L'urbanisme au Maroc
Dissertation : L'urbanisme au Maroc. Recherche parmi 297 000+ dissertationsPar dissertation • 28 Août 2012 • Dissertation • 2 062 Mots (9 Pages) • 1 621 Vues
Introduction
90 ans d’urbanisme
L’urbanisme moderne au Maroc est né, il y a plus de quatre-vingt-dix ans, avec la promulgation de la loi
fondatrice de 1914, largement et à beaucoup d’égards en avance, par rapport à la France, et cela grâce à
l’esprit clairvoyant du Maréchal Lyautey et au géni des architectes et urbanistes qui constituaient son staff
technique rapproché.
Les besoins liés à l’installation de l’administration du protectorat et les exigences économiques ont
imposé la nécessité de développer de nouveaux centres urbains soit autour des médinas existantes soit
dans des sites nouveaux choisis généralement pour leur intérêt militaire ou stratégique.
L’urbanisme devait donc traiter en priorité de l’urgence de la création des villes marocaines modernes
en leur assurant une certaine forme de pérennité par la garantie du droit de propriété, l’instauration de l’utilité
publique, ainsi que par l’introduction des documents graphiques.
Les premières lois de l’urbanisme prévisionnel avaient un caractère d’orientation et de cadrage. Elles
avaient comme objectif l’élaboration de simples plans d’alignement et d’extension urbaine. Par contre, les
suivantes, notamment celles de 1952, de 1992 et le projet de loi actuel (loi 04/04) en discussion au Parlement,
ont privilégié une approche de plus en plus réglementaire de l’urbanisme qui a entravé, jusqu’à
présent et dans une large mesure, la réactivité de la ville par rapport au développement économique et aux
évolutions politiques et sociales.
Grâce à l’importance qui a toujours été accordée par la puissance publique au contrôle et à la maîtrise de
l’urbanisation1, manifestée notamment par l’édiction d’un important corpus de lois et par un patrimoine
considérable de villes, le Maroc dispose aujourd’hui d’une armature urbaine équilibrée et structurée qui
constitue un des atouts majeurs de son développement2.
Cependant, cette armature est composée de villes qui ont atteint des tailles et un niveau de croissance
maximum et qui ont subi la marque du temps, le temps naturel et le temps des hommes. Sous la pression
de l’urbanisation et du fait de l’inadaptation des structures d’accueil qu’elles offrent et des moyens
d’action financiers et institutionnels dont elles disposent elles n’ont pas pu supporter le poids de leur développement.
Elles sont dans leur grande majorité couvertes par des documents d’urbanisme, mais dont la
mise en oeuvre souffre de beaucoup de dysfonctionnements.
Par ailleurs, la ville marocaine des trois dernières décennies a subi une vraie métastase urbaine3. Elle
s’est étendue pour plus de son tiers sous la forme d’un urbanisme autoproduit exclu « de jure » du secteur
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1. L’exclusion économique est à l’origine du développement de tous les secteurs informels.
2. Jean-Christophe BAILLY, La Ville à l’oeuvre, Les Éditions de l’Imprimeur, Collection Tranches de Villes, Paris, 2001, p. 87.
3. Cette tendance qui a déjà lourdement handicapé les villes marocaines va s’accélérer pendant les quinze prochaines années durant lesquelles
on estime les nouveaux urbains à près de cinq millions. En effet, si le dernier recensement (2004) a enregistré une croissance démographique
modérée pendant la période intercensitaire, il confirme la tendance à l’urbanisation du pays qui dépasse les 55 % et qui va probablement
croître pour se stabiliser à des taux structurels estimés entre à 65 % et 70 %. Dans certains pays développés ces taux sont largement
dépassés, on assiste alors à une tendance inverse de retour à la campagne, ce que certains chercheurs ont appelé la « rurbanisation », pour retrouver
les équilibres structurels villes campagnes. Voir Jean-Louis ANDREANI, « Les nouvelles Frontières entre Villes et Campagnes », in
Lemonde, no 18679, dimanche 13-lundi 14 février 2005, p. 17.
4. Voir Saskia SASSEN, The Global City, Princeton University Press, Nov.1992 & Sept.2001 et les commentaires de Loïc WACQUANT in
« Le Monde Diplomatique », Nov. 1997, p. 31 et de Benoît CHAUSSE, Conférence de grandes lignes de partage du monde contemporain, in
http ://perso.wanadoo.fr/r.dagorn/FichesEtudiants11.html
formel mais s’imposant « de facto » aussi bien par l’alternative qu’il propose aux politiques publiques
d’habitat et d’urbanisme que par son dynamisme économique et social.
De plus, si par le passé la fabrication du cadre de vie était inscrite dans la durée, il n’en est pas de même
aujourd’hui. En effet, sous la pression du temps, des urgences et de la société de consommation, il est plutôt
fabriqué dans l’éphémère, dans le périssable produisant ainsi des formes et des objets urbains qui ne
s’inscrivent pas dans le cadre d’un développement durable et qui risquent de constituer l’insalubrité de
demain et les causes d’exclusion économique et sociale1.
Il est à craindre, si ce problème n’était pas pris au sérieux, que le Maroc connaisse les mêmes dérives que
l’urbanisme
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