Version, mon premier entretien d'embauche

Td Version

                                                                          TEXTE 2

                                                   Mon premier entretien d’embauche

Il est assis sur une énorme table et il ne fait même pas mine de se lever quand je rentre dans son bureau. Il se contente juste de serrer la main. Il a les yeux bleu porcelaine qui s’accorde avec la couleur de sa cravate, les cheveux blonds paillent, des joues roses et le nez pointu d’un canon intrigant. Son aspect, dans l'ensemble général, est affable. Nous verrons, toutefois, ce qui va arriver à partir de maintenant. Il m’invite à prendre une place, il referme son sourire et il se présente comme H.J. Kruger, Directeur des ressources humaines. Il parle avec un léger accent étranger en traînant sur les erres et en avalant les voyelles. Il veut clarifier dès le début que les méthodes qu’il utilise pour sélectionner les futurs employés de la Banque sont assez hétérodoxes et que notre entretien va être assez long. J’aurai à répondre à toutes les questions qu’il me posera, même celles qui pourront me paraître trop intimes, sans cacher aucun détail (même pas les insignifiants) parce que dans n’importe quels de ses détails peut se cacher l’élément prouvant. Il a mon dossier sur la table, mais il me demande de lui répéter quelques informations personnelles.

Enfin, le grand moment est venue. Je lui dis que je m’appelle Juan D., que je viens d’avoir la trentaine d’âge, que j’ai perdu mon père quand j’étais encore un enfant et que je vis avec une mère qui m’idolâtre, mais qui me rend la vie impossible.

Krugger consulta brièvement le dossier et il demande comment c’est possible que je n’aie même pas fini mes études primaires. Je lui dis que ma mère m’a fait quitter l’école avant mes huit ans, pour me libérer des autres enfants, qu’ils se contentaient en me cassant les cahiers et en me piquant avec les compas. À partir de ce moment, c’est elle qui s'est chargé de mon éducation personnellement, en suivant les mêmes manuels que j’aurais utilisés dans l’école, mais en leur donnant, peut être, une interprétation vachement personnelle.

TEXTE 3

J’ai vu la rue d’Atocha, le coin où Andrade a traversé de l’autre côté, s’arrêtant un instant pour m’attendre, comme s’il souhaitait que sa mort n’ait pas lieu sans témoins, j’ai vu le néon vert pâle des panneaux des magasins et la lueur blessante des boucheries du passage Doré […]

Le taxi avait traversé la Gran Vía et il empruntait une rue qui m’avait l’air d’être  Valverde. J’ai décidé qu’au moment de rencontrer la jeune fille je ne lui raconterais pas la mort d’Andrade […]. J’ai demandé au conducteur d’accélérer, comme si la distance pouvait me sauver du pressant souvenir. A l’instar de celui qui ne peut pas dormir, écoute des rumeurs de menace, et resserre les paupières en se glissant sous les draps, je fermais les yeux parce que les lumières saccadées  de la rue me donnaient le vertige, et quand j’ai cru qu’on était déjà arrivé à la boîte,  je les ai ouverts à nouveau, j’ai ressenti une commotion de douleur et de reconnaissances dans la mémoire si faible au début comme le tintement d’une petite cuillère sur le cristal d’un verre, provoqué par l’onde expansive d’un tremblement de terre lointain. Je ne me souvenais pas d’avoir vu cette place mais je la connaissais. […].

...