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Commentaire du roman Bel-Ami de Maupassant

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Par   •  13 Février 2013  •  2 071 Mots (9 Pages)  •  2 431 Vues

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Bel-Ami de Maupassant : trajectoire d’un journaliste dans les débuts de la Troisième République

Introduction

Bel-Ami a été publié en 1885, soit quatre ans après la loi de 1881 sur la liberté de la presse, qui a permis une libéralisation du régime de surveillance de la presse (les délits ne sont plus jugés aussi sévèrement qu’auparavant).

Bel-Ami présente l’ascension fulgurante de Georges Duroy dans la société et l’univers de la presse, au début des années 1880. Le héros est arriviste et use des alliances féminines pour faire fortune et s’imposer dans le journal et dans la société.

Problématique : Bel-Ami appartient bien à cette littérature de la deuxième moitié du 19e siècle, qui met en scène le versant négatif de la révolution de la presse, où dominent la vénalité et l’opportunisme. Cependant, Maupassant semble choisir d’infléchir sa satire vers le cynisme, en présentant le récit d’une ambition récompensée et non punie.

Plan

I. Bel-Ami et Maupassant : un double négatif ?

1. Points communs

2. Divergences

3. L’ascension fulgurante de Georges Duroy

II. La presse comme organe de pouvoir

1. La recette du succès

2. Le triangle du pouvoir : presse, politique et argent

III. Le monde de la presse comme coquille vide

1. Le triomphe des apparences

2. Georges Duroy, un personnage vide

I. Bel Ami et Maupassant : un double négatif ?

1. Points communs

Pour écrire Bel-Ami, Maupassant s’est servi de sa propre expérience du journalisme. Il entre en effet en 1881 au Gaulois et à Gil Blas (feuille légère traitant des échos du monde et du demi-monde) et collabore de temps en temps au Figaro. Comme Georges Duroy, il écrit des comptes rendus sur la colonisation en Algérie (cf. Lettres d’Afrique publiées dans Le Gaulois, dans lesquelles Maupassant dénonce la colonisation et l’incurie du gouvernement français).

= Réalisme du roman, dans lequel beaucoup de détails font vrai :

Par exemple :

Les salaires de Bel-Ami ressemblent à ceux que Maupassant pouvait toucher : au début, quand Duroy débute, il touche « deux cents francs par mois de fixe, plus deux sous la ligne pour les échos intéressants de ton cru, plus deux sous pour les articles qu’on te commandera sur des sujets divers » (p. 91).

Le panorama de la société fin de siècle. Monde politique, intrigues financières. Expansion coloniale (dans le roman, l’affaire de Tunisie devient l’affaire du Maroc). Importance de l’expansion économique et du profit à tout prix, qui correspond à la célèbre phrase de Guizot : « enrichissez-vous ».

Des éléments de la vie quotidienne : beaucoup de détails vrais qui donnent des informations sur la vie en cette fin de 19e siècle. Par exemple : un bock de bière sur les boulevards coûte 20 sous et un repas 1,40 franc.

> Cet arrière-plan réaliste compense le côté irréaliste de l’ascension irrésistible de Duroy. On peut remarquer la prédominance de la dimension économique dans ce réalisme.

En outre, Bel-Ami peut se lire comme un roman à clés :

Walter = Arthur Meyer, directeur du Gaulois

La Vie française = Gil Blas, plus que Le Gaulois

Norbert de Varenne = Théodore de Banville (poète parnassien, 1823 – 1891)

Madeleine Forestier = Léonie Léon, égérie de Gambetta

2. Des différences notables

- Les qualités de journaliste et d’écrivain

Maupassant, dans sa réponse aux critiques sur Bel-Ami (en particulier, critiques de Francisque Sarcey ou d’Aurélien Scholl, intitulée « Vilain Ami ») écrit : « Est-il en réalité journaliste ? Non […]. J’ai soin de dire qu’il ne sait rien, qu’il est simplement affamé d’argent et privé de conscience […]. Il n’a aucun talent. C’est par les femmes seules qu’il arrive. Devient-il journaliste, au moins ? Non. » = Bel-Ami n’est pas un roman naturaliste, Georges Duroy n’est pas un type mais un individu.

A l’inverse, Maupassant se considère comme un écrivain et un journaliste. C’est un chroniqueur talentueux, contrairement à Bel Ami qui fait rédiger ses articles par Madeleine Forestier et est incapable d’achever la série des Souvenirs d’un chasseur d’Afrique. Dans ses Lettres d’Afrique, Maupassant inaugure une pratique du reportage. Enfin, il se sert du journal comme d’une tribune et n’hésite pas à y dire des vérités gênantes.

- La vision de la presse

Maupassant a lui-même une sorte de conception élitiste de la littérature et n’est pas sans mépriser une certaine presse facile. Il s’insurge ainsi contre la dimension mercantile du journal : « Toujours dans notre pays, le journal tâche de s’abaisser au niveau du public au lieu d’essayer de faire comprendre au public des choses plus hautes. Il est vrai qu’il n’a pas de mal à s’abaisser tandis qu’il en aurait beaucoup à rendre le public intelligent. » (Lettre à sa mère).

3. La trajectoire de Duroy

Bel-Ami gravit différents échelons dans la hiérarchie du journal :

Il est d’abord reporter pour les Échos

Les Échos : il s’agit d’une information obtenue par des procédés plus ou moins honnêtes, qui renseigne le lecteur sur ce qu’il ne connaît pas, sur les coulisses des grandes affaires. Pour Walter, les échos constituent « la moelle du journal ». C’est par eux qu’on lance des nouvelles, qu’on fait courir des bruits, qu’on manipule le public.

Ancrage du roman dans l’actualité : la loi de juillet 1881 permet l’essor des petites feuilles comme La Vie française, on peut désormais tout publier et les rubriques comme celles des échos connaissent un franc succès.

Il devient ensuite chef des Échos

« L’homme qui les dirige et qui commande un bataillon de reporters doit être toujours

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