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« En Quoi L'oralité De La Lecture Diffère-t-elle De La Lecture Silencieuse Dans Le Rapport Lecteur/lecture ? » (Comme Un Roman De Daniel Pennac)

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Par   •  31 Juillet 2013  •  2 409 Mots (10 Pages)  •  1 314 Vues

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Nous travaillerons sur la partie du cours qui fait référence aux lecteurs et à la lecture, plus précisément sur la partie qui tend à expliquer en quoi la lecture est une pratique sociale. Toutefois nous ne proscrivons pas la possibilité d’avoir recourt à d’autres chapitres du syllabus. Nous partons d’une question relevée à la page 91 du syllabus qui nous est apparu pertinente : « Comment les gens s’approprient l’objet livre ? ». La question porte donc sur le lecteur et sur l’usage qu’il fait de la lecture. En somme, sur la réception du texte littéraire.

Or, les pratiques de lecture ont évolué dans l’histoire : comme il est écrit dans le support du cours, « la lecture s’est construite historiquement et socialement ». Et c’est sur ce point que nous avons voulu retenir notre attention, la question posée est porteuse de sens dans la mesure où il y a eu une évolution. Et nous pouvons d’ores et déjà dire que le passage de la lecture à voix haute à la lecture silencieuse en est surement une illustration déterminante. Cependant cette différence a-t-elle toujours un sens aujourd’hui ? Dès lors, on peut se demander : En quoi l’oralité de la lecture diffère-t-elle de la lecture silencieuse dans le rapport lecteur/lecture ?

Afin de répondre à cette question et principalement dans le but d’enrichir notre argumentation, nous avons choisi de nous concentrer sur l’œuvre de Daniel Pennac Comme un roman. En effet, c’est un essai qui traite de la lecture, du livre mais aussi du lecteur. Toutefois c’est un essai qui se lit justement « comme un roman » grâce à un style énergique et accessible. L’auteur s’attache à transmettre, à travers ce livre, le plaisir de la lecture sans effrayer. Il nous fait part de sa vision de la lecture et des phénomènes qui font que les jeunes lisent moins qu’avant. Il se met à la place de l’enfant effrayé à l’idée de devoir lire un « pavé » ou du parent lui aussi angoissé à l’idée que son enfant « n’aime pas lire ». Il nous parle de son expérience en tant que professeur de français, de comment il a réussi à faire aimer les livres à sa classe. Comme un roman est une ode à la lecture. Il examine avec force et sincérité les différents stades de la lecture et nous plonge dans nos pensées les plus profondes et les décortique afin d’en retirer nos jugements les plus intimes vis-à-vis de la lecture. Mais -et surtout en ce qui nous concerne-, dans cet ouvrage, à travers toute cette narration récréative, il défend le plaisir de la lecture à voix haute. Pour lui, « le plaisir de lire est avant tout communicatif ».

Ce livre va donc nous servir de support pour relater les différences entre la lecture à voix haute et la lecture silencieuse dans le rapport lecteur/lecture. Dans un premier temps, nous relaterons les différences qu’ils existent entre ces deux formes de lecture en s’appuyant sur un bref retour historique. Ensuite, nous étudierons la vision de D. Pennac quant à ces différences. Cependant, nous tacherons de relativiser cette opposition. Enfin, pour conclure, nous verrons les questions sociologiques qui en découlent.

Jusqu’au Vème siècle, la lecture était caractérisée par la tradition orale, tant au niveau de la diffusion des savoirs que pour celui du divertissement. La lecture était donc synonyme de partage entre un lecteur et son auditoire. La généralisation du livre comme support et l’invention de l’imprimerie en 1450 favorise fortement la diffusion des ouvrages et permet ainsi une plus grande facilité d’utilisation dans la sphère privée. L’Auditeur entre dans un acte de lecture et devient un lecteur à part entière, il a donc sa propre réflexion, son propre rythme et ses propres comparaisons. La lecture passe ainsi du statut d’activité collective à celui d’occupation personnelle et privée.

Dès lors, nous pouvons établir la spécificité de la lecture orale. Ainsi comme nous l’avons vu précédemment, celle-ci se rapporte majoritairement à la période dite de l’Antiquité (référence à Homère par exemple). A cette époque bon nombre d’individu sont illettrés, la lecture à voix haute est donc un procédé pour se tenir au fait de la vie en société. De plus, la quasi-inexistence des supports rend primordiale cette forme de passation de la connaissance par l’oral. Quant à la lecture silencieuse, elle est marginalisée. La forme scriptio continua ne favorise pas une lecture aisée, ainsi l’oralité sert à la compréhension d’un texte grâce à une meilleure perception auditive que visuelle. L’écriture n’est qu’un support quant à la compréhension d’un texte. En somme, c’est une notion inachevée si elle n’est jointe à la parole. Les orateurs visent une lecture expressive, la lecture et par conséquent le texte, ne peuvent exister qu’au travers du son afin d’acquérir une renommée, une entité. Au départ, la lecture s’effectue à voix haute et s’exécute au sein d‘une collectivité. L’oralité crée une forme de communauté entre les individus : il partage un même texte au même moment, c’est un partage d’émotion en simultané, une sorte de « bovarysme » comme le dit D. Pennac. Cependant la lecture orale n’a pas disparu avec l’arrivée de l’imprimerie et l’accroissement de l’alphabétisation. Les réunions de lecture, les salons littéraires du XVIIIe siècle, les cours en auditoire, les théâtres ou encore les histoires racontées aux enfants sont des dispositions nouvelles, des descendances de l’oralité passée.

La lecture silencieuse ne renvoie pas aux mêmes usages. En effet, avec la multiplication des ouvrages et donc des supports, l’importance de la transmission de la culture par l’oral n’est plus un point essentiel dans les sociétés. Les livres laissent des traces, ils conservent les savoirs d’une collectivité sans la crainte d’une « perte de connaissance ». Ainsi le lecteur peut subordonner à la lecture groupale une lecture plus personnelle. La lecture silencieuse lui permet de se calfeutrer dans un monde bien à lui où se formeront ses idées, ses incompréhensions et où se développera son imaginaire. Le lecteur peut produire son propre rythme sans être enchaîner à celui de l’orateur. L’acte de lecture est plus intime et moins touché par la rhétorique. De plus, l’agissement n’est plus le même : l’oralité entrainait une sorte de passivité tandis que la lecture silencieuse oblige le lecteur à une forme de concentration supérieure afin de faire un lien entre les graphèmes et le sens. En somme, la lecture silencieuse reflète l’intimité du moment de la lecture.

Et dans son ouvrage, D. Pennac nous livre ses impressions quant à la lecture sous toute ses formes, qu’elle soit orale ou silencieuse. Toutefois,

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