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2014 série L Sujet Et Corrigé Question De Corpus (long développement)

Mémoires Gratuits : 2014 série L Sujet Et Corrigé Question De Corpus (long développement). Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  17 Octobre 2014  •  3 265 Mots (14 Pages)  •  1 311 Vues

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Objet d'étude : Le personnage de roman, du XVIIème siècle à nos jours.


Corpus :  


Texte A : Stendhal (1783-1842), La Chartreuse de Parme, partie II, chapitre 18, extrait (1839).

Texte B : Gustave Flaubert (1821-1880), Madame Bovary, partie II, chapitre 6, extrait (1857).


Texte C : Émile Zola (1840-1902), L'Assommoir, chapitre 1, extrait (1876).


Texte D : Marcel Proust (1871-1922), À l'ombre des jeunes filles en fleurs, « Noms de pays : le pays», extrait (1919).

 

TEXTE A : Stendhal, La Chartreuse de Parme, partie II, chapitre 18, extrait (1839).

[La Chartreuse de Parme raconte l'itinéraire d'un jeune aristocrate italien, Fabrice Del Dongo. Victime d'une vengeance, le personnage est emprisonné dans la citadelle de Parme. Le gouverneur de cette forteresse est le général Fabio Conti, que Fabrice avait croisé avec sa fille Clélia sept années plus tôt. Fabrice vient de revoir la jeune fille.]

  Il courut aux fenêtres ; la vue qu'on avait de ces fenêtres grillées était sublime: un seul petit coin de l'horizon était caché, vers le nord-ouest, par le toit en galerie du joli palais du gouverneur, qui n'avait que deux étages; le rez-de-chaussée était occupé par les bureaux de l'état-major; et d'abord les yeux de Fabrice furent attirés vers une des fenêtres du second étage, où se trouvaient, dans de jolies cages, une grande quantité d'oiseaux de toute sorte. Fabrice s'amusait à les entendre chanter, et à les voir saluer les derniers rayons du crépuscule du soir, tandis que les geôliers1 s'agitaient autour de lui. Cette fenêtre de la volière n'était pas à plus de vingt-cinq pieds de l'une des siennes, et se trouvait à cinq ou six pieds en contrebas, de façon qu'il plongeait sur les oiseaux. 
  Il y avait lune ce jour-là, et au moment où Fabrice entrait dans sa prison, elle se levait majestueusement à l'horizon à droite, au-dessus de la chaîne des Alpes, vers Trévise. Il n'était que huit heures et demie du soir, et à l'autre extrémité de l'horizon, au couchant, un brillant crépuscule rouge orangé dessinait parfaitement les contours du mont Viso et des autres pics des Alpes qui remontent de Nice vers le Mont-Cenis et Turin; sans songer autrement à son malheur, Fabrice fut ému et ravi par ce spectacle sublime. « C'est donc dans ce monde ravissant que vit Clélia Conti! avec son âme pensive et sérieuse, elle doit jouir de cette vue plus qu'un autre; on est ici comme dans des montagnes solitaires à cent lieues de Parme. » Ce ne fut qu'après avoir passé plus de deux heures à la fenêtre, admirant cet horizon qui parlait à son âme, et souvent aussi arrêtant sa vue sur le joli palais du gouverneur que Fabrice s'écria tout à coup: « Mais ceci est-il une prison ? est-ce là ce que j'ai tant redouté ? » Au lieu d'apercevoir à chaque pas des désagréments et des motifs d'aigreur, notre héros se laissait charmer par les douceurs de la prison.

1. Geôliers : gardiens de la prison.

 

TEXTE B : Gustave Flaubert, Madame Bovary, partie II, chapitre 6, extrait (1857)..

[Emma a épousé Charles Bovary, un officier de santé. Elle mène une vie plate et médiocre, bien différente du bonheur que lui faisaient imaginer ses lectures romanesques au couvent où elle a fait ses études. Elle sombre peu à peu dans l'ennui et la mélancolie.]

  Un soir que la fenêtre était ouverte, et que, assise au bord, elle venait de regarder Lestiboudois, le bedeau1, qui taillait le buis, elle entendit tout à coup sonner l'Angelus2. 
  On était au commencement d'avril, quand les primevères sont écloses; un vent tiède se roule sur les plates-bandes labourées, et les jardins, comme des femmes, semblent faire leur toilette pour les fêtes de l'été. Par les barreaux de la tonnelle et au-delà tout alentour, on voyait la rivière dans la prairie, où elle dessinait sur l'herbe des sinuosités vagabondes. La vapeur du soir passait entre les peupliers sans feuilles, estompant leurs contours d'une teinte violette, plus pâle et plus transparente qu'une gaze subtile arrêtée sur leurs branchages. Au loin, des bestiaux marchaient; on n'entendait ni leurs pas, ni leurs mugissements; et la cloche, sonnant toujours, continuait dans les airs sa lamentation pacifique. 
  À ce tintement répété, la pensée de la jeune femme s'égarait dans ses vieux souvenirs de jeunesse et de pension. Elle se rappela les grands chandeliers, qui dépassaient sur l'autel, les vases pleins de fleurs et le tabernacle3 à colonnettes. Elle aurait voulu, comme autrefois, être encore confondue dans la longue ligne des voiles blancs, que marquaient de noir ça et là les capuchons raides des bonnes sœurs inclinées sur leur prie-Dieu; le dimanche, à la messe, quand elle relevait sa tête, elle apercevait le doux visage de la Vierge parmi les tourbillons bleuâtres de l'encens qui montait. Alors un attendrissement la saisit; elle se sentit molle et tout abandonnée, comme un duvet d'oiseau qui tournoie dans la tempête; et ce fut sans en avoir conscience qu'elle s'achemina vers l'église, disposée à n'importe quelle dévotion, pourvu qu'elle y absorbât son âme et que l'existence entière y disparut.

1. Bedeau : employé d'une église préposé au service matériel.
2. Angelus : sonnerie de cloche qui annonce l'heure de la prière.
3. Tabernacle : petite armoire qui renferme les hosties.

 

TEXTE C : Émile Zola, L'Assommoir, chapitre 1, extrait (1876).

[Gervaise Macquart, une jeune provinciale, a suivi Lantier, son amant, à Paris. Vers cinq heures du matin, tandis que ses deux enfants dorment paisiblement, Gervaise, accoudée à la fenêtre de sa chambre d'hôtel, s'inquiète de l'absence de Lantier qui n'est pas rentré de la nuit.]

 L'hôtel se trouvait sur le boulevard de la Chapelle1, à gauche de la barrière Poissonnière. C'était une masure2 de deux étages, peinte en rouge lie de vin jusqu'au second, avec des persiennes pourries par la pluie. Au-dessus d'une lanterne aux vitres étoilées, on parvenait à lire, entre les deux fenêtres: Hôtel Boncœur, tenu par Marsoullier, en grandes lettres jaunes, dont

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