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L'usage de la raison fournit-il la seule garantie possible de notre bonheur ?

Dissertation : L'usage de la raison fournit-il la seule garantie possible de notre bonheur ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  24 Avril 2013  •  Dissertation  •  526 Mots (3 Pages)  •  1 047 Vues

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Aimer quelqu'un, c'est avoir l'impression que seul cet être est aimable : la passion est toujours exclusive, elle nous présente à chaque fois comme suprême désirable ce pour quoi elle se passionne. Comme le disait déjà Platon, l'homme amoureux est atteint d'une étrange ophtalmie, d'une maladie des yeux qui l'empêche de voir le détail de ce vers quoi ses élans l'emportent. Or ce qui est vrai de la passion amoureuse vaut en fait de tout appétit : chaque désir nous présente l'objet qu'il désire comme le seul élément indispensable à notre bonheur ; plus cet objet est loin et hors de notre portée, plus ses qualités sont magnifiées, en sorte que les choses désirées nous apparaissent toujours comme « beaucoup meilleures et plus désirables qu'elles ne sont ». Il revient alors à la raison, selon Descartes, de déciller notre regard et, au sens propre, de nous ouvrir les yeux : en étudiant sans passion l'objet que le désir nous présente comme désirable, en l'examinant attentivement, sans hâte et sans emportement, nous serons à même de savoir quelle en est « la juste valeur », autrement dit de proportionner nos efforts à ce que l'objet effectivement en mérite. La passion nous emporte, la raison nous retient, nous garantissant alors contre le dédain de soi et les regrets de celui qui se sera laissé convaincre par ses appétits sans mûr examen ; alors, l'usage de la raison fournit-il la seule garantie possible de notre bonheur ?

Il ne s'agit pas d'affirmer qu'écouter la raison nous permettra à coup sûr d'éprouver le contentement, mais qu'au moins, cela nous évitera d'être déçus par nous-mêmes, par notre cécité et pour tout dire notre sottise. Mais après tout, est-il si certain que le désir soit une telle puissance d'aveuglement ? Selon Épicure en effet, tout désir est en lui-même bon, parce que le plaisir dont il est la promesse est quant à lui le souverain bien. Seulement, il faut distinguer les désirs purs ou naturels qui ont la sensation pour critère, des désirs corrompus par l'imagination, c'est-à-dire par la crainte des dieux et la peur de la mort. C'est parce que j'ai peur de mourir et que je veux qu'il reste à ma mort quelque chose de moi, que l'imagination me présente la gloire comme désirable ; mais ce désir est vain, illimité (plus j'ai de gloire et plus j'en veux), et ne fera que me vouer aux affres de l'insatisfaction. Or ce désir n'est tel que parce qu'au fond il n'est pas véritablement un désir : tout naturellement, le désir s'oriente vers le plaisir, c'est-à-dire vers ce qui nous fait éprouver un contentement à même notre chair. La sensation est le seul critère du bien, elle seule permet de faire le tri entre les désirs naturels qu'il faut suivre et les désirs corrompus dont il faut se séparer. Ainsi donc, selon Épicure, ce n'est pas le désir qui nous emporte et la raison qui nous tempère : c'est l'imagination et ses craintes illusoires qui viennent fausser le cours naturel du désir, en sorte que c'est la sensation seule, et non la raison, qui doit constituer notre guide vers une vie bienheureuse.

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