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Professeur Jean-Robert Pitte

Lettre type : Professeur Jean-Robert Pitte. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  19 Mars 2014  •  Lettre type  •  1 038 Mots (5 Pages)  •  819 Vues

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Le professeur Jean-Robert Pitte écrivait en 1995 que « l’histoire et la géographie entretiennent en France des rapports de couples orageux ». Les Français affectionnent traditionnellement les oppositions et les différences. Ils aiment opposer la droite à la gauche, le rugby au football, la croissance à la crise, l’histoire à la géographie. Il est vrai qu’historiens, géographes et naturalistes se reprochent mutuellement de ne pas satisfaire aux nécessités de la complémentarité.

Les géographes remettent en cause le poids de l’histoire dans les différentes instances de l’enseignement histoire-géographie et le savoir érudit trop éloigné des préoccupations concrètes et présentes d’une société en rapide mutation (Jean-Robert Pitte toujours). Les historiens voient dans une forme de géographie actuelle l’emploi abusif de concepts complexes et peu accessibles aux non-initiés. Quant aux naturalistes, ils reprochent aux deux de ne pas suffisamment corréler évènements et aménagements aux phénomènes naturels du passé et aux contingences naturelles du présent. Cette situation peut apparaître bien paradoxale car la complémentarité de l’histoire, de la géographie et de l’histoire naturelle constitue une permanence de la culture française car les trois favorisent depuis des siècles, et surtout depuis l’époque moderne, la formation des élites, la représentation et la consolidation du territoire politique, la construction de l’État-nation. En particulier, la manière d’exprimer cette complémentarité s’est développée dans la géographie historique dont les origines apparaîtraient dès le xvie siècle. Celle-ci semble avoir toujours existé et incarne même au xixe siècle la pratique géographique au côté de la géographie physique.

Malgré les différends qui ont opposé historiens et géographes après la Seconde Guerre mondiale, la géographie historique n’a jamais cessé d’être représentée par de grandes figures de la géographie française. Par ailleurs, si elle semble avoir toujours existé, elle n’en demeure pas moins méconnue et mal aimée, dans la recherche comme dans l’enseignement secondaire ou supérieur. On assiste cependant, aujourd’hui, à un regain d’intérêt pour cette pratique de la géographie en France lié à l’évolution et aux exigences d’une société obligée de respecter de nouvelles normes juridiques dans l’aménagement du territoire et de l’urbanisme. Pourquoi la géographie historique est-elle si méconnue alors qu’elle suscite un nouvel intérêt aujourd’hui ?Les origines de la géographie historique en France sembleraient apparaître dès le xvie siècle dans l’enseignement jésuite. Cet enseignement ne fait pas la distinction entre l’histoire et la géographie dans un contexte où les notions d’État, de frontières naturelles et d’espace administratif se construisent au sein du pouvoir royal. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, comme le souligne Jean-René Trochet, le développement des travaux d’érudition des textes médiévaux par un corps de spécialistes participe également à cette complémentarité. Les savants reconstituent les anciennes circonscriptions territoriales et déchiffrent le sens des noms de lieux de sorte que se met en place une sorte d’histoire de la propriété et de l’occupation du sol en France1.À partir du début du xixe siècle, cette première forme de géographie historique entre dans une phase d’essor sous l’influence de la pensée allemande. La conception espace-temps des géographes prussiens participe à la formation des élites militaires et politiques germaniques. Elle s’appuie sur une approche globale du sujet

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