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Alain Mabankou

Étude de cas : Alain Mabankou. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  12 Novembre 2019  •  Étude de cas  •  1 402 Mots (6 Pages)  •  546 Vues

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Introduction

Poète, nouvelliste, romancier et essayiste, Alain Mabanckou lauréat du prix Renaudot 2006 pour son roman Mémoires de porc-épic a ses origines au Congo Brazzaville qu’il quitta à dix-neuf ans pour des études de Droits en France. Depuis 2002, il réside aux Etats Unis où il mène, parallèlement à sa fonction de professeur, une carrière littéraire féconde. Son écriture influencée par Louis-Ferdinand Céline ou encore par les romanciers Latino-Américains notamment le célèbre Gabriel Garcia Marquez, fait de Mabanckou l’un des chantres de la littérature francophone contemporaine. Dans cette étude nous tenterons d’appréhender le concept d’africanité par rapport à la mondialisation et le discours identitaire véhiculé par le texte d’Alain Mabanckou. Nous nous interrogeons ensuite sur l’articulation de ces phénomènes dans l’œuvre de l’écrivain.

     Alain Mabanckou dont les indices de son origine rendent compte d’une identité africaine qui, au contact de l’autre, ne peut être qu’hybride. Il construit dans un tel contexte un espace transnational identitaire, faisant ainsi de son roman le lieu de métissage. Il a l’obligation d’être ici et ailleurs, d’occuper deux lieux à la fois, ce qui le contraint à rester dans l’entre- deux.

   La trame de verre cassé se déroule dans un espace voulu réel, et plus encore Congolais. En effet quoi que le roman soit une œuvre de fiction, le lecteur peut reconnaitre plusieurs indices spécifiques à la vie congolaise. Mabanckou comme son personnage éponyme, a ses racines à Louboulou, le vin rouge de Sovinco qui est une société des vins au Congo, le quartier Rex est connu à Pointe- Noire pour être celui de la prostitution. L’imprimeur qui narre son récit après son expulsion de France, se trouve au Congo. Bien que Mabanckou ancre son récit dans l’espace congolais, il s’adonne en même temps à des glissements vers l’ailleurs. Cette stratégie démontre que son roman relève d’une écriture trans-territoriale. C’est ce qu’il affirme lui-même dans une interview à la RFO :

« C’est essentiellement une espèce d’évasion car, en effet, on se retrouve dans un livre qui se passe dans un bar mais les gens y parlent de choses qui dépassent ce bar. Certains viennent de France, d’autres des États-Unis, d’autres se sont mariés à l’extérieur, d’autres parlent de livres qui ont été écrits ailleurs. C’est aussi l’occasion de dire que l’on peut rester dans un petit territoire, ici un bar du Congo, et avoir une fenêtre ouverte sur le monde ».

Dans Mémoires de porc-épic, l’écrivain tisse son récit en langue congolaise porteuse de l’identité de l’auteur. Il campe l’histoire dans le territoire congolais du nord au sud. Les décentrements spatiaux sont multiples dans ce roman et constitue, par Mabanckou, une forme de négociation avec l’environnement universel. Bien que situé à Paris, le narrateur de Bleu-Blanc-Rouge, Premier roman d’Alain Mabanckou, met aussi en évidence le cadre spatial congolais à travers notamment le retour des immigrants illégaux dans leurs pays d’origine où il se font passer, par leur paraître, leur style de vie et leur dire pour des exemples de l’immigration réussie en vue de cacher la vie de misère morale et physique qu’ils mènent en France. Dans ce décentrement spatial du roman, l’univers Parisien est en étroite relation avec le paysage congolais. Le discours spatial, dans les romans de Mabanckou, est lié à la question identitaire. La représentation prend en compte la conscience de la poly-appartenance de l’écrivain. La mise en fiction de l’Afrique et de l’ailleurs, espaces sans frontières, montre une écriture en quête d’un imaginaire universel qui exclut l’appartenance spatiale au sens étroit du terme.

    Mabanckou traite la question identitaire dans le phénomène du dédoublement de ses personnages où l’identité originelle se greffe celle pays d’accueil. Ainsi dans Bleu-Blanc-Rouge chaque « Parisien » possède un sobriquet (surnom familier donné par dérision) lié à son activité : Moki s’appelle « Italien », Boulou se surnomme « L’agent immobilier ». De même, le narrateur est en face d’une ambiguïté identitaire et se demande lui-même qu’il est : « je ne savais plus qui j’étais en réalité : Massola-Massola, mon vrai nom ? Marcel Bonaventure, le nom d’adoption ? Eric Jocelyn-George, le nom de travail » le nom étant le premier élément d’identification, l’auteur donne à ses protagonistes une identité plurielle. Le dédoublement se trouve aussi dans d’autres romans de Mabanckou, les personnages principaux de ses romans résident au Congo. Cependant les intrigues vont parfois au-delà des limites spatiales pour représenter le monde. Dans son œuvre, il perçoit cette reconstitution identitaire centrée sur une sensibilité culturelle, historique et même esthétique de l’ici et de l’ailleurs comme un afropolitanisme. Dans un tel contexte, son africanité s’inscrit dans une transidentité qui lui permet de vivre plusieurs expériences créatrices et enrichissantes.

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