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PROPOSITION DE CORRIGÉ POUR LE COMMENTAIRE DE L’EXTRAIT DE GERMINAL

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Par   •  29 Avril 2020  •  Cours  •  1 968 Mots (8 Pages)  •  1 221 Vues

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PROPOSITION DE CORRIGÉ POUR LE COMMENTAIRE DE L’EXTRAIT DE GERMINAL

        Chef de file du Naturalisme, Zola entreprend à la manière de Balzac avec sa Comédie humaine un gigantesque cycle de vingt romans consacrés à une famille sous le Second Empire. Soucieux d’étudier les phénomènes d’hérédité et l’influence des milieux, Zola se documente sur les recherches scientifiques de son temps. Héritier du Réalisme, il se rend dans les lieux qui deviendront les décors de ses oeuvres. Il effectue plusieurs séjours dans les corons du Nord de la France pour consacrer un de ses romans au monde des mineurs. Germinal est publié en 1885 et connaît un succès considérable. Zola y raconte, travers la figure d’Etienne Lantier qui se fait engager au Voreux, le quotidien des mineurs mais aussi les grèves, les soulèvements et leur répression violente. Soubarine, anarchiste qui ne peut admettre de voir le travail reprendre, a saboté la mine. L’explosion provoque la destruction des bâtiments mais aussi l’effondrement de la mine toute entière. Comment Zola parvient-il dans cette description à tenir le programme du Naturalisme tout en faisant du Voreux une créature terrifiante et pathétique ? Il convient dans un premier temps de s’attacher à l’étude de l’hypotypose que Zola propose au lecteur pour rendre perceptible l’action qu’il relate. Puis de considérer les métamorphoses successives qui transfigurent la mine. Enfin, cette page ne manque pas de démontrer que Zola pense aussi le roman naturaliste comme une poétique.

        Le tableau peint par Zola se caractérise par sa composition rigoureuse et son pouvoir d’évocation.

        Parce qu’il concerne la destruction d’un lieu, le passage s’attache à représenter ce dernier de façon organisée, selon une logique réaliste qui va de pair avec l’esthétique naturaliste. Le lecteur trouve donc évoquées des « constructions » désignées par des termes qui renvoient explicitement à une mine : « criblage », « salle de recette », « bâtiment des chaudières », « la tourelle carrée », « la pompe d’épuisement », « la machine » et enfin « la haute cheminée ». L’oeil de l’imagination du lecteur semble suivre l’onde de choc provoquée par la « suprême convulsion » qui ouvre le texte et suivre les ravages que provoque sa propagation. Elle s’approche progressivement du coeur de la mine, du trou que la cheminée domine.

        Ce spectacle terrible mobilise tous les sens : le toucher avec la « convulsion du sol », puis l’ouïe dans la deuxième phrase. Le recours à une métaphore guerrière fondée sur les termes « détonations », « artillerie », « canonnant », qui ont tous trois pour sème commun la violence d’un son, contribue à sensibiliser aux termes qui ne cessent, dans la suite du texte, de faire appel aux sons de façon implicite : les bâtiments qui « se culbutaient », « s’écrasaient », le « tourbillon » de « débris », la chaudière qui « creva » c’est-à-dire sans doute explosa, la pompe qui « râlaient » au sens de rendre son dernier souffle, tout construit une symphonie discordante et terrifiante de bruits assourdissants. Le lecteur se trouve ainsi placé au centre de l’action, capable d’en percevoir la démesure. A deux reprises, Zola use du groupe verbal « on vit » : l’emploi du prénom indéfini tend à gommer l’identité du témoin oculaire mais en réalité permet surtout de fondre en un seul regard les personnages témoins que sont les « ingénieurs », le narrateur qui prend en charge le récit de la catastrophe et le lecteur ainsi informé et impressionné.

        Enfin, l’épisode constitue un tableau animé : ce que Zola décrit, c’est l’anéantissement du Voreux. La narration soutient donc la description, et le recours à l’imparfait et au passé simple, temps majeurs du récit rétrospectif, soutient le projet zolien. Le premier permet de restituer l’effondrement dans sa durée. Il peut conduire à penser la scène comme filmée au ralenti : « les dernières constructions se culbutaient, s’écrasaient », « [la cheminée] allait s’émietter ». Mais il participe aussi à peindre un arrière-plan dans lequel viennent figurer des actions de premier plan, rapportées au passé simple, comme autant d’accidents ou de précipités : « une sorte de tourbillon emporta », « la tourelle […] tomba », « elle s’enfonça d’un bloc ». Cet habile appariement des deux temps souligne à la fois que la destruction induit des vitesses diverses dans l’effondrement des lieux, et que le regard peine aussi à saisir simultanément tout ce qui s’offre à lui dans cette tragédie.

        Zola semble donc s’attacher à son souci de transcription du réel lorsqu’il rapporte l’effondrement du Voreux. Mais cet épisode met en jeu des registres que le lecteur peut s’étonner de rencontrer sous la plume d’un romancier naturaliste.

        Le passage est en effet marqué par plusieurs métaphores qui métamorphosent le réel, et tout particulièrement la mine.

        Le nom de cette dernière, le Voreux, créé par les mineurs, constitue dès l’ouverture du roman une première personnification : la mine dévore les mineurs puisqu’elle avale ceux qui descendent en son sein pour en extraire le charbon et les libère au terme de leur labeur quotidien. Cet anthropomorphisme gagne dans le texte à commenter la mine toute entière. Il est lancé par l’emploi du verbe « râlait » qui s’applique aux hommes lorsqu’ils poussent le soupir ultime, et se trouve ici appliqué à la « pompe d’épuisement », est prolongé par le terme « face », et explicité totalement par la comparaison qui clôt la phrase « comme un homme fauché par un boulet ». À son tour, la « machine » principale prend corps : Zola évoque ses « membres écartelés », et les verbes d’action qui suivent relaient cette personnification puisqu’elle « marcha […] comme pour se lever ». Le romancier mêle par juxtaposition les caractéristiques techniques du lieu, la « bielle » et l’image anthropomorphique, « son genou » puisqu’elle bielle est un élément articulé comparable à une jambe. Dans la dernière partie de l’extrait, c’est l’agonie de la mine qui contribue à la personnifier : le champ lexical de la mort est prépondérant, représenté par les termes « lutter contre la mort », « expirait », accroupie, ne soufflait plus de son haleine ». Comme un malade tente de s’ébrouer à l’heure dernière, de retrouver son souffle, le Voreux, sous le coup de la « suprême convulsion » rend son dernier souffle. Zola créé une image très forte : le trou qui permet de rejoindre le sous-sol devient la bouche d’une créature mourante.

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