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Dossier Famille EJE: Les structures familiales minoritaires

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Par   •  25 Novembre 2013  •  6 457 Mots (26 Pages)  •  1 722 Vues

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Dossier Famille :

Les structures familiales minoritaire

Sommaire

Sommaire 1

PARTIE I : La France face à l’une des « métamorphoses de la parenté » : l’homoparentalité.

« Métamorphoses de la parenté » est le titre de l’ouvrage de l’anthropologue français Maurice Godelier, paru en 2004. Ce titre, pour le moins accrocheur, décrit un phénomène grandissant dans nos civilisations occidentales : l’apparition de nouvelles formes de parenté. En effet, que l’on parle de familles recomposées, monoparentales ou encore homoparentales, les spécialistes s’accordent à dire que la famille dite « traditionnelle » n’est plus l’unique schéma parental possible. Nous avons donc choisi de nous pencher sur l’une de ces mutations familiales : l’homoparentalité.

Pour cela, nous nous sommes appuyés sur un extrait d’interview que Maurice Godelier a accordée au journaliste du Monde Magazine en décembre 20101. Dans cet entretien, il répondait à une question d’ordre social : « faut-il reconnaître les familles homoparentales ? ». Sous cette interrogation à priori anodine, bon nombre de points vont pouvoir être soulevés et, avec eux, la place de ces familles dans la société française va pouvoir être, elle aussi, abordée.

De ce fait, nous formulerons notre problématique ainsi : dans une société où l’homosexualité a mis tant de temps à être dépénalisée, quelle place est faite aux familles homoparentales, une réalité sociologique non institutionnalisée ?

Afin de développer cette problématique, nous allons, dans un premier temps, présenter l’évolution de l’homosexualité dans nos sociétés en parallèle à celle de l’homophobie, qui est l’un des freins à la reconnaissance de l’homoparentalité. Puis, dans un second temps, nous aborderons plus précisément les enjeux de ce nouveau modèle dans la société française. Enfin, nous nous intéresserons aux valeurs et aux modes de fonctionnements de ces familles loin des préjugés entendus parmi l’opinion publique et certains membres des gouvernements.

I. D’une dépénalisation de l’homosexualité à une pénalisation de l’homophobie.

La société évolue, c’est un fait indiscutable et avec elle, les mœurs, les lois et les normes restent en perpétuelle mouvance. Pour ce qui est de la vision de l’homosexualité dans nos sociétés, l’anthropologue Maurice Godelier nous apporte quelques précisions. En effet, c’est à partir du XXème siècle que cette vision de l’homosexualité va se transformer avec l’appui important de la science. Cette évolution va connaitre trois étapes importantes : la première a lieu dans le domaine de la médecine car l’homosexualité ne va plus être considérée comme une maladie dont il faut guérir. La seconde étape va avoir lieu dans le domaine de la psychiatrie où l’homosexualité ne va plus être examinée comme une perversion dont on doit absolument se libérer.

Dès lors, le droit, qui constitue la dernière étape, s’est emparé de ces transformations et Maurice Godelier nous affirme que dès les années 60, l’homosexualité n’est plus décrite comme une sexualité anormale mais une sexualité autre. Notons ici que ce propos est à nuancer car si de telles lois sont promulguées en Angleterre ou en Allemagne à la fin des années 60, ce n’est pas encore le cas en France. En effet, cette dernière grande étape qu’est la dépénalisation de l’homosexualité ne sera appliquée, sur le territoire français, qu’une vingtaine d’années plus tard.

Voici un bref rappel historique : en août 1942, le gouvernement de Vichy institue le délit de l’homosexualité (article 334 du code civil), loi reconduite et déplacée trois ans plus tard dans l’article 331 du code pénal par le gouvernement provisoire du général De Gaulle. En 1960, le député gaulliste et ancien résistant, Paul Mirguet, alourdit même cette loi avec un sous amendement autorisant à prendre toute mesure propre à lutter contre l’homosexualité, alors considérée comme un «  fléau social », au même titre que l’alcool et la drogue. Puis, viens l’année 68 et tous les changements apportés sur la libération des mœurs. Néanmoins, il faudra attendre le 4 août 1982 pour que la loi qui décriminalise l'homosexualité en France soit promulguée. Cette « sexualité autre » peut donc être vécue comme telle depuis seulement une trentaine d’années.

Nous avons donc vu que l’homosexualité et les homosexuels ont trouvé, au fil du temps, une place dans la société. Cependant, si les mentalités changent favorablement, il y a toujours une certaine homophobie présente qui se manifeste sous des formes différentes. L’homophobie est un terme apparu dans les années 70, comme nous l’indique le rapport 2010 sur l’homophobie diligenté par l’association SOS homophobie : « [ce terme] désigne les manifestations de mépris, rejet, et haine envers des personnes, des pratiques ou des représentations homosexuelles ou supposées l’être »2. Cependant, comme le souligne le sociologue Eric Fassin : « en France, l’homophobie n’est plus légitime »3. En d’autres termes, ce n’est plus le fait d’être homosexuel qui est pénalisé mais bien le fait d’être homophobe. Ce glissement historique se ressent surtout dans les débats sur le PACS ou encore sur l’adoption par des parents homosexuels. En effet, les opposants à de telles lois vont débuter leur discours par des propos pouvant se résumer ainsi : « je ne suis pas homophobe mais… ».

Enfin, ce changement de mentalités exprimé dans les propos de Maurice Godelier peut être, encore une fois, étayé par les récents sondages de l’opinion publique où 58 % des français se disent favorable au mariage entre homosexuels et 49 % à l’adoption d’enfants par des couples homosexuels4. L’homoparentalité, outre les débats et les oppositions qu’elle suscite, est un nouveau modèle de parenté qui tient une place grandissante dans les sociétés et qu’il faut, par conséquent, reconnaître.

II. Homoparentalité, nouveau modèle à reconnaître avant de nouveaux enjeux.

Pourquoi la question de la famille est-elle aussi présente aujourd’hui chez les couples homosexuels ? Dans son texte, Maurice Godelier, explique cela comme une évolution sociétale du statut de l’homosexualité contemporaine à une « valorisation de l’enfance », selon ses termes. Le désir d’enfant chez les couples homosexuels grandit

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