Enfances de classe

Fiche de lecture : Enfance de classe, de l'inégalité parmi les enfants, Bernard Lahire

Pages 835, 925 :

Anaïs : une petite fille qui aime diriger (Olivier Vanhée)

Anaïs a 4 ans et dix mois, elle vit dans un quartier très aisé de Bordeaux. Elle vit avec sa mère, Clémence, 40 ans, qui est avocate associée dans un cabinet anglo-saxon et avec Sophie, la compagne de sa mère depuis 3 ans, avocate d’affaires de 39 ans. Les deux femmes font plutôt parties des fractions économiques des classes supérieures. Les parents d’Anaïs sont séparés et son père Laurent est polytechnicien et cadre dans une entreprise multinationale ; il est en poste comme expatrié en Asie durant l’enquête.

La semaine d’Anaïs est partagée en deux, elle passe une première partie chez Clémence, seule et une deuxième partie chez Sophie avec Clémence. Elle voit son père deux à trois fois par an et fait des appels avec lui toutes les deux semaines.

Clémence est issue de l’immigration roumaine et a connu une ascension professionnelle importante ; ainsi elle a de l’intérêt pour la valeur des diplômes. Les parents de Sophie ont un important patrimoine immobilier. Les deux femmes sont détentrices d’un DEA et gagnent bien leur vie. Leurs différents parcours les poussent à développer chez Anaïs un gout de la persévérance et de l’effort.

Anaïs est régulièrement gardée par des nourrices avec un faible capital scolaire mais aussi par ses grands-parents maternels. Même si Anaïs grandit dans un milieu très aisé, elle n’a pas accès à beaucoup de pratiques culturelles du fait des emplois du temps chargés de Clémence et Sophie. Ses lectures ne sont pas légitimes et elles sont considérées comme du travail par la jeune fille, son usage de la télévision est réservé aux week-ends mais encore une fois ce n’est pas l’aspect éducatif qui est priorisé.

Le couple favorise les activités onéreuses pendant les vacances ou les week-ends comme des visites au musée, dans des parcs d’attraction ou dans des châteaux. Clémence initie sa fille à la musique quand son travail le lui permet. Ce manque de temps du couple se retrouve aussi dans les habitudes alimentaires de la petite fille, les deux femmes font preuve d’un certain souci diététique mais il leur arrive de prioriser des plats plus rapides à manger pour Anaïs

Anaïs a pratiqué de la gymnastique et elle fait de la danse classique, Clémence n’encourage pas la compétition dans le sport mais valorise plutôt le développement d’une certaine aisance en public.

Dans les jeux comme en classe, Anaïs aime être au centre de l’attention, elle aime côtoyer du monde et participer dans les réceptions mondaines du couple, elle fait aussi preuve d’une certaine autorité qu’elle a pu observer dans les rapports au travail du couple. La petite fille est sensible à la féminité, cette obsession de l’apparence ne traduit cependant pas une confiance en elle, au contraire.

Les règles et l’éducation varient entre Clémence et Sophie mais elles reposent sur un tronc commun établi par les deux avocates. Le couple souhaite préserver Anaïs dans la sphère infantile; bien que le travail soit mis en avant, la valeur de l’argent n’est pas vraiment évoquée, de plus l’esprit critique de l’enfant n’est pas développé. Les deux femmes font aussi attention à ce qu’Anaïs parle correctement et sa mère l’initie à l’anglais quotidiennement. Elles sont attentives à la scolarité d’Anaïs. Cette dernière se montre paresseuse et déconcentrée en classe même si elle est considérée par ses enseignants comme intelligente.

Ainsi Anaïs grandit dans un milieu aisé propre aux classes supérieures mais elle n’est pas vraiment confrontée à une culture légitime car Sophie et Clémence possède un capital plus économique que culturel. Cependant, les ressources de sa famille lui assurent aisance et réussite scolaire.

Valentine : grandir aujourd’hui dans la bourgeoisie parisienne (Joël Laillier)

Valentine a 5 ans et quatre mois, elle a un grand frère de 8 ans et elle réside avec ses parents

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