LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Les médias Et L'éthique Du Sport

Dissertations Gratuits : Les médias Et L'éthique Du Sport. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  3 Septembre 2013  •  3 405 Mots (14 Pages)  •  879 Vues

Page 1 sur 14

Chacun le sait: les médias sont, comme les langues d'Esope - et comme l'argent dont ils sont devenus

indissociables -, la pire et la meilleure des choses. Cela n'implique pas qu'il faille leur imputer toutes les vertus ou

tous les crimes, selon les circonstances et selon l'humeur. Cela signifie qu'ils sont, de façon structurelle,

ambivalents. Et qu'ils sont, par là même, les reflets de l'ambivalence de nos moeurs démocratiques tiraillées entre

les pressions contradictoires de l'individualisme et de la massification. Si nous le savons, nous pouvons en faire

bon usage. Si nous l'oublions, le pire est à prévoir.

Transparence et effet de loupe:

les ambivalences de la communication de masse

Les moyens modernes de communication audio-visuelle ne créent, en effet, rien de toutes pièces. S'ils ont une

action sur les comportements, les moeurs ou les mentalités, c'est dans la mesure où ils révèlent ceux-ci à euxmêmes. Ce sont des agents de transparence, avec tout ce que cette notion comporte d'ambigu et, le cas échéant,

de redoutable.

La transparence, nous le savons d'expérience, n'est pas synonyme de vérité. Elle peut dissiper l'ignorance. Mais

aussi, à trop dissoudre les opacités entretenues par le pouvoir, les codes de civilité et le langage, il peut arriver que

les médias stimulent les préjugés et les passions au détriment de la tolérance et de la prudence; et même - ce n'est

pas un paradoxe - au détriment du rêve. L'immédiateté et le réalisme de l'image, et l'illusion de vérité qui se trouve

ainsi créée, font parfois des médias, en l'occurrence bien mal nommés, des assassins de l'imaginaire.

Agents de transparence, dans l'acception que je viens de préciser, les médias exercent aussi un effet de loupe. Ce

sont, à ce titre, des accélérateurs des processus sociaux - au sens où l'on parle d'accélérateurs de particules, avec

les mêmes résultats ambivalents. Tantôt la focalisation des moyens d'information sur l'événement provoque des

phénomènes de fission: les médias sont, dans ce sens, une source d'énergie - pour le meilleur ou pour le pire, selon

les acteurs et les situations.

Tantôt la concentration sur le même écran d'informations dispersées engendre un effet de fusion, ou plutôt de

confusion. A force de placer tous les faits sur le même plan, les médias favorisent un confusionnisme intellectuel et 196 Coubertin et l’Olympisme. Questions pour l’avenir

moral qui inhibe le jugement et désarme l'esprit critique. Ce sont alors des facteurs, non d'énergie mais, tout au

contraire, d'inertie, qui laissent l'opinion sans défense, exposée à tous les amalgames, à toutes les idéologies.

Ce rappel de quelques notions-clés, rapide et, je l'espère, point trop abstrait, était nécessaire pour développer les

analyses que je voudrais maintenant proposer pour éclairer les rapports entre les médias et le sport. Il est peu de

domaines en effet où l'ambivalence des médias, sous ses deux modes d'action - transparence et effet de loupe -

apparaît de façon plus nette.

La compétition sportive, il est banal de le dire, est devenue un spectacle dans lequel l'argent tient une place et a

acquis une visibilité prépondérantes. Et pourtant, jamais le sport n'a été plus populaire, jamais l'athlète n'a réalisé

de performances plus admirables, acquises au prix d'un entraînement sacrificiel.

Tel est le premier constat sur lequel nous devons nous pencher: d'un côté, les médias diffusent la passion du sport

tout en faisant pleuvoir les records; de l'autre, par ce qu'ils révèlent des opacités du sport, ils rabaissent ou du

moins banalisent ce que ce dernier peut avoir de grand et de beau. Il faut, plus que jamais, réfléchir aux effets de

la transparence sur la perception du spectacle sportif.

Le sport occupe, en second lieu, une place centrale dans les enjeux idéologiques de ce temps. Il est devenu, sur les

ruines de la scène politique, le lieu où les aspirations et les ressentiments des peuples s'investissent avec le plus de

force, voire le plus de violence. Comment expliquer ce processus? Si l'on espère le maîtriser, le second mode d'action

des médias - l'accélération des processus sociaux - doit être également repensé et remis en cause...

Le défi est de taille. Car jamais, à mon sens, le sport n'a été davantage menacé par une logique aveugle de devenir

un assassin du rêve et un amplificateur de nos malaises sociaux, à l'opposé de l'idéal olympique et du projet de

Coubertin. Je voudrais reprendre à présent ces deux termes, en déroulant le fil qui conduit de l'un à l'autre.

Transparence:

le soupçon et la violence

Un écrivain que l'on ne cite plus guère pourrait ici nous servir de guide: Henry de Montherlant. En 1972, peu avant

de se donner la mort, l'auteur des „Olympiques“ est revenu sur ce qui avait été la passion de sa jeunesse dans un

très beau livre, „Mais aimons-nous ceux que nous aimons“?

...

Télécharger au format  txt (21.6 Kb)   pdf (193 Kb)   docx (19.4 Kb)  
Voir 13 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com