Une ville comme un corps étranger

Une ville comme un corps étranger

Vienne était construite pour toutes sortes de choses, mais non pour devenir la capitale d'un mini pays. Sebastian Kurz utilise la division entre la ville et la campagne dans la compétition électorale.

Vienne et le reste de l'Autriche ne se sont jamais trouvé si bien l'un à l'autre. D'une part la "tête d'eau", une ville de plus d'un million d'habitants, une métropole internationale et l'unique centre politique d'un petit Etat. D'autre part, justement cette petite république claire. Sebastian Kurz, lui même Viennois, joue avec cette opposition, il veut utiliser l'antipathie des vis-à-vis de la capitale et renforcer l'image dominante de la métropole : Il sont nombreux à avoir réfléchi à déménager dans un autre arrondissement/comté car ils se sentaient désormais étrangers dans leur rue, disaient-ils. Que Vienne se trouve en première place des villes les plus agréables pour vivre ? Ca leur était égal. Que l'organisation urbaine de Vienne a depuis 100 ans promu le mélange social et empêché une large ghettoisation ? Peu importe. Ainsi on entend souvent en période de campagne électorale que Vienne serait un dépotoir, traversé par les conflits sociaux et envahi par les réfugiés et l’islamisme politique.

Sebastian Kurz veut profiter de cette atmosphère/ambiance lors des élections du conseil national de dimanche. Il sait que Vienne et le reste de l’Autriche divergent politiquement : en ville c’est le SPÖ qui domine, à la campagne c’est l’ÖVP domine. Qui cherche les rencontres avec Sebastian Kurz à Vienne, trouve difficilement. La campagne éléctorales fait la tournée de tous les länder, du lac de Constance au lac de Neusiedler - autour de sa propre ville natale Kurz décrit un arc de cercle. Pour cela il se présente, afin de faire la promtion de son coté rural, à la ferme de ses grands où aurait en effet grandi. [...]

Après la deuxième guerre mondiale [...], le parti populaire (ÖVP) conservateur dominait chaque sommet de la montagne et les plus grandes villes - à Vienne seulement, cela ne leur réussissais jamais aussi bien. Lors des élections de conseils municipaux passées, les conservateurs n'atteignaient même pas 10% des voix - le FPÖ au contraire avait bien 30%. Le centre droit réussit aussi bien sur le Danube, les conservateurs moins. La ville restait un corps étranger en Autriche. Vienne était conçue pour toutes sortes de choses, mais non comme la capitale d'une si petite république alpine.

La capitale resta le bastion de la social-démocratie, là elle y gagna ses élections. Des huit millions d'habitants de l'Autriche plus de deux millions vivent dans l’agglomération de Vienne. Les médias, la politique et la culture se concentrent pour la plupart là-bas, les autorités administratives de l'union ont leur siège presque exclusivement à Vienne, seulement 4 des 68 postes de subordonnés ministériels se trouvent en dehors de la capitale. Ceux qui déménagent en Autriche, vont en réalité presque toujours à Vienne - ou tout du moins dans ses banlieues aisées. Et pendant que l’agglomération s’agrandit, d'autres régions sont abandonnées.

Les pouvoirs publics se retirent depuis la fin des années 1990 de plus en plus de la province, à la faiblesse de structure de certaines régions, on répondait par une rationalisation, des bureaux de poste étaient fermés et les tribunaux cantonaux étaient regroupés. Les emplois les plus qualifiés émigraient. Des régions entières étaient plus ou moins livrées à elles-mêmes. Cela vaut pour l’Autriche comme pour des parties de l'Allemagne de l'Est ou de la France.

Pour voir ce que cela signifie politiquement, il suffit de considérer les résultats des élections fédérales passées : Là où l'émigration frappe violemment et où les populations sont dans en surnombre, c’est Norbert Hofer, le candidat populiste de droite du FPÖ qui gagnait. Et dans les régions de concentration, où l'Autriche grandit/augmente, c’est Alexander Van der Bellen qui gagnait - avant tout à Vienne.

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