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Texte De Présentation De Soutenance

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Par   •  24 Septembre 2014  •  2 916 Mots (12 Pages)  •  1 487 Vues

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Depuis ma maîtrise sur les canaux de la ville de Paris jusqu’à ma thèse, une question m’a habitée : celle de la nature.

Mais qu’elle est cette nature ?

Celle que l’on rêve lorsqu’on se promène sur les bords du canal Saint-Martin ? Celle que l’on transforme lorsque l’on coupe les palétuviers pour récupérer les huîtres qui viennent se ficher sur leurs racines ? Ou bien celle que l’on dit frappée de disparition depuis 40 ans et qui pourtant est toujours si prolifique dans le Sud de la Guyane ?

Approchée par l’imaginaire, les pratiques, le discours et la politique, la nature présente différents visages.

Lorsque, en maîtrise, j’ai tenté de l’aborder par l’imaginaire qu’elle suscite, il m’a semblé qu’elle ne devenait plus qu’un support. Comme un miroir, elle disparaissait sous l’image qu’elle rendait possible.

Lorsque j’ai voulu comprendre les pratiques qui la transforment, dans mon DEA, je me suis tournée vers les relations sociales qui construisent ces pratiques. A nouveau, elle perdait consistance à mesure que je tentais de m’en approcher.

L’objectif majeur de ma thèse a été de construire une recherche sociologique d’où la nature ne se soit pas dérobée.

Ma première expérience en Guyane pour la saisir, s’est déroulée dans le village de Kaw qui se trouve dans une réserve naturelle à 80 Kms de Cayenne. Après y avoir séjourné 1 mois, interrogé les 20 personnes qui soit habitent ce village, soit gèrent la réserve et ses activités humaines, ou encore développent le programme de recherche qui s’y déroule, j’avais, sans le savoir encore, posé les bases de mon approche de la question de la nature en Guyane.

Habitants, gestionnaires, scientifiques, l’assemblage de ces trois points de vue à travers le temps, voilà le socle qui m’a amené à comprendre le processus qui a fait de la nature un point nodal et de ce fait lui confère une existence.

Il me fallait outiller sur le plan théorique et méthodologique cette première approche exploratoire. Je me suis alors appropriée le travail de Latour, dont l’intérêt majeur est qu’il analyse dans un même mouvement, recherche scientifique, politique de la nature, constitution et transformation d’un collectif.

En effet, sa théorie sociologique s’est construite par une analyse de la science comme pratique professionnelle. Elle la relie à d’autres activités et la positionne ainsi comme une médiation entre la nature et la société. De ce fait, cette approche ne partage pas la nature en différents segments (les représentations qu’elle suscite, les pratiques qui s’y déploient, sa gestion, ou encore les connaissances qui s’y construisent).

Bien au contraire, elle l’insère dans un processus, où la science tient une place de choix, par sa capacité à nouer des liens entre des éléments naturels, des instruments techniques et des acteurs (Latour, 1984 ; Callon, 1986).

Selon cette approche, les scientifiques ont la capacité de devenir les porte-parole des êtres qu’ils étudient, qu’ils soient naturels ou sociaux. En effet, la qualité de ce qui est représenté ne serait pas déterminante, contrairement au nombre et à l’unicité des représentants.

Il est vrai que les porte-parole d’êtres naturels et sociaux se comportent de manières remarquablement similaires. On note par exemple le parallèle entre les propositions de réserves naturelles faites par un botaniste pour la faune et la flore dans les années 70 et les propositions de réserves foncières pour les amérindiens faites par un ethnologue, une décennie plus tard. Quelles que soient les différences entre ceux qu’ils représentent, ces deux porte-parole mobilisent une même forme de protection, la réserve.

Mais, si les porte-parole peuvent adopter des comportements similaires, en revanche, la qualité des êtres représentés affecte les modalités possibles du rapport avec le représentant.

Un cas emblématique est celui des amérindiens. A partir du milieu des années 80, le porte-parole scientifique, l’ethnologue, est doublé par l’émergence d’un porte-parole politique, amérindien lui-même. De ce fait, les porte-parole de cet objet perdent leur unicité. Le rapport entre représentant et représentés a donc été affecté par la qualité de ces derniers.

De la même manière, l’être naturel mercure amène ses porte-parole au centre des discussions sur le projet de parc. Cela tient à ses propriétés intrinsèques, à savoir, sa capacité à amalgamer l’or et sa toxicité pour le corps humain. Ces propriétés, du fait de leur caractère hybride, vont situer ces porte-parole et le mercure au centre des relations entre être naturels et êtres sociaux et les recomposer. Là encore, la qualité de ce qui est représenté, affecte le rapport entre représentant et représentés.

Ainsi, se centrer sur la pratique scientifique permet de rendre compte de la manière dont l’existence de la nature est construite et consolidée dans notre société, mais ne permet pas d’en saisir la consistance. Pourtant, dans tout espace naturel protégé, l’un des moteurs de l’action est bien le présupposé que la nature s’incarne dans cet espace. Je devais donc associer cet outil théorique à un autre qui redonne sa consistance à la nature (consistance : lat. consistere : se tenir ensemble).

Les travaux de Descola, notamment Par-delà nature et culture, ont alors considérablement complété ceux de Latour. Il définit en effet comment la manière d’inclure la nature dans notre existence individuelle et collective, affecte celle-ci.

Le choix collectif de circonscrire un espace et de lui attribuer le rôle de maintenir intact la nature, c'est-à-dire mener une politique de protection d’espace naturel, est bien la manière dont la nature du sud de la Guyane est censée s’inclure dans le collectif guyanais. Cela revient à créer une césure, spatialement marquée, entre nature et culture.

Cela semble en adéquation avec ce que Descola nous dit du concept de nature, tel qu’il s’est forgé en Occident. Il serait en effet basé sur l’idée de détachement entre deux ensembles : les êtres humains d’un côté, définis par leur intériorité exclusive et singulière, et de l’autre, tous les autres êtres définis uniquement par leur physicalité.

Descola définit ainsi la discontinuité entre homme et nature comme étant à la base de l’ontologie naturaliste, schème occidental d’intégration

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