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Fiche De Lecture: Jean Maisondieu, Les femmes, les hommes, l'alcool Une histoire d'amour, Paris, Payot, 2004.

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FICHE DE LECTURE

Jean Maisondieu, Les femmes, les hommes, l'alcool Une histoire d'amour, Paris, Payot, 2004.

Nombre de pages: 347

Date de lecture: août 2012

Lieu où se trouve l'ouvrage: bibliothèque de Figeac (livre acheté personnellement)

I. L'auteur:

Jean Maisondieu, né le 23 juillet 1939, a d'abord effectué des études de médecine à Bordeaux, où il a été interne des hôpitaux. Il s'est ensuite orienté vers la psychiatrie, qu'il a en premier lieu exercé dans la Marine Nationale jusqu'en 1977. Puis il a exercé successivement en tant que médecin chef dans un secteur adulte, dans un service d'alcoologie, en tant que chef de secteur de psychiatrie adulte, et a assuré par intérim la chefferie de l'intersecteur infanto-juvénile au Centre Hospitalier de Poissy de St Germain en Laye. Le thème de ses recherches portent notamment sur l'alcoologie et les addictions, l'exclusion et la précarité, la géronto-psychiatrie, les thérapies familiales.

Il est l'auteur de différents livres notamment: "Le crépuscule de la raison"(1989/2011), "L'idole et l'abject"(1995), "La fabrique des exclus"(1997), "Les alcooléens"(1998), "Liberté, égalité...psychiatrie"(2000), et de nombreux articles. Il effectue actuellement une recherche sur la parentalité à la fondation Méquignon (Yvelines).

II. Résumé:

Cet ouvrage est une réflexion théorique issue de la pratique de l'auteur en service d'alcoologie. Le Docteur Maisondieu étaye sa thèse par son expérience clinique dans les chapitres 3, 4, 5 et 6, par l'analyse des histoires de vie et du suivi de quatre personnes, deux femmes et deux hommes, et de deux couples. Le livre est sensiblement polémique en 2004, son année de sortie.

En effet Jean Maisondieu émet certaines critiques à propos de la prise en charge de l'alcoolodépendance et de la recherche sur le sujet qu'il juge exhaustive, et qui "oublie" de s'interroger sur les raisons de l'alcoolisation "admise" dans la société avant de s'interroger sur l'alcoolodépendance.

Il déplore que certains collègues adoptent encore une attitude moralisatrice vis à vis des malades alcooliques , et fassent de la prise en charge un simple problème de dépendance au produit "alcool", en occultant bien souvent la question des raisons profondes qui ont amené la personne à boire.

III. Thème de l'ouvrage:

Jean Maisondieu parle de l'évolution de l'alcoolisme et notamment de l'alcoolisme féminin malgré une baisse de la consommation d'alcool en France. Il partage son étonnement et se questionne sur la fonction de l'alcool dans notre société qui d'un côté favorise l'ivresse, et de l'autre, combat l'alcoolisme. Il pose la question de savoir pourquoi on trouve normal, dans maintes occasions, de se renconter avec un verre à la main, verre qu'il associe à une arme.

Il développe la thèse que même si la réalité du rapport de pouvoir demeure, une nouvelle donne des rapports hommes femmes a modifié les comportements entre eux, et vis à vis de l'alcool. Les relations sont plus égalitaires et il existe une similarité nouvelle des rapports à l'alcool des deux sexes. Pour l'auteur: "l'attrait pour l'alcool est directement corrélé à la peur d'aimer l'autre de l'autre sexe", et peur d'être aimé.

Par une exploration de la complexité des rapports hommes/femmes, l'auteur souhaite mettre en exergue un point commun à une majorité de personnes alcoolodépendantes : le fait qu'elles sont en général très mal à l'aise dans leur rencontre avec l'Autre, et principalement avec l'Autre du sexe opposé, ce qui prend généralement ses sources dans leur histoire de vie.

IV. Synthèse:

Pour l'auteur, la nouvelle donne des rapports hommes/ femmes a redéfinit les contours de l'alcoolisme. Il note que si la consommation d'alcool diminue en France, l'alcoolisme persiste à un niveau élevé et l'alcoolisme féminin est en augmentation. Pour lui, cette situation est corrélée à l'évolution du statut de la femme dans la société. Mais si elles ont désormais un libre accès à l'alcool, la stigmatisation dont elles sont victimes en cas d'alcoolodépendance est plus vive que pour les hommes. Il pense que la parité reste encore un artifice dans la réalité sociale et que le déni de la différence entre les deux sexes est pathogène, car "l'autre sexe implique une part d'inconnu à jamais inconnaissable". Il cite la définition de l'altérité de Vladimir Jankélévitch1: "L'autre est un autre-que-moi parce qu'il est relativement le même , parce qu'il est à la fois semblable et différent".

Il précise que si tous les acteurs concourant aux études, rapports, témoignages s'accordent à le désigner comme un fléau, des désaccords existent sur la façon d'appréhender le phénomène. Pour lui, l'idée que la dépendance et donc le produit "alcool" est à l'origine du problème, masque et évacue les raisons qui ont conduit la personne à boire excessivement, à rechercher l'ivresse.

Il s'interroge sur le pourquoi on ne se pose pas la question de savoir pourquoi tant d'hommes et de femmes trouvent normal de se rencontrer avec un verre à la main, et dénonce l'hypocrisie du discours de la société vis à vis de la consommation d'alcool, qui, d'un côté, désire voir disparaitre l'alcoolisme, tout en gardant la possibilité de s'enivrer . La personne alcoolique est stigmatisée, ce qui évite nombre de nos contemporains de se poser des questions sur

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