LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Définition et histoire de l'insertion professionnelle en France

Fiche : Définition et histoire de l'insertion professionnelle en France. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  27 Février 2019  •  Fiche  •  2 431 Mots (10 Pages)  •  1 339 Vues

Page 1 sur 10

Qu’est-ce que l’insertion ?


Quelques exemples de définitions :

Gilles Vidon (1995, p.36) – La réhabilitation psychosociale en psychiatrie, Ed. Frison-Roche

« (…) adaptation réciproque qui pose le problème de l’intégration. Celle-ci sous-entend une notion de réciprocité de la part de la société d’accueil et de l’individu en processus d’insertion. C’est-à-dire que l’insertion ne saurait être superficielle mais doit s’enraciner dans des liens et des identités partagés par tous. C’est soulever le problème de l’appartenance à un moment où nos sociétés génèrent des phénomènes d’exclusion : exclusion professionnelle mais aussi exclusion sociale. »

 Yves Poirier (1991, p.6) – représentant de l’Etat et du Ministère de l’Emploi – Regards croisés sur l’insertion, Le magazine du réseau des Greta de Lorraine n°4, info continue octobre – novembre 1991

« L’insertion se définit par son contraire, c’est-à-dire par l’exclusion, par le fait d’être en-dehors de quelque chose. Il faut amener les personnes concernées vers un intérieur. L’action des politiques est double, elle est préventive et curative. Elle doit également agir localement au niveau du territoire, par une mise en synergie des partenaires susceptibles d’apporter une réponse. Elle doit enfin revêtir un caractère individuel.»

Petit Larousse

« Trouver sa place dans un ensemble. Se situer. Trouver sa place dans un milieu : s’intégrer, s’introduire. L’insertion est le fait, de manière d’insérer, de s’insérer dans un groupe. »

Points communs des différentes définitions, y compris celles du groupe :

  • Couvre l’ensemble des rapports que l’individu entretien avec son environnement
  • Est un processus
  • Fait appel à des compétences
  • S’exerce dans le respect de règles et de normes

La notion d’insertion est polysémique. Elle recouvre tout en même temps des notions (socialisation, intégration, lutte contre l’exclusion, inclusion….) et des compétences, l’exercice et le financement sont quant à eux précisément définis par les textes de lois.

Formulation possible, celle de Wikipédia

L’insertion sociale et professionnelle désigne le processus permettant l’intégration d’une personne au sein du système socio-économique par l’appropriation de normes et règles de ce système.

Origine de la notion


Le fait de “devoir s’insérer” en essayant de trouver du travail, à la sortie de l’école ou de l’université est tout sauf un donné naturel qui aurait toujours existé. Au contraire, c’est une exigence relativement récente, en France comme ailleurs. Le mot même d’insertion est utilisé dans ce sens depuis peu de temps. En France, les premiers textes législatifs utilisant ce terme datent du début des années 1970. Date à laquelle la « question de l’insertion des jeunes » devient un problème social et politique.

Insertion, inclusion, lutte contre l’exclusion : des termes récents tant dans le domaine politique que dans le champ du travail social.

Avant cette date, dans la période précédente (souvent appelée, non sans approximation, les Trente Glorieuses), le passage de l’école ou de l’université à l’emploi s’effectuait, pour la grande majorité des jeunes, sans problème particulier, de manière quasi instantanée. L’entrée à l’usine ou dans un bureau suivait de peu la sortie de l’école primaire pour la masse des garçons et des filles issue des classes populaires quand elles ou ils ne passaient pas par l’apprentissage chez un(e) patron(ne), combinant travail et formation. La réussite aux concours de recrutement de la Fonction publique assurait, elle aussi, une entrée immédiate dans l’emploi pour ceux qui avaient suivi des études plus longues, jusqu’au lycée et parfois à l’université. L’entrée dans une grande école débouchait instantanément (souvent avant même la sortie) sur un poste de cadre supérieur ou de haut fonctionnaire pour les “fils de famille” ayant eu une bonne réussite scolaire les conduisant dans les classes préparatoires. Les filles des mêmes milieux, quant à elles, passaient le plus souvent par l’université : certaines y trouvaient un mari et s’inséraient dans la vie matrimoniale, d’autres passaient les mêmes types de concours que les fils des couches moyennes et devenaient enseignantes, infirmières ou travailleuses sociales.

