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En quoi l’évocation d’un monde très éloigné du sien permet-elle de faire réfléchir le lecteur sur la réalité qui l’entoure ?

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Par   •  14 Novembre 2012  •  1 767 Mots (8 Pages)  •  4 147 Vues

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En quoi l’évocation d’un monde très éloigné du sien permet-elle de faire réfléchir le lecteur sur la réalité qui

l’entoure ?

Quelques commentaires sur le sujet :

Le sujet était faussement facile. Il semble abordable dans une perspective thèse/antithèse schématique

(l’éloignement est nuisible/ l’éloignement est fructueux) mais se révèle bien plus ardu quand il s’agit

d’abord d’aller au-delà de ce choc frontal, mais également de détecter ce qui se joue.

Au fond la question me semble à la fois simple et difficilement soluble : comment s’assurer qu’une

argumentation est efficace ? Dès lors il devient difficile de fournir une réponse définitive, et ma proposition

de correction est évidemment le résultat non injonctif d’une élucubration à la fois pas très pensée

(insuffisamment en tout cas) et je le sais, hors de portée pour un lycée.

Alors qu’en retirer à son niveau d’élève?

• Sans doute d’abord l’idée que tout sujet portant sur l’objet d’étude « argumentation » peut et doit

s’appuyer sur des références larges, empruntant à tous les genres (roman, théâtre, fable …)

• et aussi qu’un sujet inscrit dans cet objet d’étude « argumentation » ne saurait se passer d’une

réflexion plus large sur la complexité du rapport entre un auteur et un lecteur. C’est le cas pour tous

les objets d’étude (poésie, mais aussi théâtre, cf. sujet de dissertation 2009 d’ailleurs) et je dirais

pour conclure a fortiori pour l’argumentation qui n’existe que si elle touche son destinataire.

CORRIGE PROPOSE :

Introduction

Quand Ionesco présente La cantatrice chauve au théâtre de la Huchette en 1950 il est persuadé d’avoir écrit une

tragédie qu’il veut glaçante, sociologique et didactique. Or le public parisien, loin d’y voir une dénonciation des

impasses communicationnelles et encore moins un apologue, y voit un farce divertissante. Qui aurait pu prévoir le

quiproquo entre l’auteur et le public avec une pièce si proche de son public ? – Un langage moderne et accessible,

des personnages si communs et universels jusqu’au cliché (des français nommés Martin et des anglais nommés

Smith, des couples mariés, lecteurs de journaux et des mangeurs de patates, bref rien d’extraordinaire) : on aurait

pu penser que cette proximité évidente entre des lecteurs et des personnages aurait aidé Ionesco à développer son

propos et à faire passer sa réflexion. Retournement de situation extraordinaire donc, qui montre que la réception ne

dépend pas forcément de l’émission et que ce qui est proche de nous ne marche pas davantage. Pourtant c’est une

idée bien ancrée dans les esprits, du temps de Beaumarchais déjà puisque ce dernier s’était plaint de la trop grande

inaccessibilité des personnages tragiques sous prétexte qu’un « paisible sujet d’un état monarchique » (du 18e ) ne

saurait comprendre les tribulations de héros romains ou athéniens...

Alors, l’évocation d’un monde très éloigné de nous permet-elle de faire réfléchir le lecteur sur la réalité qui l’entoure

c’est-à-dire qui lui est contemporaine et constitue son actualité à lui ?

Nous examinerons d’abord le cas où l’éloignement permet la réflexion, puis en quoi il constitue toujours un risque et

enfin, nous montrerons que si son utilité est établie, elle ne saurait constituer une condition sine qua non de la

réflexion.

2

I/ l’éloignement permet, rend possible la réflexion

1. L’éloignement peut être formel, et permet de contourner la censure : les fables de la Fontaine mettent en

scène des animaux sous forme versifiée, bref on est aux antipodes d’une démonstration attendue en prose

et qui porte sur des sujets polémiques proprement humains (le pouvoir, par ex.) et pourtant ce cadre formel

étonnant, loin de compromettre la réflexion, lui fait gagner en fluidité et en efficacité, tout en se donnant les

moyens d’outrepasser le regard des censeurs royaux.

2. L’éloignement peut constituer en la mise en place exotique, voire utopique d’une argumentation, et c’est

donc une réflexion par le détour (géographique mais aussi intellectuel) qui est proposée au lecteur : cf. Les

lettres persanes, Candide, le Supplément au Voyage de Bougainville. C’est sur la stimulation par l’implicite

(la comparaison plus ou moins claire entre ici et ailleurs) que repose la réflexion du lecteur. La distanciation

qui permet la réflexion rend aussi hommage à la complexité de la réflexion et valorise le lecteur qui y prend

pas : l’immédiateté d’un récit comme l’espèce humaine marque moins, touche moins de lecteurs, est moins

diffusée que le récit complexe et métaphorique de W ou le souvenir d’enfance, et pourtant le propos est le

même (dénoncer la déshumanisation et la barbarie nazie). Dans les lycées c’est l’anti-utopie de W qui se

trouve étudiée de façon systématique quant il s’agit de littérature nourrie de tragédie de la shoah. Le brut, si

ce

...

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