L'espace Public D'Habermas Et La Sphère Publique De Fraser

I) Jürgen Habermas et l’espace public

En 1962, Habermas publie sa thèse : l’Espace Public, archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise où il va s’interroger sur le fondement même de la démocratie.

a) Caractéristiques de l’espace public Habermassien

Il retient de la démocratie Kantienne que l’individu laissé à lui-même est incapable de se libérer de ses pulsions. Habermas place au centre de sa réflexion l’échange, possible que s’il y a un rejet des intérêts privés et un usage de la raison pratique. L’espace public serait donc le lieu physique ou abstrait dans lequel se produisent des échanges démocratiques. Il est fondé sur l’usage de la raison pratique mais aussi sur la publicité (diffusion des points de vus). La raison pratique est le dialogue permettant d’accéder à des connaissances, c’est ce qui permet l’échange entre individus dans un espace public. Habermas pose que la démocratie est un terreau initial de dialogues intersubjectifs dans une société. Un véritable espace public permet la démocratie et non les institutions. Nous retrouvons donc les 3 strates de la démocratie : les institutions, la société et l’espace public (lieu d’expressions comme les coffee houses, les clubs et les salons mondains). Cependant, selon Habermas, les médias de masse (journaux, cinéma populaire, TV) ont tendance à dévoiler l’égo des individus, le commerce publicitaire envahirait nos vies privées et cela engendrerait une frivolité narcissique. Il se lève contre les médias de masse qui oblige un individualisme narcissique.

b) Limites

La pensée d’Habermas a largement été critiquée : il valorise trop un espace public bourgeois supposé être le modèle de la démocratie, alors qu’il reposait sur l’exclusion de nombreux groupes sociaux (les femmes, les jeunes, les milieux populaires). Il néglige que la construction sociale se fait sur le domaine privé et public, sans frontière absolue. D’autre part, chez Habermas il n’y aurait jamais de conflit et la démocratie se ferait que sur la base de dialogues, ce qui est utopique. Il faut donc placer la communication au cœur de la démocratie. L’espace public serait donc l’endroit où toutes les opinions sont émissent dans les sphères privés qui gagne le niveau public et qui servent de dialogue permanant.

c) Théorie de l’agir communicationnel

Après les critiques faites aux approches d’Habermas, il réfute sa thèse de la supériorité de l’espace public bourgeois au profit de la théorie des actes communicationnels. Habermas construit sa thèse, par une discussion de la théorie sociale de Weber : les quatre idéaux-type de Weber, classés par ordre croissant de rationalité ; qui caractérisent l’action dans la communication. Premièrement, il y a l’habitude (on ne sait pas pourquoi on se conforme à une routine, mais on s’en donne les moyens), l’affect (en plus des moyens, on attribue une fin à l’action), les valeurs (l’action est guidée par du sens, mais sans tenir compte des conséquences des actes) et finalement l’action rationnelle en finalité (on s’attache aux conséquences, en sus des moyens, fins et valeurs). Selon Habermas, il faut étudier les réseaux d’interactions et modifie le schéma de weber en les divisant en trois. « L’agir instrumental » : vise purement la technique, efficace mais vide de sens (je travaille pour gagner de l’argent), « l’agir stratégique » : interactions basés sur des actes perlocutoires avec une finalité orientée par un intérêt mais en relation avec les décision d’un partenaire relationnel sans forcément partager un sens (syndicats qui agissent ensemble pour avoir un intérêt), et finalement, « l’agir communicationnel » : il s’agit de l’action objective, cognitive qui s’impose de dire le vrai. L’action qui vise la justesse morale de l’action, ici il s’agit d’une recherche d’une définition commune de situations. Nous habitons à tout moment ces trois mondes.

L’espace public n’est plus le traitement du pouvoir institutionnel mais il est l’ensemble de la société civile et des médias de masse. Où chacun peut contribuer.

II) Repenser la sphère publique, Nancy Fraser

Habermas

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