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A quoi sert le sport?

Dissertation : A quoi sert le sport?. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  25 Février 2013  •  Dissertation  •  2 527 Mots (11 Pages)  •  1 823 Vues

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Pratiquer un sport, faire travailler son corps au même titre qu’on doit faire travailler son esprit, quoi de plus légitime et éducatif ? Et pourtant, n’est-on pas en droit de s’interroger sur la morale sportive, sur les valeurs dont le sport serait, mine de rien, porteur? Faire du sport, qu’est-ce que ça apprend ?

A être plus fort, plus courageux, à savoir imposer sa volonté à son corps, bref à s’en rendre totalement maître quitte à le maltraiter ? Et donc à être un «gagneur», un «battant», prêt à tout pour l’emporter, avant tout sur soi-même, mais aussi sur les autres?

Ou bien, au contraire, à connaître et accepter son corps et ses limites pour vivre en harmonie, jouer et jouir avec lui ? Et à savoir reconnaître que d’autres sont peut-être «meilleurs», à être «fair play», à savoir perdre en développant son esprit «sportif» ?

A moins que ce ne soit «vieux jeu» ?

A la grande surprise de tous, les profs d’EPS (Education physique et sportive) du lycée clament qu’ils sont antisportifs : ils expliquent qu’ils veulent enseigner l’éducation physique, mais certainement pas le sport. En effet, le sport en soi leur semble une discipline fort douteuse, dont on est au moins en droit de s’interroger sur la valeur éducative. Car il vise essentiellement une chose : la performance, et il semble donc entraîner nécessairement la compétition. Il y s’agit d’obtenir des résultats de plus en plus faramineux afin d’être «le meilleur». Le simple fait d’avoir à évaluer les élèves leur pose déjà ce problème de la performance. Et ils se trouvent encore plus embarrassés lorsqu’il leur faut -- c’est que ça relève de leurs obligations professionnelles -- convaincre un maximum d’élèves de s’inscrire à l’UNSS (Union nationale du sport scolaire), qui, mercredi après mercredi, va de compétition en compétition, et vise même à les pousser à être champions académiques, voire champions de France... C’est que la logique sportive est bien avant tout logique de l’efficacité, seul ou presque compte le résultat, la fin, et dans une telle logique la fin finit souvent par justifier les moyens, aussi répréhensibles puissent-ils être aux yeux de la morale. Bien sûr, il y a des règles qui mettent d’emblée tout le monde à égalité, et interdisent justement d’utiliser n’importe quel moyen pour parvenir à ses fins, et il y a des arbitres pour veiller à ce qu’elles soient respectées, mais puisque seule la fin compte vraiment...

Et c’est là que la frontière entre sport et jeu surgit nettement, bien qu’à l’origine ces deux activités soient intimement liées, voire confondues (songeons aux Jeux Olympiques, ou à l’étymologie du mot sport, le terme anglais «disport», qui signifie amusement) : tant qu’on se plie de bon coeur aux règles parce qu’il ne s’agit finalement jamais que de passer un bon moment à faire un match de volley par exemple, il s’agit de pur jeu, et pas encore de sport au sens le plus strict ; on «joue le jeu» ; mais quand le jeu devient trop sérieux, donc plus vraiment jeu mais véritable enjeu (parfois carrément mondial), c’est là qu’il tourne au sport au sens douteux du terme : ce qui compte, ce n’est plus de passer un bon moment à jouer, il faut gagner, être les «meilleurs», écraser les «adversaires»! On ne rigole plus du tout (ce qui n’est pas très «sportif» en fait)...

Or, qui veut gagner à tout prix et envoie valser et le jeu et les règles et l’arbitre quand il perd ? Eh oui : le mauvais joueur... C’est pas de jeu, hors jeu ! Le bon joueur, au contraire, il accepte de perdre parce qu’il sait justement que ce n’est qu’un jeu, que ce n’est pas grave, qu’il n’y a pas de réel enjeu. Il joue avant tout pour jouer, non pour gagner, il ne vise pas d’autre fin que l’activité qu’il pratique elle-même, juste pour le plaisir, gratuitement, ce qui est la définition du jeu, coupé des enjeux réels de la dure vie. Evidemment, une des premières règles du jeu, c’est de s’efforcer de gagner, c’est-à-dire de s’appliquer à jouer du mieux qu’on peut, et celui qui ne voudrait pas gagner du tout ne jouerait pas bien non plus. Quoique... il existe certains jeux où il ne s’agit aucunement de gagner : jouer au «papa et à la maman», au «cadavre exquis»... Néanmoins, c’est vrai qu’en général gagner apporte un plaisir supplémentaire. Mais l’essentiel dans un jeu, n’est-ce pas de «jouer le jeu», c’est-à-dire de quitter le monde réel et ses enjeux sérieux pour se plonger totalement dans l’univers du jeu tel que le définissent précisément ses règles, et chercher à jouer le mieux possible en se pliant au mieux à ces règles ? Or, vouloir absolument gagner, n’est-ce pas tout différent ? Ne peut-on avoir bien joué, même mieux joué que jamais, mais reconnaître que ses «adversaires» ont mieux joué encore ; et même avoir eu du plaisir à jouer «contre» quelqu’un qui jouait aussi bien ? Le plus dur quand on joue, ce n’est pas d’avoir perdu, c’est sans doute d’avoir mal joué. Mais ce n’était qu’un jeu...

Et c’est là que l’éducation physique -- non sportive ! -- intervient : elle viserait avant tout à apprendre à faire faire à son corps ce qu’on attend de lui afin, notamment, de permettre de jouer de mieux en mieux avec lui, de le plier de plus en plus facilement et habilement aux règles du jeu. Son but premier ne serait donc pas d’apprendre à gagner à tout prix, à être le «meilleur», mais à être maître de son corps, capable de le soumettre à des règles strictes, vaste tâche s’il en est, éducative par excellence en tout cas... C’est que l’éducation, c’est bien ça : tenter d’échapper à sa sauvagerie naturelle en s’imposant une discipline obéissant à règles et lois culturelles. Et l’enjeu est de taille, puisqu’il s’agit mine de rien carrément de tenter de devenir libre : en effet, parvenir à se discipliner, c’est cesser de subir passivement les lois naturelles -- physiques, biologiques ou psychologiques -- qu’on n’a nullement choisies puisque justement elles sont issues de la nature, pour se prendre soi-même en main en s’imposant volontairement les règles et limites qu’on aura choisies en fonction de nos projets et valeurs. Par exemple, il est clair que, si on n’apprend pas à nager en se jetant à l’eau et en imposant à notre corps des exercices rigoureux, on sera moins libre que si on sait nager, totalement soumis à nos limites naturelles. L’idéal de l’éducation serait donc d’en arriver à former des individus capables de librement s’imposer à eux-mêmes les règles qu’ils ont choisies parce qu’ils

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