Comparaison de deux mises en scène du Malade Imaginaire

Le Malade imaginaire est une comédie-ballet écrite par Molière en 1673. Depuis le décès du grand auteur, de nombreux metteurs en scène ont repris la pièce afin d’y mettre une touche de personnalité, et d’exprimer leur vision théâtrale de ce chef-d’œuvre. Nous allons donc étudier deux des nombreuses versions du Malade imaginaire, afin de les comparer. Après avoir visionné la scène 1 de l’acte I dans la mise en scène de Colette Roumanoff puis le même passage dans celle de Daniel Annotiau, nous pouvons commencer la comparaison.

Dans la version de Colette Roumanoff, Argan se situe dès le commencement au centre de la scène, assis dans un grand fauteuil. Il rêve, mais contrairement à l’autre version, son rêve est représenté sur scène. Colette Roumanoff a décidé de représenter, de jouer le rêve d’Argan sur scène. Cette première approche de la pièce permet une présentation approximative de tous les personnages, afin que nous puissions visualiser leur état d’esprit ainsi que les liens qui les lient entre eux, sans même connaître leur nom. Le décor est sombre et plutôt neutre. Bien que plutôt faibles, les lumières éclairent toute la scène. Nous pouvons tout de même remarquer qu’Argan est placé sous une douche de lumière. Sur la scène, on remarque autour du grand fauteuil, une table de chevet sur laquelle repose le livret de compte d’Argan, et un tabouret. Un peu plus loin, côté jardin, une chaise est posée à l’ombre de la lumière. Ces accessoires sont les seuls visibles sur scène. Argan n’est pas représenté dans une pièce réelle, avec une porte et des fenêtres. Ce manque d’ouverture donne une impression d’enfermement. Nous pouvons donc faire un rapprochement avec l’hypocondrie du personnage et penser qu’il en est prisonnier.

Les principales couleurs que nous retrouvons sont le noir et le bleu. Pourtant, celles-ci sont plus variées au niveau des costumes. Dans le rêve d’Argan, apparaissent en premier deux médecins habillés en noir. Ils sont imposants et plutôt inquiétants. Puis sa fille cadette entre en scène. Elle est vêtue d’une robe rose pâle, qui pourrait représenter l’innocence de l’enfance et la douceur, et traverse la scène en galopant. Ensuite, c’est Angélique et Cléante qui traversent la scène. Ils sont tous deux vêtus d’habits dans les tons jaunes. Cette couleur leur correspond parfaitement, car elle symbolise la joie de vivre, la gaieté mais aussi l’intelligence et la douceur. Les prochains personnages qui défilent sont Toinette et son amant (Polichinelle). Ils sont assortis en rouge. Cette couleur pourrait dans ce cas précis être signe de fort caractère, d’énergie et de détermination. Le dernier personnage présenté est Béline, l’épouse d’Argan. Nous pouvons la reconnaître à sa longue robe rose et violette qui traduise l’innocence, la tranquillité et le romantisme qu’elle simule.

Dans la mise en scène de Daniel Annotiau, Argan semble être dans sa chambre. Les lumières éclairent toute la scène. Il dort dans son lit, qui est placé sur le côté cour de la scène, collé contre un mur. On remarque dans le décor une porte, une fenêtre avec de grands rideaux rouges, deux chaises (dont une sur laquelle pleins d’oreillers sont empilés) et un grand fauteuil situé au centre de la scène. Côté jardin, on distingue une petite table carré recouverte par une grande nappe rouge sur laquelle se trouve un grand nombre de médicaments. La nappe rouge met en valeur ce qui est posé sur la table. Elle leur donne de l’importance, pour qu’ils paraissent précieux. Toinette apporte une seconde table, roulante avec comme la première une nappe rouge, pour les médicaments d’Argan. Ceux-ci sont servis sur un plateau, ce qui confirme leur valeur. A la fin du rêve d’Argan, Toinette se munit d’une seringue géante, ce qui caricature et ironise encore plus la scène.

Les couleurs principales que l’on retrouve tout au long de la scène sont le noir, le blanc et le rouge. Nous verrons que ces couleurs ne sont pas choisies au hasard, et qu’elles peuvent même avoir une signification. Le noir peut représenter la peur, l’angoisse, la maladie, la mort… Le blanc donne de la lumière, du contraste, de l’élégance. C’est aussi un symbole d’innocence et de naïveté. Le rouge est une couleur chaude qui vise la mise en valeur des objets ou des personnes. Elle leur donne de l’importance, du luxe. La couleur rouge représente autant l’amour que la colère, la vie que la mort…

Argan est vêtu d’un pyjama tout blanc avec un bonnet de nuit blanc également (c’est la tenue type du malade, à l’époque de Molière). Le personnage ne semble pas porter de maquillage, mais il a un air naïf et innocent dès le début de la pièce.

Toinette porte également la tenue type de la servante, avec une robe marron et blanche et une coiffe de servante, un tablier et de la dentelle. Au premier abord, les personnages paraissent plutôt naturels et peu superficiels.

Toujours dans la mise en scène de Daniel Annotiau, le rôle d’Argan est joué par le metteur en scène en personne. C’est un personnage très expressif avec un air souvent béat, niais, naïf ou nerveux.

Le rôle de Toinette est joué par Sylvie Belbèze. C’est un personnage plutôt âgé qui montre son état d’esprit autant par ses expressions du visage que par sa gestuelle ou son ton de voix. Elle est intelligente et semble habituée et indifférente au mauvais rêve ainsi qu’aux autres états d’âme d’Argan et semble même s’en moquer. Elle parle à son maître d’une manière franche et agacée, ce qui montre bien son ancienneté au sein de la famille et qu’elle se considère de la sorte. Argan et Toinette ont une relation de confiance et de complicité. Nous le remarquons au moment où Toinette fait comprendre quelque chose à Argan rien qu’en lui lançant un regard accompagné d’un petit geste.

La gestuelle des deux personnages est très vive, très parlante, communicative et démonstrative. Parfois elle

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