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La Place-annie Ernaux

Note de Recherches : La Place-annie Ernaux. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  23 Décembre 2013  •  772 Mots (4 Pages)  •  6 993 Vues

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Depuis la parution de son premier roman aux éditions Gallimard en 1974, Annie Ernaux s’est taillé une place de choix dans le panorama littéraire français. La majeure partie de son oeuvre a été publiée il y a peu sous le titre Ecrire la vie dans la collection Quarto Gallimard aux côtés d’autres grands auteurs classiques. En guise de biographie de l’auteur, le texte a été enrichi d’un « photojournal », un mélange de photographies personnelles et d’extraits de journal intime, qui nous éclaire autant sur la vie d’Annie Ernaux que sur les lignes de force de son oeuvre. Le titre du recueil, Ecrire la vie, a été choisi par l’auteur lui-même. Il rend compte de l’entreprise d’écriture d’Annie Ernaux, qui rappelle dans une courte introduction :

Je n’ai pas cherché à m’écrire, à faire oeuvre de ma vie : je me suis servie d’elle, des événements, généralement ordinaires, qui l’ont traversée, des situations et des sentiments qu’il m’a été donné de connaître, comme d’une matière à explore rpour saisir et mettre au jour quelque chose de l’ordre d’une vérité sensible.

Au fil de son oeuvre, Annie Ernaux ne cesse en effet d’interroger le matériau autobiographique, de revenir sur son enfance dans un milieu populaire, de convoquer le souvenir des événements qui ont marqué durablement son existence pour en capter la part d’universel. Ce faisant, elle a initié un travail original, qui témoigne historiquement de la difficulté qu’il y avait dans les années soixante à gravir les échelons de l’échelle sociale en France. En quittant son milieu d’origine pour devenir professeur de Lettres, Annie Ernaux se considère comme une « immigrée de l’intérieur ». C’est grâce à l’écriture qu’elle dépasse cette « déchirure culturelle » fondatrice qui donne à son oeuvre des accents uniques : « (elle) importe dans la littérature quelque chose de dur, de lourd, de violent même, lié aux conditions de vie, à la langue du monde qui a été complètement le (sien) jusqu’à dix-huit ans, un monde ouvrier et paysan »(L’Ecriture comme un couteau, p.35). Ses premiers romans, Les Armoires vides, Ce qu’ils disent ou rien, La Place, pointent ainsi magnifiquement la souffrance et le sentiment de trahison qui habitent ces transfuges d’un genre si particulier.

Mais au travers de son expérience personnelle de la vie, Annie Ernaux dépeint aussi dans son oeuvre la condition féminine d’après-guerre. Ses récits révélent combien les femmes en France restent prises dans un carcan social, qui les dévalorise au profit des hommes. La femme gelée, en 1981, propose une analyse du mariage. Sous des dehors égalitaires, les maris continuent de tenir leurs épouses dans la servitude. Non seulement les femmes perdent en se mariant leur autonomie personnelle, mais elles perdent aussi la flamme qui leur faisait éprouver charnellement le désir de vivre. Leur corps est « gelé », inaccessible au plaisir sexuel, comme pris dans les glaces des devoirs maternels et conjugaux. Avec le récit esquissé d’un avortement dans Les Armoires vides, récit repris plus tard dans L’événement,Annie Ernaux se pose également en témoin d’un fonctionnement social, où les jugements moraux portés sur les grossesses illégitimes maintiennent les femmes dans un climat oppressant. Le corps des femmes, leur sexe s’apparentent ainsi à une prison intime, un

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