Soyez La Bienvenue

Soyez la bienvenue si… vous êtes toute seule.

Septe heures et demie du matin. Comme tous les jours, Fabienne se leva pour aller travailler au son d’un rock qu’elle ne connaissait pas et de toute façon, pour elle, l’important c’était le bruit. Une journée comme toutes les autres pensa-t-elle : le bouleau et son patron, le mendiant avec son chat, le rendez-vous des amis sans des amis, la propriétaire a qui intéressait seulement l’argent, la serveuse qui ne savait dire rien d’autre que « vous êtes toute seule ? » et la veuve. Ah la veuve… pensait Fabienne pendant qu’elle se coiffait ses longs cheveux bruns. Cette veuve qui lui indignait énormément. Cette femme grise et même un peu obscure a qui personne n’osait pas demander si elle était toute seule.

À midi elle est allée chez le rendez-vous des amis et comme toujours, avant d’arriver, elle a cherché sur le trottoir, avec son regard curieux mais subtil, le mendiant et son chat. Mais ce jour-là ils n’étaient pas dehors, mais dedans. Le mendiant comme Fabienne dans sa condition d’homme sans femme est assis au coin des célibataires ou en tout cas au coin des seuls, même s’il n’est pas vraiment seul. Dedans, au regard plus attentif, Fabienne se dit que les yeux des deux, le chat et son patron, se ressemblent dans la couleur mais que quelque chose n’est pas claire dans le regard du mendiant. Il a un regard opaque et sombre comme s’il cachait une volonté ou un désir obscur qu’il ne pouvait pas exprimer. Dedans aussi mais au coin confortable, Mme. La veuve, ses deux assiettes et le regard dans le vide.

Ce ne serait pas un jour comme les autres, mais ça Fabienne ne le savait pas encore. Sept heures et demie du matin du jour après, Fabienne se leva cette fois ci au son d’une chanson mélancolique. Fabienne se demandait si elle pourrait jamais sentir la nostalgie d’un temps, elle se demandait si elle pourrait jamais sentir la nostalgie d’une routine qu’elle ne supportait plus mais qui était la sienne.

Après une banale journée comme les autres, dans une fin de journée d’hiver, foncé et brouillarde, Fabienne rentrait. Avant de prendre le métro Fabienne devait nécessairement passer par un coin encore plus lugubre que le métro soi-même et c’est là que quelqu’un lui a pris. La seule chose qu’elle a reconnue dans le brouillard, pendant qu’on prenait son corps par la force e par la violence fut le regard opaque et maintenant ténébreux qu’elle avait remarqué le jour avant.

Du fond de la rue, elle ne savait pas exactement d’où, arrivait le son d’une chanson. La chanson qu’elle avait entendue à la radio le matin avant d’aller travailler et qu’à ce moment-là lui pouvait répondre à la question qu’elle s’était posée « est-ce que je sentirais jamais la nostalgie d’un temps ? ». La réponse fut immédiate. Dans la douleur et dans la souffrance elle a pu se rendre compte qu’elle se sentait bien seule, qu’elle aimait sa routine, qu’elle aimait n’aimer personne et qu’elle sentirait pour toujours la nostalgie de tous les jours avant ce jour-là.

Enveloppé dans ses pensées, endolorie, Fabienne ne poussa pas un cri.

A partir d’une situation abrupte elle a pu constater qu’elle adorait sa routine, qu’elle adorait regarder,

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