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« L’Ordinatio Imperii », Louis le Pieux : 823-825

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Par   •  16 Octobre 2014  •  3 402 Mots (14 Pages)  •  5 820 Vues

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« L’Ordinatio Imperii », Louis le Pieux : 823-825.

Il est important de rappeler que Louis le Pieux succède à son père Charlemagne, à sa mort en 814. Il hérita de tout l’Empire franc uni géographiquement car ses deux frères étaient morts avant leur père. De part la disparition de ses fils, l’empereur Charlemagne avait associé Louis à l’Empire en 813, sachant qu’il était déjà roi d’Aquitaine depuis 781. Le règne impérial de Louis le Pieux, qui dura de 814 à 840, fut secoué de graves troubles successoraux, c’est ce qui nous permet de distinguer deux périodes au sein de son règne. Tout d’abord de 814 à 825, il est un souverain respecté à la tête d’un puissant empire, mais de 825 à 840, son règne est en proie à de nombreuses crises de succession qui morcelleront l’Empire. Il est important de noter que l’année 823 voit un évènement majeur se produire avec la naissance, de Charles (futur Charles le Chauve), issu du second mariage de l’empereur, qui remet en cause l’Ordinatio Imperii de 817 et déclenche les troubles successoraux.

C’est dans ce cadre que se place le texte extrait de l’ouvrage d’A.Boretius, le Capitularia regnum francorum, datant de 823-825, où il retranscrit en deux tomes des capitulaires. Il fut rédigé en latin entre 1883 et 1897, l’ouvrage de Boretius reprend l’idée de l’abbé Anségise de saint Wandrille (823 après Eginhard) de rassembler les capitulaires en livres (les libelli) pour que les lois ne soient pas perdues. Alfred Boretius présente le capitulaire en 26 chapitres mais ici nous n’en verrons que 8.

Les Capitulaires sont des décrets préparés par des commissions de laïques et d’ecclésiastiques et promulgués par le souverain lors d’une allocution publique. Ils sont ensuite mis par écrits et diffuser auprès des fonctionnaires qui sont chargés de les faire connaître par tous les habitants de l’Empire auxquels les capitulaires s’appliquent. Ceux-ci peuvent traiter de paix, d’économie, de défense ou de religion dans le cas présent. Ici il s’agit de régir l’ordre social ainsi que le rôle de l’Eglise dans la société.

Ce qui nous amène à nous demander comment l’extrait du capitulaire nous laisse à voir un empereur qui tente d’imposer son pouvoir à ses auxiliaires, nous dévoilant par là même les faiblesses de l’organisation politique de l’empire. Nous répondrons à cette interrogation en suivant trois points principaux, en montrant dans un premier temps l’organisation ecclésiale de l’empire, puis dans un deuxième temps la mise en place d’une « vassalité » et enfin en troisième lieu la constitution de l’Empire.

I/ Une organisation ecclésiale de l’empire

a) Un roi pieux.

L’Empereur Louis le Pieux était, comme son surnom l’indique, réputé très pieux et ce jusqu’à son organisation du pouvoir. Cela est visible dès le préambule, « après avoir été élus par Dieu pour cela » (l.3). Dès ce moment là, on s’aperçoit qu’il se considère comme le représentant de Dieu sur terre et a été élu par lui afin de faire respecter la volonté divine en son empire. Il voit en chaque chose positive qui arrive au sein de l’empire comme un présent de Dieu ou sa contribution au bon fonctionnement de l’empire, notamment avec l’emploi de formule telle que « par la miséricorde divine » (l.6) ou « la divine Providence » (l.9-11) ou encore « avec l’aide de Dieu » (l.13-18).

On note un profond respect pour l’Eglise et pour Dieu par sa grande piété qui l’amène en 816 à se faire couronner et sacrer une seconde fois par le pape Etienne IV à Reims. Il renonce à sa titulature de « roi des Francs et des Lombards » au profit de « par la providence divine, empereur auguste », nous plaçant face à l’abandon de l’idée laïque du pouvoir. Au sein du texte c’est par l’emploi de la formule « seigneur empereur » (l.9-19) surtout que cela nous ai perceptible.

Un autre élément est important à noter dans cet objectif, de part l’emploi de phrases comme à la ligne 4 « veillèrent […] à ce que soient maintenus l’honor de la sainte Eglise de Dieu » en parlant de lui et de ses prédécesseurs. Mais également « la défense, l’exaltation et l’honor de la sainte Eglise de Dieu et de ses serviteurs » (l.14-15). Ces phrases font référence à la promesse faîte lors du sacre ainsi que l’engagement pris par les rois francs de protéger l’Eglise des « barbares », « nous prenions soin de la sainte Eglise » (l.12) et d’assurer son expansion dans l’Empire, notamment lors des conquêtes.

b) Le rôle des évêques.

Du fait de ces engagements envers l’Eglise, l’Empereur Louis le Pieux à s’entoura d’un véritable gouvernement de clercs. Les principaux ecclésiastiques étaient Benoit d’Aniane, qui venait de Septimanie, et était à l’origine de la réforme monastique de 817 ; Agobard, archevêque de Lyon, nommé par lui en 816 ainsi que l’abbé de Corbie Adalard et son frère, le moine Wala qui trahit l’empereur à la fin de son règne pour Lothaire.

A la ligne 28-29, l’empereur confirme sa position de supérieur aux clercs par la phrase « l’admonition du seigneur empereur aux Evêques ». Malgré cela, ce capitulaire nous montre l’importance que reconnaît l’empereur aux Evêques, qui leur donne le rôle de guides spirituels au peuple : « qu’ils montrent le chemin de vie aux peuples qui leur sont confiés » (l.27-28). L’empereur tente nettement d’avoir plus de pouvoir que les Evêques en les cantonnant au respect de leur fonction et de leur lieu de domiciliation, le « ministère sacré » (l.26) ou encore « dans des monastères établis en leur diocèse la saint religion soit observée » (l.28-29).

On comprend nettement les liens très étroits entre l’Eglise et l’Empire. Mais on peut y voir également une source d’empiètement sur le pouvoir impérial. Cela apparaît comme une faiblesse car c’était impensable sous Charlemagne. Nous avons plus l’impression que l’empire est une partie de l’Eglise. L’appui sur les clercs peut apparaître comme une force et un soutien désignés comme « nos vrais auxiliaires » (chap.4) mais l’empereur est influençable et montre une faiblesse face à ses conseillers ecclésiastiques. Ceux là même qui en 822, lui imposèrent une pénitence publique à Attigny pour avoir brûlé les yeux de son neveu Bernard, roi d’Italie, qui mourut peu après, où l’empereur demande pardon en public.

c) La position de l’Eglise.

Tout au long du

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