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Relation Entre Le Sport Et La Politique

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Par   •  5 Avril 2012  •  3 283 Mots (14 Pages)  •  18 231 Vues

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Le mot sport viendrait du vieux français desport signifiant ‘’divertissement, plaisir physique ou de l’esprit’’. Il est essentiellement un loisir comme le corroborent les pratiques particulières, scolaires ou associatives. Néanmoins, son incontestable succès le rend très populaire, ce qui a contribué à l’installer dans l’espace public : le sport ne divertit plus des affaires sérieuses, désormais il en est une.

Il se décline en une multitude de disciplines qui se différencient notamment par leurs modes de pratiques, leurs conditions d’accès (obstacles climatiques, matériels, économiques, moraux...) ou leur attractivité. Ces distinctions entre disciplines ont façonné un paysage sportif qui rend compte des effets de mobilisation dans l’espace public (France-Italie en football dispose d’un capital médiatique supérieur à la même rencontre en ping-pong). Il est aussi notable que certains sports sont individuels quand d’autres sont collectifs, ce qui engendre des appréciations diverses par le public notamment en ce qui concerne les équipes nationales, véritables instances de représentations des peuples.

Les peuples, qui tous cultivent la pratique du sport, sont d’ailleurs l’élément déterminant du politique comme en témoigne l’appartenance des deux termes à un champ sémantique commun. De populus, le citoyen ayant droit de vote à politikè, l’organisation de la Cité, il n’y a en effet qu’un pas. Par ailleurs, parler de politique nécessite un détour par l’anglais qui propose trois traductions au terme français : politics, politic et policy renvoient respectivement à la politique, le politique et les politiques. Cette triple dimension permet d’aborder le lien entre sport et politique de manière stimulante et soulève plusieurs perspectives. En effet, appréhender conjointement ces deux notions suppose une observation et une analyse qui soient multilatérales. En ce sens, il s’agit d’explorer ce en quoi les deux sphères du sport et de la politique peuvent se recouper. La seconde sphère étant plus formelle et plus générale que la première, il semble intéressant d’orienter cette interrogation en se reposant sur des fondements politiques. Ainsi, peut-il y avoir une vision politique du sport ?

Au préalable, on rendra compte des points communs existant entre sport et politique. Ensuite, on identifiera à quel point le sport est intégré à la vie politique. Enfin, on soulèvera les indices allant dans le sens d’une formation de politiques et d’une politisation du sport.

I) Sport et Politique : des intérêts communs

A) Un rapprochement du sport et du politique

Naturellement dissociables, les domaines du politique et du sport partagent néanmoins des ancrages communs dans l’histoire et la conscience des sociétés occidentales. Afin d’éclairer les convergences les plus manifestes, on peut sélectionner deux périodes où celles-ci sont latentes et signifiantes, à savoir la Grèce antique et l’Allemagne nazie.

Le monde occidental puise largement ses pratiques et principes dans son héritage hellénique. Ainsi plusieurs domaines témoignent d’un éthos dont on a la trace dans la Grèce antique. Ceci est confirmé par la simple évocation de schèmes empruntés à cette civilisation : politique, démocratie, olympisme, gymnastique, éthique… De même, les anciens Grecs accordaient une origine divine au sport et croyaient à la prégnance des mythes sur la vie politique. On peut ainsi faire référence à Olympie, site qui fut d’abord un sanctuaire dédié à Zeus avant d’être le lieu où concouraient les membres des différentes Cités-états. Ces confrontations à Olympie constituent une trêve entre ces Cités-états et sont l’occasion de trêves entre les nombreux conflits qui les opposent. On devine ici l’influence hellénique quant à la représentation du sport comme espace pacifique.

Derrière ces deux schèmes sacralisés, on devine le mythe de la puissance de la force, de la virilité. La politique est une manière de vivre ensemble et donc de réguler les forces du groupe pour le rendre plus fort. De la même manière, le sport est une démonstration de prouesse (agilité, force, technique, vitesse…) dont l’issue est de décrocher la victoire. Même si elle avance masquée, on aperçoit une certaine violence derrière ces deux thèmes : celle-ci étant alimentée par les rapports de force qui la structurent traditionnellement.

En outre, la représentation athlétique des dieux et demi-dieux contribue à alimenter un idéal d’homme au physique travaillé dont le corps est synonyme de puissance et de virilité. Cette croyance se perpétue à travers les siècles, dans les divers sports ayant émergé, où les opposants combattent pour décrocher les honneurs de la victoire, la gloire du vainqueur autrement dit des symboles de domination. Ceci s’incarne dans le rêve hitlérien concevant que les athlètes allemands ressemblent aux athlètes grecs d’antan. Leni Riefenstahl, cinéaste officielle du régime nazi, profite de la tenue des Jeux Olympiques de Berlin en 1936 pour tourner Les Dieux du stade, film saturé de références à la mythologie grecque. Il s’agit de corroborer la représentation athlétique et esthétique de l’homme nouveau que veulent façonner les idéologues nazis. C’est par un jeu de schèmes variés (beauté, force..) et d’historicité confuse (références à l’aryanisme, à l’hellénisme) que se déploie la propagande. Cet exemple illustre par ailleurs la possible utilisation, voire instrumentalisation, du sport par le politique.

B) Les questions politiques peuvent être transcendées par le sport

Le sport, vécu comme sphère d’affrontement, comporte une dimension belliqueuse. C’est d’ailleurs dans cette perspective qu’ont été pensées les premières utilisations du sport à des fins politiques. Ainsi, la création de nouveaux Jeux Olympiques, réalisée par Pierre de Coubertin, surgit-elle lors d’une période de troubles géopolitiques sur la scène européenne. C’est donc pour tempérer les humeurs guerrières que l’on envisage un terrain d’affrontement alternatif, la scène pacifiée du sport jouant le rôle d’exutoire. Cette thèse est confortée par l’emploi d’un vocabulaire empruntant au champ sémantique militaire : victoire, stratégie, écraser l’adversaire, limogeage de l’entraîneur…

Le sport jouit également d’une dimension passionnelle et parfois même d’une puissance de représentation et d’identification. Odon Vallet observe le paysage du sport moderne à la lumière d’un renouveau religieux

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