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Manon Lescaut, L'abbé Prévost

Dissertation : Manon Lescaut, L'abbé Prévost. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  19 Janvier 2018  •  Dissertation  •  1 542 Mots (7 Pages)  •  8 638 Vues

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DISSERTATION

« Ce qu’il y a de fort dans Manon Lescaut, c’est le souffle sentimental, la naïveté de la passion qui rend les deux héros si vrais, si sympathiques, si honorables, quoiqu’ils soient fripons ? C’est un grand cri de cœur, ce livre : la composition en est fort habile, ; quel ton d’excellente compagnie ! »

Gustave FLAUBERT

  • Pourquoi cette critique donne selon vous une image fidèle ou juste du roman de Prévost ?

        Les personnages immoraux sont présents dans de nombreux ouvrages, notamment dans les récits romanesques comme Manon Lescaut, roman du XVIIIe siècle écrit par l’abbé Prévost. À sa publication, en 1731, ce roman avait été jugé scandaleux.

Dans le citation si dessus, Flaubert déclare qu’il a été sensible, captivé par les deux personnages principaux qui pourtant, comme il le rappelle, sont des fripons : « deux héros si vrais, si sympathiques, si honorables, quoiqu’ils soient fripons ?».

Nous pouvons donc nous demander si cette critique offre une image fidèle ou juste du roman de Prévost. Nous verrons dans un premier temps que, bien que les personnages de Des Grieux et Manon Lescaut soient immoraux, ils s’avèrent être attachants pour le lecteur. Puis, dans un second temps, nous nous pencherons sur la manière dont le roman est raconté.

        Les personnages du roman de Prévost présentent, pour les mœurs de l’époque, une certaine immoralité. Néanmoins la nature de leurs sentiments, la sincérité de leur amour les rendent attachants aux yeux du lecteur.

        En se laissant dominer par ses passions, Des Grieux s'est condamné à une vie de pauvreté, d'immoralité et de malheur. Des Grieux est issu d’une grande famille, « … mes parents, qui sont d’une des meilleures maisons de P… » et affirme son aversion pour le vice. Mais la force de ses sentiments pour Manon voile son jugement moral. Il rejette ainsi sa responsabilité sur autrui ou sur le Destin : « l’ascendant de ma destinée, qui m’entraînait à ma perte ». Des Grieux est victime de la fatalité de sa passion pour Manon. Il est asservi à sa passion. « Par quelle fatalité, disais-je, suis-je devenu si criminel ? L'amour est une passion innocente; comment s'est-il changé, pour moi, en une source de misères et de désordres ? »  Néanmoins, le déchirement qu’il ressent permet au lecteur d’apercevoir les dangers de sa passion dévorante. Des Grieux s’enfuit pour vivre avec Manon à plusieurs reprise dans le roman, après leur première rencontre ou lorsque Manon l’a retrouvé à Saint-Sulpice. À cause de sa passion Des Grieux choisit d'ignorer le respect filial qu'il doit à son père ainsi que l'amitié qu'il doit à Tiberge.

        Par la manière dont elle est dépeinte dans le roman, Manon n’est pas présentée comme un modèle de vertu. La lettre qu’elle a écrit à Des Grieux avant de se rendre chez M. de G… M… pour exécuter une machination mise au point par Lescaut,  résume l’infidélité émanant de ce personnage : « Je te jure, mon cher Chevalier, que tu es l'idole de mon cœur, et qu'il n’y a que toi au monde que je puisse aimer de la façon dont je t’aime ; mais ne vois-tu pas, ma pauvre chère âme, que, dans l'état où nous sommes réduits, c'est une sotte vertu que la fidélité ? […] Malheur à qui va tomber dans mes filets ! Je travaille pour rendre mon Chevalier riche et heureux. Mon frère t'apprendra des nouvelles de ta Manon, et qu'elle a pleuré de la nécessité de te quitter ».

        En revanche, dans cette lettre Manon exprime tout l’amour qu’elle porte à Des Grieux avec des expressions hyperboliques : « tu es l’idole de mon cœur » ; « il n'y a que toi au monde que je puisse aimer de la façon dont je t'aime ». Malgré ses infidélités, Manon reste un personnage attachant grâce à la sincérité de l’amour qu’elle porte pour Des Grieux. Comme le décrit Flaubert dans sa critique de l’œuvre : « Ce qu’il y a de fort dans Manon Lescaut, c’est la naïveté de la passion ». Manon, malgré certaines de ses actions, ouvre les yeux sur la grandeur de l'amour de Des Grieux. Les dernières tendresses qu’elle a pour lui témoignent de cet amour. Aucune de leurs actions ne sont pour leur propre confort mais adressées à l’être aimé.

Cette naïveté fait ressortir des personnages une idée de vraisemblance. Sainte-Beuve partage cette avis avec sa critique dépeignant cet aspect du roman : « Plus on lit Manon Lescaut, et plus il semble que tout cela soit vrai ».  Les deux personnages s’aiment tendrement. Dans la deuxième partie du roman, lorsque les deux personnages se retrouvent déportés en Amérique, au Nouvel-Orléans, leur passion semble retrouver une forme de pureté. Les deux personnages se retrouvent loin des tentations de la villes : les jeux d’argent pour Des Grieux, les luxes de la société pour Manon. Ils peuvent s’épanouir dans la naïveté et la sincérité de leur amour, « L’Amérique me parut un lieu de délices après cela. ‘‘C’est à la Nouvelle-Orléans qu’il faut venir, disais-je souvent à Manon, quand on veut goûter les vraies douceurs de l’amour : c’est ici qu’on s’aime sans intérêt, sans jalousie, sans inconstance… ». Les deux personnages souhaitent, d’ailleurs, se rallier du côté de la religion en se mariant au Nouvel-Orléans : « Je lui fis comprendre qu’il manquait une chose à notre bonheur : ‘‘C’est, lui dis-je, de le faire approuver du ciel ».

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