Dans tous les cas, l’entrée au travail n’était pas un problème et l’insertion n’était pas une catégorie pertinente, à la fois à cause de la croissance des emplois (les emplois de niveau supérieur augmentant plus vite que les diplômés de l’enseignement supérieur) et de l’étroite correspondance entre les filières et niveaux du système d’enseignement et les catégories et niveaux de qualification du système d’emploi (c’est ce qu’on appelait, en France, l’adéquation formation-emploi et qui constituait un puissant mécanisme de régulation publique en même temps que de reproduction sociale).

Cette situation de “passage” préprogrammé (si différente de la situation présente d’insertion aléatoire) du système d’enseignement à la vie de travail était elle-même le produit d’une transformation historique majeure qui s’était certes étalée dans le temps mais qui s’était fortement accélérée, sous l’effet de la législation, à la fin du XIXe siècle : la scolarisation obligatoire, pour tous, qui, en France, accompagna la consolidation de la République (lois de 1882), anticipa, par le principe de laïcité, la séparation des Églises et de l’État (1905) et, peut-être surtout, consacra la coupure entre l’activité et le savoir, le travail et la formation, la vie professionnelle et l’éducation devenue scolaire. 

⇉ Pour que l’insertion des jeunes devienne un problème social, il aura fallu 2 grandes ruptures historiques :

  1. Séparation de l’espace entre formation (instruction et éducation) et activité de travail (emploi et revenu), entrainant également une coupure entre vie privée et vie professionnelle. C’est la création du « jeune scolaire », un espace spécifique.
  2. Dissociation entre sortie des études et entrée dans le monde du travail. Le diplôme n’assure plus son rôle de « garant » d’un poste à sa hauteur. La compétence (qui implique expérience en entreprise + qualités professionnelles) est préférée par les employeurs à la qualification (sanctionné uniquement par un diplôme). L’espace ainsi créé est très concurrentiel et posera finalement problème.

DONC

Pour comprendre la question de l’insertion, il faut recourir :

  1. Au contexte  du déclin de l’apprentissage au 19ème siècle
  2. Au choix du « tout scolaire » qui marque l’histoire des politiques publiques
  3. A la conjoncture économique de crise de 1975 et 1980 qui conduit à une transformation majeure de la GPEC (flexibilité) et des politiques en matière d’économie, de formation professionnelle, de régulation du marché du travail
  4. Remise en cause (par les employeurs) de modalités antérieures de qualification au profit de recrutement à la compétence

Donc : 1970-1980 : naissance de la notion

Fin du plein emploi et montée progressive du chômage de masse avec apparition de formes spécifiques de chômage : chômage des jeunes + chômage de longue durée.

  • Chômage des jeunes : surtout les moins qualifiés
  • Chômage de longue durée : surtout chez les moins qualifiés

1974- René Lenoir – Les exclus. Un français sur dix. Paris, Le Seuil

« Dire qu’une personne est inadaptée, marginale ou asociale, c’est constater simplement que, dans la société industrielle et urbanisée de la fin du vingtième siècle, cette personne, en raison d’une infirmité physique ou mentale, de son comportement psychologique ou de son absence de formation, est incapable de pourvoir à ses besoins, ou exige des soins constants, ou représente un danger pour autrui, ou se trouve ségréguée soit de son propre fait soit de celui de la collectivité » (p. 130).

...

Télécharger au format  txt (16.9 Kb)   pdf (325.5 Kb)   docx (19.3 Kb)  
Voir 9 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com