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Analyse Fin de Partie - Samuel Beckett

Commentaire d'oeuvre : Analyse Fin de Partie - Samuel Beckett. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  24 Septembre 2019  •  Commentaire d'oeuvre  •  3 743 Mots (15 Pages)  •  4 188 Vues

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Fin de partie de Beckett.

Introduction : Beckett fameux auteur du XXe siècle est profondément animé par la quête du sens des mots. Plusieurs pour ne pas dire toutes ses œuvres émettent une réflexion sur le fonctionnement et surtout le dysfonctionnement de cette boîte à outils complexe qu’est le langage. Il démontre que malgré l’envie, l’espoir ou l’amour qui nous anime, les Hommes ont du mal à mettre des mots sur leurs sentiments, il dit je cite « Les mots vous lâchent, il est des moments où même eux vous lâchent ». Le démantèlement de la narration est donc un moyen pour Beckett de mettre en avant cette idée d’échec oral, où le discours est parsemé de pause, de silence et hésitation. Fin de Partie, crée par Beckett en 1956 et joué pour la première fois en France le 27 avril 1957, est une pièce pesante marquée par les failles du langage. Ci-gît quatre êtres de papier qui dépérissent en même temps que leur monde, et le langage, bien que défaillant, semble être le seul fil conducteur qui les maintiens en action.

Dès lors nous pouvons nous questionner sur le sarcasme de cette pièce qui nous dépeint une déshumanité progressive.

La question de l’usage à priori essentielle du langage nous engage également à une réflexion sur sa place dans notre société.

Nous allons nous intéresser à deux principaux axes de réflexion, dans un premier temps les personnages sont usés par le monde qui les entoure, ce qui finit par agresser la qualité de leur langage, qu’ils perdent au fil du temps.

1)          Des personnages usés par le monde.

A)         Un monde apocalyptique.

La pièce, réunit en un seul acte, débute par un didascalie sombre qui nous plonge immédiatement dans un lieu clôt, un « intérieur » dénué de lumière et d’élément décoratif. Cet endroit est également nommé le « vieux refuge » à la page 90, laissant supposer que les personnages se sont retirés dans un bunker qui les protègerait du monde extérieur.

Ce monde extérieur semble d’ailleurs aussi froid que l’intérieur de leur carapace, puisqu’il est décrit à la page 46 par des couleurs peu chaleureuses comme « Gris, Noir clair »

La mise en scène de Jean-Claude Fall de la pièce de Beckett centre la pièce sur l’enfermement. Sur scène le bunker semble très similaire à l’intérieur d’un crâne, qui est habité par des hésitations, des idées différentes, et surtout par des souvenirs. Beckett dit dans Les os d’échos et autres précipités « de mon crâne, coquille de ciel et terre ». Cette coquille est donc bien matérialisée par le bunker, qui dispose de deux fenêtres aux antipodes, comme deux yeux, et une porte qui symbolise la bouche.

Hamm est aveugle, c’est donc celui qui est le plus intériorisé. Dans la pièce malgré son air tyrannique, c’est celui qui éprouve le plus d’espoir. Par exemple il est en recherche constante de lumière qu’il voit cependant indirectement. La valeur évidentielle de sa phase à la page 84 « On dirait un rayon de soleil » reflète l’espoir qui surgit encore à l’intérieur de son crâne.

Malheureusement cet espoir est dilué dans les difficultés de la vie, l’âge, les réserves qui ne suffisent plus ou encore le manque de médicaments précipitent les personnages vers une mort certaine. Ce monde n’a plus de priorité car le Dieu, La dragée ou encore le rat sont mis sur le même pied d’égalité, car tous ont disparus. La mort est par ailleurs extrêmement présente tout le long de la pièce, le champ lexical de la mort le confirme avec « éteinte, enterrée, cadavre, morts », et elle est exprimée implicitement à la page 84 avec l’association de la fenêtre et de la terre qui reflète l’image d’une tombe. « Quelle fenêtre c’est ? - La terre ». A la page 93 cette allusion est encore utilisée, cette fois ci explicitement, la terre l’appelle. Je cite « Regarde la terre - Encore-  Puisqu’elle t’appelle »

Cette lumière que Hamm cherche temps semble donc provenir des morts, un appel vers la fin qui nous ramène au tout premiers mots de Clov « Fini, c’est fini, ça va finir, ça va peut-être finir » à la page 13. Finalement à la page 44 Clov utilise l’adjectif « Mortibus », qui est une forme latine du mot mort, pour qualifier, le tout, le monde. Peu à peu les personnages perdent leurs illusions et se rendent compte qu’il ne reste plus d’espoir dans le monde.

Le moindre changement, dérangement est pénible, comme si la pièce se devant d’être la plus statique possible. « Même, toujours, la routine » -puce « quelle journée ! »

Analyse du titre « Fin de partie » peut nous faire penser à la fin inévitable de quelque chose, d’une sorte de jeu. Beckett étant un adepte des échecs, on peut penser que ce jeu d’échec conduit à une fin inévitable, où Hamm n’a plus de mouvement qui lui sont favorable.

B)         Des personnages déshumanisés bloqués dans le temps.

            Chaque personnage éprouve une détresse, autant sur le plan physique que mental. Leur souffrance à donc en lien direct avec la communication, qui est faussée par leurs état déplorable, et reprend les difficultés d’expressions encore actuelles aujourd’hui.

L’intrigue de cette pièce à acte unique tourne autour de quatre personnages, dont un personnage central, Hamm. Celui-ci est d’ailleurs présenté presque comme un martyre, aveugle et enfermé dans un corps immobile. Il est cependant placé au centre de la scène, et n’agit que pour faire allusion à l’imaginaire, au passé ou encore à la mort. Ces réflexions intérieurs prouvent encore une fois l’isolement de Hamm, car malgré qu’il détienne la place centrale c’est Clov qui en gravitant autour de lui, dénudé son importance.

En analysant les étymologie du prénom, Hamm provient du mot marteau en anglais « Hammer » tandis que les autres personnages ne sont que dérivatives du clou.

A première vu ce personnage à un côté très tyrannique, c’est le marteau qui enfonce les clous, mais en réalité cette fermeté cache la détresse de son état physique et mental, qu’il croit pouvoir apaiser grâce à un calmant. Finalement c’est du temps qu’il a le plus peur, et surtout du fait que sa compagnie lui est temporaire, et va finalement l’amener à une solitude totale.

Clov, personnage que Hamm aurait recueilli et engagé en tant que valet, se trouve aux antipodes de Hamm. Ils se trouvent dans l’impossibilité de trouver du repos pour cause de douleurs articulaires, et va donc s’octroyer toute les actions, quand bien même répétitives. Clov symbolise également la jeunesse qui est déjà entamée, en phase d’être détruite par les mécanismes du temps.

« C’est moi qui t’ai servi de père » P 54

Quant à Nell et Nagg, les parents de Hamm, ils font surface de leur poubelle de temps en temps, comme le souvenir d’une mélodie que l’on à jamais tout à fait oublié. Ils finissent enfermer dans la pénombre et l’immobilité, image métaphorique de ce que la vieillesse nous réserve à tous. Alors que Nell et Nagg sont les plus vieux personnages de la pièce, ils nous font pourtant penser à des enfants puisque Nagg « pleure » et « suce son biscuit » à la page 82 et 87. Beckett réfléchis à la notion de renouveau, la fin ramène au début c’est pourquoi aux portes de la mort ils se retrouvent à nouveau en train d’écouter une histoire au profit d’une draguée, d’un bonbon ou d’une bouillie.

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