Culture De Communication
Dissertation : Culture De Communication. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar libelule • 9 Avril 2014 • 576 Mots (3 Pages) • 1 779 Vues
Quand il évoque la difficulté de pouvoir suspendre ses liens sociaux, ne serait-ce que le temps d’un
week-end, afin de faire face à la course temporelle de son existence, le sociologue Harmut Rosa ne
sait pas qu’il convoque là une première facette de la solitude, celle codée comme « ressource » et
comme reflet ultime du sujet autonome. Ponctuel, impulsé voire maîtrisé par l’individu, ce face-à-soi
se niche de façon transversale au coeur de l’intégration sociale. Dans son versant 5 positif, il
s’apparente à un interlude recherché, dont l’objectif est de faire le « plein de soi » nécessaire au
renouvellement de sa force motrice : cette forme de solitude est considérée comme une condition du
développement personnel et du dépassement de soi. Il s’agit donc là d’une solitude socialement
valorisée, car individuellement maîtrisée, telle que l’incarne aujourd’hui la figure du navigateur, de
10 l’artiste ou du randonneur. C’est d’ailleurs le développement social de cette solitude créatrice que
Jacqueline Kelen appelle de ses voeux.
Pour autant, parce qu’il répond à la nécessité du dépassement de soi dans des univers de compétition
sociale, ce sentiment ponctuel de solitude s’incarne également dans des formes plus diffuses, moins
choisies ou maîtrisées : elle peut survenir au coeur de collectifs de travail, induite par des modes
15 contemporains de management mêlant exigence du don de soi et incertitude quant à la stabilité de
l’emploi ; elle descend également les âges, sécrétée au sein de la société française par une
compétition et une pression scolaire précoces, dès l’adolescence, voire l’enfance. Elle correspond en
quelque sorte à un « vertige » lié à la mise à l’épreuve de soi et à la mise en jeu renouvelée des vies,
accentuées par l’horizon d’une possible chute sociale. Elle s’inscrit ainsi dans les interstices de
20 parcours individualisés et mobiles : portée par les dynamiques récentes du capitalisme, qui mettent
en discontinuité les vies professionnelles tout en appelant à la productivité, cette expérience renvoie
également à la double norme d’autonomie et de responsabilité au sein des existences.
Quand ce « vertige » se traduit par un retournement effectif des itinéraires, il ouvre sur une autre
forme de solitude. Induite par la radicalité d’une rupture de vie – familiale ou sociale –, elle
25 confronte l’individu aux normes et aux aspirations, personnelles ou collectives, dont il s’écarte. Le
«
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