Ecriture Personnelle sur les pratiques collaboratives

Selon vous, notre société nous rend-elle solidaires ?

Dans son dilemme du porc-épic, Arthur Schopenhauer nous apprenait qu’il convient de trouver la “bonne distance” pour se réchauffer auprès des autres sans subir la blessure de leurs piquants. La notion de solidarité peut être étendue sous deux sens. D’abord, une sorte d’interdépendance, comme dans le domaine du bâtiment, une charpente est constituée d’éléments solidaires entre eux pour assurer la solidité de l’ensemble, puis, le devoir moral que constitue la solidarité, le devoir de soutenir ou d’assister autrui en cas de besoin; Cette notion morale représente plus qu’un lien et un rassemblement, elle implique un soin de l’autre, un contrat éthique. Nous nous demanderons dans quelle mesure notre société favorise ou estompe cette solidarité inhérente à toute société humaine.

Pour répondre à cette question, nous verrons dans un premier temps comment notre société semble nous rendre solidaire puis, dans un second temps, la façon qu’à cette société à nous pousser d’autant plus vers l’individualisme.

Il semble que notre société nous rend solidaires les uns des autres. Cette prétendue solidarité peut pourtant ressembler à une coquille vide n’ayant que l’apparence de la solidarité. Il y a certes quelques aspects solidaires mais qui résistent difficilement au temps et surtout à l’individualisme croissant et majeur de notre société.

Il est vrai que notre société semble nous rendre solidaires les uns des autres. Jamais auparavant autant de communautés de partage n’avaient à cet égard vu le jour comme wikipédia où les contributeurs, de façon bénévole, créent ensemble une véritable encyclopédie; les espaces de coworking où l’on se retrouve avec de parfaits inconnus au départ pour travailler ensemble et un élan pour créer à plusieurs et créer des liens ; le covoiturage qui permet de voyager ensemble, sans se connaître, pour contrer le prix des transports. Des exemples particuliers et les plus courants parmi des centaines d’autres. Alors oui, il semble bien y avoir une forme “spéciale” et inédite de socialité qui rapproche des individus entre eux avec une solidarité même minimale; prendre soin d’autrui en respectant les droits de chacun et les lois. Avec les pratiques collaboratives récentes, on prend soin d’autrui en s’associant pour créer quelque chose ensemble. La solidarité va donc encore plus loin puisqu’il s’agit d’être ensemble contre une entité plus grande, c’est bien ce que disent Emilie DAUDEY et Sandra HOIBIAN dans leur article “La société collaborative, mythe et réalité” mettant en évidence une cause fondamentale à ces associations contemporaines d’individus: offrir une réponse, une alternative au capitalisme qui pousse à la concurrence des individus entre eux et à la monétarisation de tous les aspects de la vie quotidienne qui, avant étaients à l’écart du profit. Le problème est donc là, face à une société capitaliste qui mène les relations et les individus de plus en plus vers l'égoïsme, un mouvement général se crée par crainte de finir seul si l’on est trop isolé. On s’associe alors de façon à se conformer à ce mouvement par peur de la solitude, du rejet. Mais la vraie solidarité consiste-t-elle réellement à s’associer et lutter pour un but commun pour échapper au pire ?

Au fond, ces associations factices d’individus seuls et isolés représentent une entité, une coquille vide. Le problème de ces associations collaboratives c’est que, certes les individus sont rassemblés mais ils n’en demeurent pas moins seuls car ils ne communiquent pas, n’ont aucun liens entre eux à part partager le même espace. C’est ce que montre l’image de Rémi MALINGREY qui illustre le covoiturage. On y voit 18 individus dans une même voiture,ce qui est matériellement impossible mais tout cela pour montrer que ces espaces collaboratifs peuvent être synonymes de trop- plein,

...