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Suffit-il de se souvenir pour écrire un récit autobiographie ?

Dissertation : Suffit-il de se souvenir pour écrire un récit autobiographie ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  17 Novembre 2011  •  Dissertation  •  1 919 Mots (8 Pages)  •  2 587 Vues

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Suffit-il de se souvenir pour écrire un récit autobiographique ?

Introduction

C'est une évidence, presque un truisme, d'affirmer qu'un écrivain puise dans son expérience personnelle pour rédiger son œuvre. Ainsi Flaubert pouvait s'écrier : « Madame Bovary, c'est moi ». Il signifiait par là qu'au cœur de sa fiction c'était un morceau de sa vie qui était livré au lecteur, que son personnage avait été bâti avec ses souvenirs.

Peut-on pour autant prétendre qu'il suffit de se souvenir pour écrire un récit autobiographique ? La question pourrait être reformulée dans les termes suivants : le récit autobiographique peut-il se satisfaire du matériau brut fourni par la mémoire ?

Il convient d'abord de préciser ce que recouvrent les termes « se souvenir » et « récit autobiographique ». Ensuite il sera possible d'examiner comment le travail de la mémoire est nécessaire à ce même récit autobiographique, sans pour autant se révéler suffisant.

I. Définition des termes « se souvenir » et « récit autobiographique »

Il peut être utile d'opposer se rappeler quelque chose et se souvenir de quelque chose. Se rappeler est plutôt lié aux facultés rationnelles : intelligence, volonté ; alors que dans se souvenir, il existe un aspect involontaire, une coloration émotionnelle, ce qu'évoque l'usage de la préposition « de » qui introduit un complément indirect.

Les souvenirs sont des éléments de la « vie intérieure », un aliment pour la sensibilité qui les préfère souvent au présent et cherche à les fixer pour nier la fuite du temps. Le souvenir est donc lié à l'affectivité et aux émotions.

Le récit autobiographique est la mise en forme des souvenirs. Il recouvre des aspects aussi différents que le journal intime, les mémoires, la correspondance… autant de façons de raconter sa vie. Plus que tout autre, le récit autobiographique entretient un rapport complexe avec la réalité : l’auteur relate des faits qu’il a vécus mais avec un regard rétrospectif.

Le récit autobiographique n'est pas la biographie : Du grec bios « vie » et graphein « écrire », la biographie fait le récit d’une vie, généralement celle d’un personnage important. Elle est écrite à la troisième personne par un historien ou un journaliste.

Dans les mémoires, nous sommes plus près du récit autobiographique : une personne qui a joué un rôle important dans des événements historiques, comme témoin ou comme acteur, peut être amenée à écrire ses mémoires, pour témoigner ou justifier ses actes. Dans la Guerre des Gaules, l’empereur César fait le récit de ses conquêtes, à la troisième personne. Charles de Gaulle utilise le même procédé dans ses Mémoires de guerre. L’auteur raconte et explique le déroulement des événements en faisant part de sa vision personnelle des faits. Le « je » des mémoires est souvent moins central et moins intime que celui de l’autobiographie.

Dans les Mémoires d’outre-tombe, Chateaubriand est à la fois témoin (de la Révolution, du Premier Empire et de la Restauration) et acteur : il s’exile en Amérique puis s’oppose à Napoléon Ier. On peut observer qu’il transforme parfois les faits, les réinterprétant à son avantage.

Le récit autobiographique est profondément personnel, chaque projet autobiographique reste unique. Toutefois, les auteurs déclarent toujours, d’une façon ou d’une autre, leur volonté ou leur espoir de restituer leur vie dans toute sa vérité : la sincérité justifie l’entreprise. Jean-Jacques Rousseau écrit les Confessions (1782) pour « montrer à (ses) semblables un homme dans toute la vérité de la nature ». Alfred de Musset écrit les Confessions d’un enfant du siècle pour témoigner sur sa génération : « Un sentiment de malaise inexprimable commença donc à fermenter dans tous les jeunes cœurs. » Jean-Paul Sartre, dans les Mots, cherche à comprendre comment l’homme qu’il est devenu s’est construit dans l’enfance : « Usés, effacés, humiliés, rencognés, passés sous silence, tous les traits de l’enfant sont restés chez le quinquagénaire ».

L’autobiographie s’écrit en général à la première personne. L’auteur, le narrateur et le personnage principal sont en principe confondus. Le « moi » domine : les événements sont vus à travers lui.

Le récit autobiographique peut prendre la forme du roman autobiographique. L’auteur peut n’être pas satisfait de ce qu’il a fait ou vécu, rêver d’une autre vie ou vouloir donner de lui-même une image différente. Il transforme alors le passé, la fiction se mêle à la réalité, l’autobiographie devient roman. Le lecteur ne sait plus très bien où finit la réalité et où commence la fiction : dans son œuvre en trois volumes l’Enfant, le Bachelier et l’Insurgé, Jules Vallès retrace sa vie. Pourtant, il n’écrit pas en son nom propre : le narrateur s’appelle Jacques Vingtras et son enfance est sans doute plus noire que ne le fut celle de Vallès. Le Petit Chose d’Alphonse Daudet, Poil de carotte de Jules Renard, Vipère au poing d’Hervé Bazin en sont d'autres exemples.

Le récit autobiographique apparaît parfois dans le journal intime. Le journal, en principe, est secret. Il n’a pas d’autre destinataire que l’auteur lui-même. Aucune structure ne lui est imposée. L’écriture est libre. Le journal est parfois rédigé en style télégraphique. Il est généralement écrit au jour le jour, à la première personne et daté. Bien que confidentiels, les journaux sont souvent publiés, souvent après la mort de leurs auteurs. Choses vues rassemble ainsi des carnets, des souvenirs, des fragments, que Victor Hugo n’a pas eu le temps de retravailler.

Enfin la correspondance peut-être un support de l’autobiographie : l’auteur confie son histoire et ses pensées au destinataire. C’est le cas de correspondances célèbres, comme celles de Madame de Sévigné, de Gustave Flaubert, de George Sand.

Comme on a pu le voir, le récit autobiographique se coule dans des formes très diverses en fonction essentiellement des intentions qui président à sa rédaction.

II. « Se souvenir » est nécessaire

Le souvenir permet de conserver son passé ou de le retrouver, il permet de prend conscience de sa personnalité, de son évolution. C'est le chemin habituellement

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