposition.

Une exposition doit, de plus, éclairer sur la nature des personnages et la première réplique de Claire-Madame révèle d’emblée

un rapport violent au subalterne (=personne qui doit obéir à une autre) et dont la violence est encore accentuée par la parodie

qu'en fait Claire. Cette perversité se manifeste dans l’exaspération de la maîtresse et l’humiliation de la domestique par la

maîtresse à travers les deux nominales exclamatives dont la deuxième reprend la première en y ajoutant une expansion du

nom péjorative : "ces gants, ces éternels gants" et le tutoiement soulignant l’irritation de Madame. L’adverbe "souvent" insiste

sur l' impatience de la maîtresse de même que la multiplication des impératifs "ne mens pas", "pends-les", "remporte" "mais

cesse". l'interrogation temporelle "quand comprendras-tu ?", la répétition "tout mais tout" et les deux conjonctions de coordination

"mais", "et".

Ce rapport de domination se traduit également par une intrusion dans la vie privée et dans la vie intérieure de Claire

comme en témoigne le ton péremptoire du " non " répété à deux reprises, suivi d’un impératif "ne mens pas ", entouré par deux

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adverbes de négation et par la tournure présentative " c’est inutile". L'anecdote du laitier réduit à sa fonction correspond au cliché

des bonnes séduites, aux mœurs relâchées.

Les gants témoignent également du clivage social puisque les gants de cuisine doivent rester à la cuisine. Le pronom

démonstratif "ça " transforme les "gants" en un objet innommable. La hiérarchie apparaît encore dans les lieux : la chambre de

Madame et la cuisine des bonnes.

Madame est un persge excessif comme le montre le passage du " crachat ", attribut du sujet, employé comme métaphore, à

"tes crachats »"entendu dans un sens concret. La syntaxe est entrecoupée par des phrases courtes, phrases qu’elle-même semble

cracher au visage de sa domestique.

Pendant

...

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