APP stage en libéral

APP cabinet libéral

Narration explicative de la situation

Pour mon analyse de pratique professionnelle, j’ai choisi une situation qui se déroule à J12 du stage que j’effectue avec les infirmières libérales de Barbaste. Je suis chez un patient que je nommerais Monsieur L ayant un cancer du poumon de stade 4 avec des métastases osseuses. Nous venons comme tous les jours, avec l’infirmière libérale qui m’encadre, pour effectuer une injection intramusculaire. Monsieur L est âgé de 60 ans, sa femme est présente lors de notre venue. Ce patient exprime par des grimaces et son regard sa douleur physique et psychique. L’infirmière connaissant bien son patient le remarque et lui demande comment il va et celui- ci lui répond : «  Je ne peux plus rester ici, je veux être soulagé et être hospitalisé pour soulager mes souffrances. » Le patient n’est pas au courant du stade auquel en est la maladie. Le patient et sa femme sont en pleurs, le patient ne peut pas être mobilisé pour l’injection que je dois lui faire car il est très algique. L’infirmière décide d’appeler le médecin généraliste du patient pour le faire hospitalisé au plus vite. Le médecin dit à l’infirmière libérale que les services concernés sont complets et qu’il n’y pas de place, et demande à l’IDEL d’augmenter les doses de morphiniques pour la journée, puis raccroche. L’infirmière libérale et moi nous retrouvons face au patient et à sa femme désemparés. Je ressens à ce moment-là une grande peine pour ces personnes et ne sait pas comment aborder la situation, je tente donc d’apporter un soutien psychologique pour la femme du patient en lui adressant un geste d’affection, ce qui l’a surprise. C’est l’infirmière libérale qui fait l’injection sous cutané au patient hurlant de douleur. Monsieur L et sa femme nous supplient de ne pas les laisser dans cette situation. L’infirmière et moi nous trouvons peinés de ne pas avoir de solutions pour eux, mise à part d’appeler le 15 en cas de fortes crises de douleurs. En partant, la femme du patient nous suit et nous avoue : «  Je n’en peux plus, il souffre, personne n’a l’air de s’en préoccuper, je ne dors plus et ne mange plus, je suis épuisée, tu nous connais bien fais quelque chose ». L’infirmière libérale tente de lui expliquer qu’il est important de rester forte pour soutenir son mari et qu’il est important de resserrer les liens familiaux dans ce genre de contexte, que malheureusement elle ne peut pas faire grand-chose de plus mais qu’elle rappellera le médecin pour l’alerter sur la situation. Je me sens prise d’une très grande émotion en voyant le patient et sa femme démunis comme cela et essaye de retenir mes larmes, je ne comprends pas pourquoi le médecin n’essaye pas de faire hospitaliser dans un autre service que le service recommandé, ce patient qui semble être dans une grande situation de détresse.

En partant de chez Monsieur L, l’infirmière libérale me dit de ne pas voiler mes émotions mais il s’agit d’essayer de garder une juste distance pour éviter de prendre les choses trop à cœur, même si elle avoue qu’elle aussi se sent mal pour eux. « Il s’agit de trouver les bons mots pour rassurer et accompagner le patient et l’entourage qui lui aussi est en détresse psychique dans ce cas présent. Il faut essayer de se mettre à bonne distance pour ne pas se laisser submerger par ses émotions, il faut surtout essayer d’en parler à des , si la situation nous pèse et que nous avons besoin de conseil pour ce type de prise en charge à domicile ».

Ecriture de l’étonnement

Quand nous sommes arrivés chez ce patient, je me suis sentie dépourvue de moyens pour pouvoir agir et pour réussir à appréhender ce genre de situation. J’ai pensé à sortir du domicile du patient (stratégie de fuite) mais je me suis demandée si cette envie de fuite n’allait pas atteindre le patient et sa femme. J’ai eu l’impression de ne pas être en mesure de trouver quelques mots de réconfort, je me suis retrouvée muette comme dépourvue de mot.

J’ai été étonné par ailleurs que le médecin ne prenne pas la peine de trouver une alternative pour que Monsieur L soit hospitalisé en institution. J’ai été étonné aussi de ressentir un sentiment d’abandon pour les patients vis-à-vis de l’appel téléphonique du patient.

Faire une accolade au patient ou aux proches d’un patient pour les rassurer est-ce une bonne posture professionnelle quand nous n’avons pas d’autres moyens en notre pouvoir pour les soulager ?

Hypothèses intuitives

Monsieur L et sa femme sont en situation de détresse dans un contexte loin des structures médicalisées, est-ce pour ça que j’ai ressenti un sentiment d’impuissance ?

En étant infirmier libéral, seul face aux patients, est-ce possible de combler les attentes d’aides des patients et de leur entourage ?

Accompagner les patients et leur famille est important, puis-je me permettre d’essayer de réconforter un patient et sa famille par des gestes d’empathies, malgré que mes émotions soient fortes? Dans ce cas, la distance soignant/soigné sera-t-elle suffisante?

Concepts

• Le concept de posture professionnelle

La posture professionnelle est considérée comme un ensemble de gestes, attitudes verbales et non verbales qu’un professionnel se doit de respecter en situation de soins.

La posture professionnelle dans le domaine de la santé englobe l’écoute, l’observation, la bientraitance, l’accompagnement, l’éthique, la déontologie, l’alliance thérapeutique et bien plus.

La posture professionnelle d’un soignant est définit comme une approche relationnelle mise en œuvre par celui-ci et qui lui permet d’identifier les modalités organisationnelles et comportementales favorisant l’instauration d’un climat de confiance.

On y retrouve donc l’écoute. En effet, le soignant est disponible pour être à l’écoute du soigné mais aussi doit être attentif aux transmissions et informations transmis par son équipe.

La posture de l’alliance thérapeutique qui est important pour avoir la confiance du soigné notamment lors de soin comme la toilette. Cela nous emmène a la posture de la bientraitance qui est une posture professionnelle active et dynamique, individuelle et collective du soin, qui prend racine dans un système de valeurs humanistes. Les valeurs de soins sont la tolérance, le respect et l’autonomie. Et dans l’attitude professionnelle, l’écoute et la compassion.

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