A la recherche du temps perdu de Proust

Camille Pernot

LM3

Dissertation de littérature française : A la recherche du temps perdu de Proust

« Toute l’expérience de la vie chez Proust se résume à celle de ses déceptions » -Grimaldi

1. Quelle expérience de la vie ?

1. Le temps objectif

L’œuvre de Marcel Proust A la Recherche du temps perdu narre l’histoire du narrateur Marcel de son enfance à l’âge adulte au travers d’un temps objectif, c’est-à-dire factuel. En effet  Combray, qui est issu du premier tome Du côté de chez Swann aborde le temps de l’innocence, lorsque Marcel, jeune garçon, attendait ardemment le baiser de sa mère avant de se coucher. S’en suit alors A l’ombre des jeunes filles en fleurs où Marcel, adolescent, se rend à Balbec et entame sa nouvelle vie de jeune homme. Logiquement, la suite de l’œuvre fait référence à la vie adulte du narrateur qui est dans la déambulation sociale et géographique. Ainsi nous pouvons parler d’un temps « objectif » et référentiel qui forme la trame narrative de l’oeuvre. Dès lors la vie est au cœur de la Recherche du temps perdu et se présente comme un temps long puisqu’il tend à parcourir toute une existence. Indéniablement l’œuvre va témoigner de plusieurs expériences de la vie.

1. L’expérience sociale

Littérairement, nous pouvons dire que Proust opère une démarche très balzacienne puisqu’il évoque soigneusement toutes les classes sociales, de la bourgeoisie à l’aristocratie en passant par les classes populaires. En ce sens, l’œuvre est richement peuplée de personnages, tous attachés à un milieu défini et fermé. Dans Combray le narrateur met à distance Tensonville, où il réside pendant les vacances chez sa tante Léonie, et Guermantes, fief de l’aristocratie. Cet éloignement géographique que se façonne Marcel enfant est symbolique de l’éloignement social qui sépare les individus entre eux. Pour autant, l’œuvre s’imprègnera de ces différents types sociaux afin de les définir et d’en comprendre les mécanismes.  En cela, il y a une véritable expérience sociale puisque Marcel Proust dépeint les relations humaines dans toute leur complexité et leurs caractéristiques propres afin de les comprendre et de les rendre accessible.  Bien souvent, la rencontre avec celui qui appartient à un autre milieu que le sien est conduite par le fantasme de l’Autre. Ainsi, le narrateur dit après avoir aperçu Gilberte que son nom est : « donné comme un talisman, qui me permettrait peut-être de retrouver un jour celle dont il venait de faire une personne et qui, l’instant d’avant n’était qu’une image incertaine ». Dès lors, le nom de la jeune fille la rapproche de lui, mais pour autant elle demeure encore insaisissable et il va avoir le désir presque « magique » de la retrouver.

De la même manière Swann dans Un amour de Swann va se rendre aux soirées bourgeoises et vulgaires des Verdurin afin de conquérir de nouveaux territoires puisqu’il connait déjà tout de l’aristocratie.

mais également la bourgeoisie en assistant au repas donner par les Verdurin, tout en s’acoquinant avec les jeunes filles aux mœurs légères rencontrées à Balbec.

Roman de mœurs, dans la plus pure tradition classique, La Recherche se présente aussi comme une expérience sociologique. L’auteur présente et analyse divers types ou groupes sociaux. Il n’oublie pas le monde des domestiques, et notamment Françoise. Il s’intéresse aux salons bourgeois, dont le snobisme grossier a pour but d’imiter l’aristocratie, elle-même décadente. Proust, à l’instar de Balzac, étudie l’influence des milieux sur les individus. Autour des Verdurin ou des Guermantes se constituent des groupes ou des chapelles, qui construisent un certain style, un comportement particulier : un habitus social. Outre ces milieux, organisés selon la hiérarchie sociale verticale, Proust révèle aussi des milieux transversaux, plus cachés, quoique partout présents, les Juifs et les homosexuels, sur lesquels lui-même, ayant sa place chez les uns et les autres, pouvait avoir quelque lumière.

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