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De la toute-puissance à l’humilité. Se décentrer de soi pour mieux accueillir l’autre

Fiche de lecture : De la toute-puissance à l’humilité. Se décentrer de soi pour mieux accueillir l’autre. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  6 Octobre 2020  •  Fiche de lecture  •  2 295 Mots (10 Pages)  •  971 Vues

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                                    Titre de l’article :De la tout-puissance à l’humilité…

                                                                Se décentrer de soi pour mieux accueillir l’autre

                                    Nom de la revue : « Empan » aux éditions ERES

                                    Date et numéro de la revue : Avril 2007 , numéro 68

                                    Numéro de pages : de la page 135 à 143

                                    Auteur : Jefta Compaijen

1°) Présentation de l’auteur :

         Jefta Compaijen est éducateur Spécialisé à la Maison à caractère social Le Ramel , services adolescents. Cet article a été écrit à partir de son mémoire de fin d’étude datant de 2004.

2°) Résumé de l’article :

        Le thème de cet article est la toute-puissance, sujet décrit par l’auteur Jefta Compaijen comme abstrait et questionnant une thématique auquel tout éducateur se trouve confronté. Il s’agit de comprendre les mécanismes sous-jacents à la toute-puissante et développer une approche théorique en combinant psychologie, philosophie et pédagogie. La relation entre la toute puissance en tant que mécanisme de défense et en tant que bouclier est abordée. L’auteur questionne la place de l’affect et du regard externe dans la toute puissance , la décrivant même dans son paroxysme. Il fait le choix d’utiliser le terme « l’Autre » avec un grand A pour parler de l’usager dans le milieu éducatif et/ou pédagogique.

        Tout d’abord, dans son approche théorique, Jefta Compaijen s’appuie sur les trois registres de la théorie de Lacan (l’imaginaire, le réel et le symbolique). La toute-puissance se situe dans la dimension imaginaire de l’individu, elle est intrapsychique. Elle est, selon l’auteur, une « faille narcissique » : la personne toute-puissante croit que sa vision du réel est la bonne et qu’elle est valable pour tous ; l’ « Autre » n’est qu’un objet et non un sujet pensant comme illustré dans le récit biblique de Job, personnage qui se retrouve confronté à la toute-puissance de ses amis  lui rendant visite après une mésaventure. Après une écoute active, ses amis lui imposent leurs visions.

Dans un second temps, il pose la question de la quête de soi inachevée en faisant appel au narcissisme secondaire, et plus particulièrement la relation entre le « Je » et le « Moi ». Dans la toute-puissance, il y a une fusion entre le Je et le Moi ; la personne toute-puissante ne peut pas se décentrer d’elle-même pour accueillir l’Autre dans son altérité. Lorsque l’on fonctionne de manière toute-puissante, il n’y a plus de décalage entre sa personne (le « je ») et la personne qu’elle aimerait être (le « moi »). L’Autre n’existe plus en tant que sujet pensant mais devient un objet qui subit la pensée de la personne toute-puissante. Ainsi, dans la toute-puissante, la place de l’Autre est réduite. L’éducateur plaque son système de pensée rigide sur le sujet et l’empêche de se développer. Ce constat n’est pas compatible avec le rôle de l’éducateur qui est d’encourager , de soutenir et de faire en sorte que la personne accompagnée apprenne à penser par et pour elle-même.

Dans un troisième temps, l’auteur aborde la toute-puissance comme mécanisme de défense. Dans nos métiers d’aide, en essayant de travailler avec et pour l’Autre, nous éviterions inconsciemment de travailler sur nous -même. La question de la projection est également posée par l’auteur ; dans ce cas, la personne toute-puissante attribue à l’Autre des conflits émotionnels personnels. Elle pense savoir ce que l’autre doit faire avec la conviction que les réponses apportées correspondent exactement aux difficultés de l’Autre.

        Pour compléter sa réflexion, l’auteur fait référence à Guy Ausloos pour nous parler de « l’auto-solution », théorie selon laquelle la famille possède en elle-même la solution la plus efficace et la mieux adaptée à son problème. Jefta Compaijen poursuit avec la notion de toute-puissance comme bouclier. L’Autre peut être perçu comme une menace par la personne toute-puissante avec le risque de se faire destituer ou que l’Autre la renvoie à ses blessures profondes.  Pour se défendre de cette menace, un bouclier est nécessaire, il se composerait de trois couches qui se superposent: en surface, le statut professionnel, puis viennent ensuite le manque de confiance en soi, de stabilité et enfin les interrogations, les frustrations et les blessures.

La personne toute-puissante est dans le déni de ce mécanisme de défense, elle se trouve en échec dans la relation, se retrouve isolée, et peut même accuser l’Autre de ses propres maux.

D’après l’auteur, la toute-puissance peut être évitée si l’on accepte le regard externe. Le professionnel doit se confronter à la critique de son entourage (professionnel, amicale ou familial) mais aussi de l’Autre. Il s’agit d’accepter que l’Autre aussi puisse avoir raison. L’éducateur tout-puissant n’accepte pas ce regard qui vient questionner sa pratique car cela remet en cause son être dans sa totalité.

        Enfin, l’auteur illustre la toute-puissance dans son paroxysme en prenant l’exemple concret de Saddam Hussein qui a éliminé certains membre de sa famille afin de supprimer les dangers menaçants sa toute-puissance. Dans ces extrêmes, le tout-puissant n’a pas d’autre choix que d’éliminer le monde extérieur jusqu’à s’éliminer lui-même et ainsi asseoir sa toute-puissance.

Pour conclure , Jefta Compaijen nous dit que nous avons fait le choix d’un métier difficile désigné comme « à part ». Comme illustré déjà au temps de Platon, les personnes que l’on accompagne nous renvoie à une certaine impuissance. Il n’existe pas de réponse à toutes les difficultés sociétales sinon celles-ci auraient disparues ;  penser les choses ainsi permet d’appréhender les situations avec humilité.

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